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Le scandale du sang contaminé

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L'affaire du sang contaminé a éclaté après que de nombreux hémophiles et transfusés ont été infectés par le virus du sida dans les années 1980 et 1990. - [© Thorsten.H. - Fotolia.com]
Au début de l'épidémie de sida, il y a eu dans plusieurs pays un décalage entre le moment où l'on a su comment se transmettait le virus et le moment où les autorités ont pris des mesures. Pendant ce laps de temps, de nombreux hémophiles et de nombreux transfusés ont été infectés, ce qui a provoqué un énorme scandale, celui du sang contaminé.

Le scandale du sang contaminé a éclaboussé plusieurs pays, dont la Suisse. Au début des années 1980, lorsque le virus du sida a commencé à devenir une épidémie à l'échelle mondiale, de très nombreuses personnes transfusées et de nombreux hémophiles ont été infectées par le virus du VIH/sida.

Elles ont été victimes de décisions prises trop tardivement, soit de la part des laboratoires préparant les produits coagulants pour les hémophiles, soit de la part des gouvernements, qui ont continué à utiliser du sang récolté sans dépistage et sans transformation.

En Suisse

Dans les années 1980 en Suisse, c'est la Croix-Rouge qui à la fois récolte les dons de sang et chapeaute le Laboratoire central de la Croix-Rouge suisse, qui approvisionne en produits sanguins 80% des hémophiles du pays (voir le reportage de Temps Présent ci-contre).

L'affaire éclate après que de nombreux hémophiles sont contaminés par le virus du sida. La Croix-Rouge est accusée d'avoir livré des produits sanguins non testés et non chauffés alors que depuis 1983, Behring, une société allemande, offre des produits plus sûrs.

Un procès se tient à Genève en 1998. De nombreuses victimes ne peuvent y assister. Elles ont succombé à la maladie avant de pouvoir venir témoigner.

L'ancien patron du Laboratoire de la Croix-Rouge est finalement reconnu coupable de mise en danger de la vie et de la santé d'autrui par dol éventuel. Il écope d'une peine de prison d'un an avec un sursis de deux ans (le détail dans un article de la Tribune de Genève).

En France

En France, lorsque débute l'épidémie de sida, la traçabilité des lots de produits sanguins destinés aux transfusions sanguines et aux hémophiles n'est pas une pratique courante, relate Wikipédia. En janvier 1984, on apprend qu'il y a un lien entre les transfusions sanguines et le sida. On sait alors qu'il y a un danger potentiel lors des transfusions, le sang pouvant être contaminé.

A la fin de l'année, quand des recherches montrent qu'il est possible d'inactiver le virus en chauffant des extraits du plasma, la France refuse d'importer du sang de l'étranger et des produits non chauffés sont distribués aux hémophiles porteurs du LAV, la première appellation du HIV. Or l'échange de produits sanguins entre hémophiles est une pratique courante, et des personnes atteintes du virus partagent leurs traitements avec des personnes non contaminées qui contractent le virus de cette manière.

En 1986, un rapport établit qu'un hémophile sur deux a été contaminé par le virus du VIH/sida, soit près de 2000 personnes. Le scandale du sang contaminé sera d'autant plus révoltant que les négligences qui y ont conduit sont dues à des raisons financières et à une lutte entre laboratoires mettant au point des tests de dépistage.

Une première plainte est déposée en 1987. Deux procès ont lieu, l'un contre des médecins du Centre national de transfusion s
Le sida
anguine, l'autre contre des ministres. Le premier se conclut par des peines de prison et des amendes. Le second, qui concerne les plus hautes sphères politiques, voit l'actuel ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, Premier ministre lors de l'affaire, être accusé aux côtés de Georgina Dufoix, ex-ministre des Affaires sociales, et d'Edmond Hervé, ancien secrétaire d'Etat à la santé.

Edmond Hervé est condamné en 1999 pour retard dans la généralisation du dépistage, absence de sélection des donneurs de sang et pour l'interdiction tardive des produits sanguins non chauffés. Il est cependant dispensé de peine. Quant à Laurent Fabius et Georgina Dufoix, ils sont relaxés.

En Chine

Dans les années 1990, les autorités de la province du Henan sont impliquées dans un immense scandale de sang contaminé. Elles sont accusées d'avoir contribué à la transmission du virus à très grande échelle par transfusion sanguine, détaille Wikipédia.

Les dons de sang sont alors rémunérés. Les paysans, pauvres, viennent en nombre donner leur sang dans des conditions sanitaires qui laissent à désirer. Aucun suivi des dossiers n'est assuré. Les mêmes seringues sont utilisées par plusieurs donneurs. Le sang collecté est mis en commun. Et des lots entiers de sang sont infectés par le virus du VIH/sida.

Des villages entiers sont décimés. On les appelles les "villages sida". L'épidémie fait de nombreux orphelins. Des centaines de milliers de personnes, voire un million, selon les estimations, sont contaminées. Mais aucun chiffre précis n'est disponible.

Aujourd'hui encore, le sida reste un tabou en Chine et les personnes contaminées sont stigmatisées. Les victimes du scandale du sang contaminé sont mal soignées (écouter leur témoignage ci-contre) et tentent de faire entendre leur voix à Pékin, en vain.

Nathalie Hof

Sources: Temps Présent, TDG, Wikipédia.

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