Bonjour Samuel,
Quelques remarques avant d’essayer de répondre à vos questions:
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d’abord, les singes (il y en a plus de 200 espèces actuelles et bien plus fossiles) ne sont pas des crustacés!
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ensuite, comme l’a fait remarquer Desmond Morris, nous ne descendons pas des singes actuels puisque nous sommes des singes, même si nous parlons avec un langage à double articulation, des signes et des sens, ce dont les autres singes semblent incapables.
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ce sont les ennemis de Charles Darwin qui ont lancé le slogan "l’Homme descend du singe" pour le ridiculiser. Darwin avait juste repris une constatation de Buffon, reprise et détaillée par Lamarck dix ans avant la naissance de Darwin, à savoir que nos anatomies et celles des grands singes africains sont tellement proches qu’elles devaient être issues, par modifications, de celles d’un ancêtre commun. Nous descendons donc d’une lignée de singes africains anciens, disparus, qui a produit les gorilles, les chimpanzés, les bonobos, un certain nombre de singes fossiles comme Toumaï, Orrorin et les australopithèques, des humains fossiles disparus et nous.
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nous sommes des primates, des mammifères, des vertébrés, des animaux pluricellulaires et des êtres vivants. Les recherches de zoologie et de génétique ont démontré que tous ces groupes descendaient, à chaque niveau d’un ancêtre commun. Nous partageons donc des ancêtres communs non seulement avec tous les singes, mais avec tous les mammifères – même les kangourous!, – avec tous les vertébrés – même les poissons!, – avec tous les êtres vivants – même les platanes et les bactéries. Cette généalogie commune des espèces vivantes, proposée par Jean Lamarck et reprise par Charles Darwin un demi siècle plus tard, peut se représenter par un arbre généalogique très compliqué, que la génétique moléculaire permet de reconstituer et de vérifier. Cet arbre remonte à un dernier ancêtre identifiable commun à tous les êtres vivants que les chercheurs ont surnommé LUCA (pour "Last Universal Common Ancestor" en anglais).
Essayons maintenant de répondre à vos questions.
Dans l’arbre généalogique des êtres vivants, on ne sait ni quand, ni comment la sexualité est apparue, sachant qu’elle a consisté à réunir deux êtres pour réaliser une fécondation qui a produit le premier œuf. Il s’agissait peut-être de deux cellules ni mâle, ni femelle, qui ont fusionné et mélangé leurs noyaux. Auquel cas, mâle et femelle sont apparus en même temps et étaient semblables, comme ils le sont encore chez certaines algues vertes unicellulaires. A moins que, comme l’a supposé une spécialiste étasunienne des bactéries, une grosse cellule en ait avalé une petite et, au lieu de digérer son noyau, l’ait mélangé avec le sien pour faire le premier œuf. Auquel cas la première femelle, cannibale, aurait précédé de peu le premier mâle qu’elle aurait dévoré ! Ce qui est bien différent du machisme originel enseigné par certaines religions.
Comme vous pouvez le constater, Samuel, si l’origine généalogique commune des espèces vivantes est une théorie confirmée par toutes les recherches sérieuses de biologie, votre question de savoir qui fût le premier du mâle ou de la femelle ne fait l’objet que d’hypothèses invérifiables, concernant un événement microscopique survenu dans l’eau il y a plus de deux milliards d’années. La science consiste aussi à être conscient de ce que l’on ne sait pas. Ce qui est sûr, c’est que, quand les premiers singes sont devenus humains, tout en restant des singes, il y avait déjà des mâles ET des femelles depuis très, très, très longtemps…