Au niveau cérébral, l’art n’apparaît qu’avec une évolution génétique qui amène au développement des capacités mentales. Les zones cérébrales sont génétiquement pré-définies, pré-câblées au cours de l’évolution. Sur ces zones, l’environnement joue un rôle en affinant les connexions entre les neurones.
En interaction avec le monde extérieur
Selon les stimulations externes, le cerveau se modèle, s’ajuste, interagit avec le monde extérieur. Les zones prédéfinies se spécialisent. Ainsi nous apprenons le langage, l’écriture, la musique, les couleurs. Ce processus définit la mise en place d’une empreinte culturelle, où enveloppe génétique et espace de variabilité se marient. Le cerveau apprend et mobilise également des zones profondes liées aux émotions, au plaisir, à la peur.
Une histoire de synthèse
Peu à peu, au cours de l’évolution, l’être humain est devenu conscient de lui-même et de son environnement. La conscience représente un espace de travail global, cohérent, un environnement artificiel où nous analysons le monde extérieur. Où nous l’intériorisons pour le transformer en concepts. Dans l’œuvre d’art, nous faisons une synthèse entre des éléments extérieurs, intérieurs, émotionnels, sensoriels.
Une question de perception
En termes de perception, l’œuvre d’art se pose d’abord comme une surprise, un choc par rapport à ce qui l’entoure. Une expérience le démontre bien. Si l’on réalise un tableau avec des carrés de multiples couleurs juxtaposées et que l’on éclaire une seule de ces couleurs, par exemple du vert, notre œil percevra en réalité du blanc. Mais si l’on montre les autres couleurs qui se trouvent alentour, alors nous percevrons le vert. Tout dépend de l’environnement.
RTS Découverte, avec la collaboration de Jean-Pierre Changeux, professeur au Collège de France