Oui c’est surtout pour se nourrir. S’ils ne nageaient pas à contre-courant (dans l’Arve ou le Rhône), ils finiraient tous à Verbois en peu de temps. Il faut en effet environ deux heures au courant pour parcourir les 12 km de méandres du Rhône entre la Jonction et le lac de Verbois. Certains oiseaux d’eau vont nager à contre-courant pour simplement rester sur place et ne pas trop s’éloigner de sites adéquats, que ce soit pour le repos ou l’alimentation. Les oiseaux qui chassent à vue des restes flottants (pain, poissons morts, algues) ont intérêt à avancer lentement, voire à faire du sur-place, pour voir défiler de la nourriture potentielle. Les prédateurs comme les Harles bièvres surprennent les poissons (qui sont plutôt statiques) en se faufilant entre les pierres, et ils iraient probablement trop vite s’ils nageaient dans le sens d’un courant assez rapide. Un oiseau qui nagerait avec le courant aurait ainsi beaucoup de peine à faire demi-tour pour attraper un poisson qui ferait une petite accélération à contre-courant. Un autre élément est le fait que les oiseaux qui chassent sous l’eau s’aident du courant contraire pour rester immergés. En effet, leur plumage étant plein d’air, ces oiseaux ont tendance à remonter comme des bouchons à la surface. Ils doivent donc fournir beaucoup d’efforts pour acquérir la vitesse qui leur permet de rester au fond et de se diriger. La vitesse du courant est donc une aide importante pour les oiseaux plongeurs, qui peuvent ainsi rester plaqués au fond de l’eau presque sans efforts.