Chère Élise,
À ma connaissance, il n’existe aucune preuve scientifique ni même aucun indice d’un tel comportement chez les oiseaux.
Il reste toutefois vrai qu’on trouve rarement des cadavres d’oiseaux morts de mort naturelle, quand bien même nous sommes à priori entourés de nombreux oiseaux. On peut donc légitimement se demander où les oiseaux meurent.
Si l’on ne retrouve pas les oiseaux morts de vieillesse, c’est tout d’abord parce que la probabilité est énorme qu’ils soient victimes d’un prédateur dès que leurs facultés déclinent (et la plupart du temps bien avant tout déclin). Une autre raison est qu’un cadavre dans une forêt ou dans un buisson est non seulement pratiquement impossible à trouver, mais aussi parce qu’il est vite emporté par les charognards et les nécrophages.
En milieu urbain où le sol est nu, il arrive qu’on trouve à l’occasion des cadavres de pigeons ou de moineaux dont la cause de la mort ne peut pas être déterminée. Sans oublier la part des morts invisibles pouvant se trouver sur les toits, ce genre de trouvaille au sol reste rare en ville (où les cadavres sont de surcroît vite évacués), mais il n’est pas exclu que certains de ces oiseaux soient morts de vieillesse.
Le mythe des oiseaux qui se cacheraient pour mourir provient du poème célèbre de François Coppée "La mort des oiseaux" (reproduit ci-dessous), utilisé comme traduction du titre du roman de Colleen McCullough "The thorn birds", immortalisé par la série télévisée éponyme.
La mort des oiseaux
Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois,
À la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois,
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes
Dans le gazon d’avril où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?
François Coppée (1842-1908)