En effet, avec l’aide des simulations numériques, on a pu voir qu’ajouter une grande masse d’eau fraîche dans les océans, en particulier dans les régions polaires, change la circulation des masses d’eau et donc la distribution de la chaleur.
Dans les régions polaires, des masses d’eau avec des densités différentes se rencontrent et sont soumises à des mouvements de convection: les masses très salées, provenant de régions tropicales où l’évaporation est plus intense, perdent progressivement leur chaleur et plongent en profondeur. On appelle circulation thermohaline ce mouvement dépendant de la température et de la salinité de l’eau (une eau plus chaude et moins salée est moins dense), qui a un rôle très important dans la distribution de la chaleur à l’échelle globale.
Si la densité des masses d’eau en surface décroît par effet de la fonte de la calotte polaire arctique, le mouvement de convection s’affaiblit et la circulation thermohaline décroît d’intensité ou s’arrête complètement, selon la quantité d’eau fraîche injectée.
Grâce aux simulations numériques, on a pu estimer l’effet dominant d’un arrêt complet de la circulation thermohaline: la température décroît localement au sud du Groenland [1, 2]. Néanmoins, cette diminution est locale et n’affecte pas l’augmentation globale de la température due au réchauffement climatique actuel.
Il faut aussi considérer que l’augmentation globale actuelle de la température a comme effet direct la diminution de la densité des masses d’eau qui arrivent dans les régions polaires et donc du mouvement de convection.
[1] Liu et al. Science Advances 3, e1601666 (2017)
[2] Caesar et al. Nature 556, 191-196 (2018)