Les orientations et les politiques américaines en matière d’environnement sont impactées par une polarisation très forte de la société américaine. Dans ce contexte, le Parti Républicain, à droite de l’échiquier politique, est soutenu par une coalition hétérogène dont font partie de grandes entreprises – notamment des secteurs énergétique, minier, agricole et de la construction – qui partagent une vision commune visant à diminuer les prélèvements de l'État et réduire au maximum les règlementations ou restrictions destinées à préserver l’environnement. Par ailleurs, ces entreprises ont en commun leur attrait pour des modèles de croissance et de développement intimement liés à des modes d’exploitation et de production polluants, avec très peu de considération pour l’environnement naturel.
Ces grands groupes soutiennent publiquement des élus qui veulent modifier la législation relative à l’environnement et aux émissions de gaz à effet de serre, ou qui optent pour maintenir le statu quo en la matière. Des lobbies ou groupes d’intérêt sont ainsi constitués, avec des individus qui visent à promouvoir et défendre des intérêts particuliers en influençant les textes de loi et les directives venant des institutions publiques. La proximité de vue entre une majorité des Républicains et les industries ou les secteurs polluants est aussi souvent confortée par la délocalisation des opérations d’exploitation et/ou de production loin du territoire américain.
Par ailleurs, tout changement de stratégie et d’engagement pour l’environnement des États-Unis a un effet important sur les politiques et stratégies environnementales à travers le monde, notamment en ce qui concerne les accords sur le climat. Ainsi, le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris décidé par le président Trump a eu pour première conséquence l’arrêt de la participation des États-Unis au budget du secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Ceci était de nature à compromettre le soutien aux pays du Sud pour qu’ils souscrivent aux accords de Paris et puissent compenser les pertes économiques que les nouvelles politiques climatiques entraîneraient.
Mais dans ce contexte de polarisation politique, de l’autre côté de l’échiquier le Parti Démocrate et les lobbies qui le soutiennent essaient eux aussi d’influencer les politiques environnementales sur le territoire américain et à travers le monde. C’est à ce titre que, suite au retrait annoncé de l’Accord de Paris sur le climat, le milliardaire Michael Bloomberg – un des grands donateurs du Parti Démocrate – a annoncé qu’il contribuerait avec 15 millions de dollars pour compenser la perte de la contribution des États-Unis, et assurer ainsi le financement de la CCNUCC. C'est dans cette optique, et après des négociations ardues, que le Sénat américain a adopté le plan du président Biden de 370 milliards de dollars en faveur du climat et des stratégies de réduction d’émissions de CO2. C’est un changement de cap radical comparé aux orientations de Donal Trump et de ses partisans républicains.
Indépendamment des alternances politiques et de leur impact sur le rôle joué par les États-Unis dans la transition écologique au niveau mondial, le tableau est également contrasté au niveau national. En effet, certains grands États américains, de par leur population et la taille de leur économie, ont aussi une influence sur les marchés et les modes de consommation, grâce à des modèles de production et d’exploitation des ressources plus vertueux. C’est notamment le cas de la Californie, dont les normes d’émissions imposées aux constructeurs automobiles sont plus restrictives que celles de l’État fédéral, et qui a récemment annoncé sa volonté de bannir les voitures neuves à essence d’ici 2035. Cet exemple montre que, malgré des liens étroits avec les industries et secteurs polluants, les Républicains dans leur majorité ne peuvent se soustraire à une tendance forte allant vers la décarbonisation, portée par les forces du marché et la mutation des modes de consommation.