Il y a plusieurs raisons et il est difficile d'être exhaustif. Une de ces raisons a été le besoin de nouveaux terrains agricoles. Les grandes plaines marécageuses de Suisse, notamment les deltas fluviaux comme l'embouchure du Rhône dans le Chablais, la Plaine de l'Orbe, la Plaine de Magadino, le delta de la Reuss, mais aussi les plaines alluviales le long des cours d'eau dans les basses vallées alpines, ont été drainées pour pouvoir être cultivées. De cette façon, on a conquis de nouvelles surfaces cultivables de qualité, car le sol des terrains marécageux est très fertile, à brève échéance. Malheureusement, ce sol a tendance à se compacter assez rapidement et le tassement risque de créer des dépressions où l'eau peut à nouveau stagner : deux facteurs qui ne facilitent pas le travail agricole.
Une autre raison a été l'utilisation de la tourbe. Par le passé, en Suisse et dans de nombreux autres pays, on a utilisé la tourbe comme combustible, au lieu du bois. En Suisse, cela s'est fait surtout à des époques où les forêts avaient été fortement exploitées et le bois de feu faisait défaut, ainsi que durant la Deuxième Guerre mondiale. Pour extraire la tourbe, il fallait d'abord assécher la tourbière, afin de rendre possible le travail. De nos jours, la tourbe est relativement peu utilisée comme combustible, mais elle est commercialisée comme amendement horticole. L'extraction de la tourbe n'est désormais plus pratiquée en Suisse, mais pour certains pays ce matériau reste une ressource énergétique ou économique importante. Cependant, la tourbe est un matériau qui se régénère très lentement et une tourbière dont le fonctionnement naturel a été perturbé peine à récupérer, même après avoir été remise en eau.
Autrefois, on a également drainé certaines zones humides pour éviter le risque de maladies, notamment la malaria ou paludisme. Les marais étaient généralement considérés comme malsains et dangereux, même à nos latitudes, où cette maladie tropicale pouvait difficilement se répandre. Les zones humides étant l'espace vital des larves des moustiques, vecteurs de la malaria, leur assèchement permettait d'éliminer ces insectes ou d'en contenir la prolifération.