Si les premiers humains sont nos ancêtres, c’est parce qu’ils savaient comment faire des bébés, sinon nous, qui sommes leurs descendants directs, ne serions pas là. Et puis, bien avant, leurs propres ancêtres, qui n’étaient pas encore des humains, mais déjà des grands singes ou, encore bien avant, d’autres animaux, savaient aussi faire des bébés...
Comme tous les animaux qui font des bébés en s’accouplant, un père et une mère s’accouplent et font des bébés sans avoir jamais appris.
Sinon, leur espèce disparaîtrait...
Les humains, comme les autres animaux, n’ont donc jamais appris à s’accoupler pour faire des bébés, mais ils ont toujours su le faire, avec la même compétence innée qu’ils ont pour respirer ou uriner, sans avoir jamais appris non plus.
Comme les animaux, les humains s’accouplent parce qu’ils éprouvent du plaisir à le faire. Ce plaisir est une récompense qu’ils recherchent. Les animaux s’accouplent parce qu’ils ont envie de ce plaisir, sans savoir que cela conduit, plus tard, à des naissances et à des bébés. Chez les animaux, la grossesse ou la ponte des oeufs viennent si longtemps après qu’ils ne savent pas que l’accouplement est la cause des grossesses ou des pontes, plusieurs jours, plusieurs semaines ou plusieurs mois plus tard.
Une bonne question est donc de se demander quand et comment les premiers humains, ou leurs ancêtres, ont compris que s’accoupler pouvait produire des bébés dans le ventre des mamans et comment d’autres, ensuite, ont découvert les mécanismes de la fécondation. La fécondation réunit un spermatozoïde et un ovule, qui, après pénétration du spermatozoïde, devient œuf, puis embryon, puis fœtus, puis bébé.
Dans toutes les sociétés humaines actuelles, on sait que les jeunes filles ne peuvent pas avoir de bébés tant qu’elles n’ont pas de rapports sexuels en s’accouplant avec des garçons ou des hommes. Mais, dans certaines sociétés, on croyait encore, il y a peu, qu’il fallait qu’une jeune fille ait des rapports amoureux avec plusieurs hommes différents avant de réussir à être enceinte et à avoir un enfant. En 1868, Charles Darwin croyait qu’il fallait un seul père, mais plusieurs spermatozoïdes pour féconder un ovule. C’est Hertwig qui, quelques années plus tard, a montré, grâce au progrès des microscopes, qu’un seul spermatozoïde pénétrait un seul ovule à la fécondation et donnait un œuf, puis un bébé (ou parfois deux ou plus, si l’œuf se divise et produit des jumeaux).
Les humains se sont vite posé une autre bonne question, contrairement aux animaux, qui n’ont pas compris que faire l’amour produisait des bébés. C’était de trouver comment profiter du plaisir que procure l’accouplement sans faire trop de bébés que l’on aurait du mal à élever. Quand les humains font tous les bébés possibles, comme au Québec au XIXe siècle, ils font de «belles familles» comptant jusqu’à vingt ou vingt cinq enfants par femme. Or, dans toutes les autres populations, on faisait rarement plus de six à dix enfants par femme, dont la moitié ou plus mourrait très jeune. Toutes ces sociétés anciennes de chasseurs ou d’agriculteurs avaient donc non seulement compris comment on fait les bébés, mais aussi comment ne pas en faire trop, sans se priver pour autant du plaisir de faire semblant d’en faire.
Et puis une autre bonne question est de se demander comment il se fait que les humains d’aujourd’hui doivent apprendre à faire des bébés et recevoir une «éducation sexuelle» alors que tous les animaux et certains humains font des bébés sans jamais en avoir. Certains disent que les animaux font tout instinctivement, alors que les humains doivent apprendre pour avoir des comportements raisonnés. Mais il y a une explication plus simple: chez la plupart des animaux et dans certaines sociétés humaines, personne ne se cache pour s’accoupler. Les enfants n’ont qu’à faire comme les parents. C’est seulement dans les sociétés humaines actuelles que l’on se cache le plus souvent pour faire l’amour et que l’on prive ainsi les jeunes d’un exemple facile à suivre, dont il faut compenser la perte par l’éducation...