L'histoire de l’expédition de Magellan a souvent été narrée comme un récit d'aventures héroïques et de découvertes, une rencontre de l’Europe avec d'autres mondes.
Et si, 500 ans après ce périple autour du globe, nous passions de l’autre côté du miroir pour tenter de voir ce que les mondes frôlés par les membres de l’expédition de Magellan ont, eux, observé. Retourner la longue-vue et comprendre par exemple qu'Enrique, esclave malais de Magellan parfois encore considéré comme un traître en Occident, est un héros en Asie.
Laurent Huguenin-Elie s’entretient avec Romain Bertrand, directeur de recherche au CERI, spécialiste de l'histoire connectée, de l’Indonésie moderne et contemporaine et qui a consacré de nombreux travaux à la question des dominations coloniales européennes en Asie du sud-est. Il est l'auteur de "L’exploration du monde - Une autre histoire des Grandes Découvertes" (Editions du Seuil).
Illustration: Henrique de Malacca, ou Enrique (né vers 1495), est l'esclave et l'interprète de Magellan, qui l'achète en 1511 à Malacca (actuelle Malaisie). Ils embarquent en 1519 à bord de la Trinidad pour ce qui sera le premier tour du monde. Après la mort de Magellan durant ce périple, le nouveau commandant, Duarte Barbosa, refuse de lui accorder la liberté promise par son prédécesseur.