Bartòk et Kodály, itinéraire d’une amitié

Bartok et Kodaly en 1912, chez ce dernier à Budapest. [DP]
Bartok et Kodaly en 1912, chez ce dernier à Budapest. - [DP]
L’amitié qui unit les deux plus grands noms de la musique hongroise au 20e siècle, Béla Bartòk et Zoltán Kodály fut particulièrement exemplaire. Elle naquit dans le projet de récolter les trésors de la musique populaire hongroise qui devinrent le ferment d’un langage national savant.

Malgré des styles différents, les deux amis n’ont cessé au travers de leurs écrits de se défendre mutuellement. Seule "ombre" à cette amitié fut le départ en exil de Bartòk aux USA et sa mort prématurée qui provoqua un profond sentiment de solitude chez Kodály.

Rarement une amitié entre deux compositeurs fut aussi belle et féconde. Lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois dans le Salon tenu par Emma Gruber, qui deviendra plus tard Madame Kodály, les deux compositeurs sont plutôt en opposition, de par leur parcours individuel antérieur. Mais ils vont vite se découvrir de nombreux points communs. Ensemble, ils parcourront la campagne hongroise pour recueillir les trésors de la musique populaire. Ils en feront le terreau de leur langage musical et organiseront des concerts pour présenter leurs premières œuvres.

Très vite, le pianiste Bartòk évoluera dans un horizon de plus en plus cosmopolite; Kodály, quant  à lui, s’emploiera à concevoir un système d’éducation musicale qui va révolutionner la Hongrie. Leurs œuvres se ressentiront de ces divergences: le style de Bartòk plongeant dans une complexité qui débouchera sur les grands chefs d’œuvre que sont la Sonate pour 2 pianos et percussion, la Musique pour cordes, percussion et célesta ou les derniers quatuors à cordes. Kodály, le pédagogue, s’efforce de développer un style plus accessible au public (les Danses de Galánta, Háry János).

Pourtant, à aucun moment on ne sentira une quelconque concurrence entre les deux amis. La plus grande déception pour Kodály fut certainement le départ en exil de Bartók aux Etats-Unis et la solitude respective qui s’en suivit, accentuée par la mort prématurée du second en 1945.

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