Un soldat sud-coréen monte la garde à l'intérieur de la zone démilitarisée (DMZ) séparant les deux Corées, en Corée du Sud, en août 2019. [Pool Photo via AP / Keystone - Kim Hong-Ji]
Publié

La péninsule coréenne face aux traumatismes de l'Histoire

Ces derniers mois, la Corée du Nord a multiplié les essais balistiques. Ces tirs viennent rappeler, dans un contexte international de tensions, que la péninsule coréenne a été coupée en deux il y a plus de 75 ans, sans traité de paix.

1er épisode

La péninsule coréenne face aux traumatismes de l'Histoire

Avec ses millions de victimes et de réfugiés, avec ses très nombreuses familles séparées, la guerre de Corée (juin 1950 - juillet 1953) a profondément marqué les esprits. Un traumatisme qui vient s’ajouter à ceux de la perte de la souveraineté nationale, sous les coups des impérialismes, puis de la colonisation japonaise.

Alain Delissen est historien, directeur d'études à l'EHESS et membre du Centre de recherches sur la Corée (CRC). Il s’entretient avec Laurent Huguenin-Elie.

Photo: deux jeunes réfugiés coréens devant un char Patton de l'armée US. On estime que le conflit a fait plus de 800'000 morts parmi les militaires coréens, nordistes et sudistes confondus, ainsi que 57'000 au sein des forces de l'ONU. Le nombre de victimes civiles est estimé à 2 millions et le nombre de réfugiés à 3 millions. La péninsule a été dévastée par les combats et les bombardements; Séoul fut ainsi détruite à plus de 70%.

Toutes les émissions d'Histoire vivante sur le portail audio RTS.ch

2e épisode

La péninsule coréenne face aux traumatismes de l'Histoire

Victime de l’appétit des empires au XIXe siècle, dominé par le Japon au début du XXe siècle, la Corée a connu souffrances et blessures avant même sa partition. Quatre jours après Hiroshima, les troupes soviétiques pénètrent dans la péninsule et contribuent à la libération de la Corée.

Les Etats-Unis bousculés fixent alors en toute hâte une ligne de démarcation opérationnelle au niveau du 38ème parallèle. Le 25 juin 1950, la guerre de Corée éclate. Aujourd’hui sur le plan juridique, la guerre de Corée n’est techniquement toujours pas terminée, les deux Corées n’ayant signé aucun traité de paix.

Laurent Huguenin-Elie s’entretient avec Alain Delissen, historien, directeur d'études à l'EHESS et membre du Centre de recherches sur la Corée (CRC).

Photo: un soldat de l'armée US (à gauche) accompagné de soldats de l'armée russe. Au dos de cette photo on peut lire: "38e parallèle, nord de Séoul, novembre 1945. Soldats russes gardant la frontière."-Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la 25e armée soviétique était basée à Pyongyang (nord). Comme les forces américaines au sud, les troupes soviétiques sont restées en Corée pour reconstruire le pays.

3e épisode

La péninsule coréenne face aux traumatismes de l'Histoire

On l’imagine figée et pourtant la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud est tout sauf classique car elle est toujours en construction. Aujourd’hui encore, cinq officiers suisses sont stationnés à Panmunjeom, sur cette ligne de démarcation et veillent au respect de l’armistice.

Laurent Huguenin-Elie s’entretient avec Valérie Gelézeau, géographe spécialiste de la Corée, directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et membre du Centre de recherche sur la Corée, au sein du laboratoire Chine, Corée, Japon.

Photo: soldats nord-coréens surveillant la frontière alors que le ministre sud-coréen de l'Unification, Lee In-young visite la zone de sécurité commune (JSA) sur la zone démilitarisée (DMZ), le 16 septembre 2020. Cette zone minée (on estime le nombre de mines à 1 million) est surveillée par 700'000 soldats nord-coréens et 410'000 soldats sud-coréens aidés par la 2e division d’infanterie des États-Unis, avec qui la Corée du Sud a signé un pacte de sécurité. Il s'agit d'un des rares vestiges de la Guerre froide, équivalent à l’ancien rideau de fer.

4e épisode

La péninsule coréenne face aux traumatismes de l'Histoire

Au lendemain de la guerre, la Corée du Nord et la Corée du Sud ont tenté de se reconstruire et les deux capitales, Pyongyang et Séoul, se sont développées selon une architecture et une conception distinctes et à un rythme différent.

Nous nous penchons sur les villes coréennes en compagnie de Valérie Gelézeau, géographe spécialiste de la Corée, directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et membre du Centre de recherche sur la Corée, au sein du laboratoire Chine, Corée, Japon. Elle est au micro de Laurent Huguenin-Elie.

Photo du centre de Pyongyang (Corée du Nord), le 12 avril 2011. La capitale, dont le nom signifie littéralement "la localité calme", est la plus grande ville de Corée du Nord. La population officielle du centre-ville était estimée à 2,5 millions d'habitants en 2013, tandis que son agglomération rassemblait alors environ 3,3 millions d'habitants.

5e épisode

La péninsule coréenne face aux traumatismes de l'Histoire

Les relations entre la Corée du Sud et le Japon sont affectées par l’histoire douloureuse liée à la domination coloniale japonaise sur la péninsule coréenne de la première moitié du XXe siècle. On se souvient par exemple de la crise de 2001, consécutive à l’homologation d’un manuel d'histoire japonais révisionniste.

Malgré de récentes tentatives de rapprochement face notamment aux provocations de la Corée du Nord avec ses essais balistiques mais aussi aux ambitions de la Chine, les tensions entre Séoul et Tokyo font régulièrement surface. La question de la mémoire est centrale.

Laurent Huguenin-Elie s’entretient avec Samuel Guex, qui enseigne notamment l'histoire de la Corée à l'Université de Genève après des études en Chine, au Japon, et en Corée du Sud. Il est directeur du Master-Asie à la Faculté des lettres, Unité de japonais Ses recherches portent principalement sur les relations entre ces trois pays aux XIXe et XXe siècles.

>> A lire également sur ce sujet: "Kim Yo-jong, une «dame de fer» en Corée du Nord" (Pascal Fleury - La Liberté du 16.12.2022)

Photo: des manifestants conservateurs sud-coréens brûlent le portrait du Premier ministre japonais Junichiro Koizumi lors d'une manifestation marquant le 87e anniversaire du mouvement d'indépendance du 1er mars contre la domination coloniale japonaise en 1919, près de l'ambassade du Japon à Séoul, Corée du Sud, mercredi 1er mars 2006.

Documentaire

La princesse rouge de Corée du Nord

L’avenir de la Corée du Nord passe par une femme. Elle n’est pas seulement la sœur de Kim Jong-un mais bien la tête pensante du royaume des Kim. Ce fascinant portrait de Kim Yo-jong, véritable polar d'espionnage, est nécessaire. Celle qui pourrait devenir la première dictatrice de l’histoire est désormais au centre du jeu. Et elle semble bien décidée à jouer.

Réalisation: Pierre Haski (France, 2022)

La princesse rouge

(disponible jusqu'au 16 février 2023)