Une enquête documentaire en deux fois cinq épisodes sur la lune de miel passionnée et passionnante entre la Confédération et le renseignement international.
Une proposition de l'Unité des documentaires de la RTS
Une enquête documentaire en deux fois cinq épisodes sur la lune de miel passionnée et passionnante entre la Confédération et le renseignement international.
Une proposition de l'Unité des documentaires de la RTS
En juin 2021, la Suisse décide de bâtir son cloud national avec Amazon, Alibaba, Oracle, IBM et Microsoft. Cela veut dire que toutes les données de la Confédération seront stockées sur les serveurs de ces multinationales américaines et chinoises. Mais pourquoi pas suisses?
En 2011, WikiLeaks documente la vente de technologies d’espionnage à des États autoritaires. Ces armes servent à la surveillance des populations. Parmi les entreprises qui les conçoivent, certaines sont suisses comme Dreamlab. La société bernoise a vendu ses technologies à Oman. Grâce à elles, le Sultanat a pu mater son Printemps Arabe.
En 2013, la Suisse confie la fabrication du système d’écoutes de ses polices et tribunaux à l’entreprise israélienne Verint, fondée par un ancien agent du Mossad. A Berne, ce choix inquiète. La Suisse est-elle sous écoute d’Israël?
Le 4 mars 2018, l’agent double russe Sergueï Skripal et sa fille sont empoisonnés au Novitchok. L’enquête révèle que les deux principaux suspects appartiennent aux services secrets militaires russes. Lors de leur arrestation, les deux espions faisaient route vers le laboratoire de Spiez, au sud de Berne. Ils menaient vraisemblablement d’autres missions en Suisse...
En 2015, les ordinateurs de l’entreprise britannique Cambridge Analytica ont utilisé les données Facebook d’au moins 87 millions d’utilisateurs afin d’influencer le vote de citoyens. Grâce à nos données, Cambridge Analytica est capable de brosser un portrait très précis des électeurs. Et de cibler le message politique.
Le vol de données numériques, la manipulation des opinions sur les plateformes ou encore l'espionnage russe en Helvétie: "La Suisse sous couverture" met en lumière notre vulnérabilité face à un monde toujours plus digital.
Vous avez commencé à vous intéresser aux enjeux liés à nos données numériques il y a une dizaine d’années alors même qu'on en parlait très peut.
J’ai mis un pied dans ce monde en 2010, alors que j’étais journaliste au journal Le Temps. Cela coïncidait avec les premières publications de WikiLeaks et nous avions reçu des listes de câbles diplomatiques confidentiels. Nous étions une petite équipe à tenter de les comprendre. A l’époque, la thématique du numérique au sens large était un no-man’s land médiatique. On la considérait comme un bastion de "technards". Facebook n’était pas le mastodonte d’aujourd’hui, nous étions à l’époque de l’Iphone 4. N’étant pas moi-même fan de technologie, j'y ai vu une formidable opportunité d'informer sur un monde qui allait devenir le nôtre. C’est une thématique passionnante, car elle est transversale. On peut parler d'économie numérique, de diplomatie, de culture, de politique au niveau micro-local comme international.
Dix ans plus tard, qu'est-ce qui a changé?
Notre maturité, en tant qu'individus et en tant que société, face aux outils et aux technologies que l'on utilise au quotidien. Ces technologies ne disparaîtront pas. Mais je crois, enfin il me semble, que nous sommes prêts à remettre en question certains outils et à nous positionner afin de prendre en main le destin de notre société numérique.
Dans la série, les politiques semblent perdus ou absents face à ce sujet. Le président des Verts suisse, Balthasar Glättli, est le seul parlementaire à s’exprimer. Où sont les autres partis sur ces questions-là?
Soyons clairs! Pendant longtemps, il n’y a pas eu beaucoup de nouveaux visages au Parlement. Le fossé générationnel était criant sur les enjeux numériques. Les nouvelles figures qui s'y sont frotté ont dû convaincre une majorité de collègues désintéressés par la question. De plus, ce n’était pas un thème porteur politiquement, pas de quoi séduire des politiciens. Mais c’est en train de changer, on le constate avec l’affaire du Cloud souverain suisse. A cela s’ajoute la montée en puissance de nouvelles figures en politique, qui elles maîtrisent et prennent en compte ces enjeux. Et ce qui devient intéressant c’est qu’on les trouve chez les Verts, les Socialistes, le Centre, le PLR comme à l’UDC. Bon, pas toujours dans les mêmes proportions.
En 1955, les services de renseignement américains et l’entreprise suisse Crypto AG concluent un accord confidentiel qui permettra l’espionnage des communications de 130 pays. Durant des décennies, un pan de l’industrie helvétique sera impliqué dans ces activités, malgré la "neutralité" du pays et avec la bénédiction du Conseil fédéral.
A Loèche, Swisscom, le Département fédéral de la défense et des entreprises privées proches de la National Security Agency (NSA) gèrent un parc d’antennes pour les communications satellitaires entre la Suisse et l’étranger. En l’an 2000, ce site stratégique devient la porte d’entrée privilégiée de Washington pour espionner les communications dans le monde entier.
Des salons de l’ONU truffés de micros, des antennes camouflées dans les missions diplomatiques et des agents russes ou américains infiltrés partout... A Genève, où Edward Snowden travaillait pour la CIA, le petit monde du renseignement grenouille discrètement et les espions chassent en meute.
Nos données numériques personnelles sont une mine d’or d’informations qu’il faut protéger des regards indiscrets. En Suisse, une législation déficiente – elle date de 1992 – permet à des puissances étrangères d’accéder à ces données. Dans le dossier du "big data", c’est la souveraineté de la Confédération qui est en jeu.
D’un côté, Google et consorts contrôlent les canaux et le stockage de l’information. De l’autre, une puissante mouvance de hackers tente de rendre cette information publique, en piratant des systèmes informatiques. L’enjeu de cette guerre? La défense de libertés fondamentales, aussi bien sur internet que dans la société.