L'histoire au bout du pinceau

Les représentations de l’Histoire ont toujours tenu une place centrale dans la diffusion des messages politiques, d’idées morales ou dans la construction identitaire. C’est particulièrement vrai au XIXe siècle avec l’affirmation des Etats-nations. En Suisse, quelle a été la place de la peinture historique dont ont été friands Eugène Burnand ou Ferdinand Hodler? Que disent ces œuvres de la période pendant laquelle elles ont créées?

Au micro de Laurent Huguenin-Elie, Philippe Kaenel, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Lausanne.

>> Sur ce sujet voir également: "Eugène Burnand - La passion de peindre", Philippe Kaenel et Frédérique Burnand (éd. Favre); "Eugène Burnand - La peinture d'après nature", Philippe Kaenel (éd. Cabédita)

Musée Eugène Burnand (Moudon)

^{Illustration: "Les Glaneuses" (avant 1880), par Eugène Burnand (1850-1921) © Musée Eugène Burnand (Moudon)}

Les souverains ont longtemps utilisé le pouvoir de la peinture pour projeter une certaine image de leur règne. Certains, comme le roi de France Louis-Philippe, ont même créé des musées à cette fin.

Etienne Duval a rencontré au château de Versailles Bastien Coulon, coordinateur de recherche spécialisé dans la représentation de l’histoire nationale. Il s’arrête en sa compagnie devant un tableau représentant la bataille de Fontenoy, en 1745. Un tournant de l’histoire de France, qui a symbolisé tour à tour la suprématie des vainqueurs, les bienfaits de la paix, puis l’horreur de la guerre.

Collections du château de Versailles

^{Illustration: détail de La Bataille de Fontenoy, 11 mai 1745, un tableau d'Horace Vernet (1789 - 1863) peint en 1828. L'œuvre est située dans la galerie des batailles du château de Versailles.}

Le vocable "Moyen Âge" a été inventé à la Renaissance pour désigner un âge supposé sombre, coincé entre deux périodes brillantes. Aujourd'hui, le regard sur le Moyen Âge est plus contrasté mais les stéréotypes sont tenaces. Dans la bande dessinée, cette période a régulièrement été instrumentalisée à des fins de politisation des jeunes lecteurs un peu partout en Europe.

Laurent Huguenin-Elie s’est rendu à la dernière édition des rendez-vous de l’Histoire à Blois pour rencontrer Tristan Martine, maître de conférences en histoire médiévale et spécialiste de la bande dessinée.

>> Voir également "Le Moyen Âge en bande dessinée", Tristan Martine (dir.), éd. Karthala

Hachette - Harold R Foster

^{Illustration: couverture de l'album "Le complot diabolique" (1974), un épisode de la série "Prince Vaillant" par Harold R Foster (éd. Hachette). "Prince Valiant in the Days of King Arthur" est une bande dessinée américaine créée en 1937. Bien que ces aventures soit manifestement censées se dérouler durant le Bas-Empire romain, Foster y a incorporé des éléments anachroniques: des drakkars vikings, des musulmans, des alchimistes et des avancées technologiques datant de la Renaissance.}

Luc Révillon fut enseignant d’histoire avant de devenir scénariste de bande dessinée et a longtemps utilisé la bd comme support pour ses cours. En véritable passionné du 9ème art, il se lie d’amitié avec le scénariste et dessinateur Gilles Chaillet, le père notamment de Vasco, série dans laquelle un jeune commis banquier parcourt l’Europe du XIVe siècle. A tel point qu’à la disparition de Gilles Chaillet, Luc Révillon  est devenu le nouveau scénariste de Vasco. Laurent Huguenin-Elie l’a rencontré lors de la dernière édition des rendez-vous de l’Histoire à Blois.

^{Illustration: couverture de l'album "Les mémoires secrets de Vasco", par Gilles Chaillet et Luc Révillon, (éd. Le Lombard). Vasco est une série de bande dessinée historique créée en 1978 et publiée dans Le Journal de Tintin entre 1980 et 1992. Elle raconte les aventures de Vasco, un jeune Italien fougueux et charmeur appartenant à une riche famille de banquiers siennois.}

Comment raconte-t-on l’histoire en bande dessinée? Eric Burnand est scénariste de romans graphiques historiques. Il vient de publier une bd historique avec le dessinateur Matthieu Berthod qui s'intitule "Berne, nid d’espions". Elle retrace une affaire d’espionnage survenue en Suisse durant la guerre froide. Il évoque au micro d’Étienne Duval les particularités de ce genre narratif en pleine expansion.

Antipodes - Matthieu Berthod

^{Illustration: dessin tiré de la bd "Berne, nid d'espions", par Matthieu Berthod et Eric Burnand (éd. Antipodes). L'album retrace une grave affaire d’espionnage qui a éclaboussé la neutralité suisse en 1957. Sur fond de Guerre d’Algérie, la police fédérale et son chef, le procureur général Dubois, sont accusés d’avoir livré aux services secrets français des renseignements ultra-confidentiels.}