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Cancer du côlon : qu'attend-on pour dépister ?
4200 nouveaux cas par an, 1600 décès : en Suisse, le cancer du côlon rectum est l'un des trois cancers les plus fréquents. Un dépistage généralisé pourrait permettre d'éviter de nombreux décès. Malheureusement, celui-ci tarde à se mettre en place.
Un tueur lent
Le côlon est le nom
que l'on donne au gros intestin, un tube en forme de U d'environ 1
mètre, qui relie l'intestin grêle au rectum. Contrairement à ce que
l'on imagine, l'organe est loin d'être un simple tuyau d'égout. En
effet, les cellules des muqueuses qui en tapissent les parois
assurent la digestion finale des aliments, redistribuent une grande
quantité d'eau dans le corps et façonnent les selles. Ce travail
permanent exige un renouvellement cellulaire rapide. Tous les 4 à 8
jours, les muqueuses sont ainsi renouvelées. Mais à partir de l'âge
de 50 ans, ce mécanisme peut montrer des signes d'usure.
Au cours de leur division, il arrive que certaines cellules
donnent naissance à des polypes. La plupart ne présentent aucun
danger, mais certains peuvent dégénérer en tumeurs cancéreuses.
Mais le mécanisme est lent, puisqu'on estime que le processus de
transformation d'un polype en tumeur demande en moyenne une dizaine
d'années. En d'autres termes, il est possible d'agir bien avant
qu'il ne soit trop tard.
Coloscopie
A partir de 50 ans, la
présence de sang dans les selles ou des troubles inexpliqués du
transit intestinal justifie amplement les désagréments d'une petite
séance de vidéo intestinale.
La coloscopie figure certainement en bonne place dans les
classements des examens médicaux les plus craints. Pourtant, la
majorité des patients affirment après coup que le plus pénible
réside finalement dans la purge qui précède la visite chez le
médecin et que pour le reste, ils ne se souviennent de pas
grand-chose.
Par ailleurs, un certain nombre d'entre eux lui doivent la vie
sauve. En effet, la coloscopie ne se résume pas seulement à
l'observation méticuleuse des parois du côlon à l'aide d'une micro
caméra, elle est aussi un geste thérapeutique. Dès l'instant où le
gastro-entérologue repère un polype, il l'enlève, empêchant ainsi
qu'une éventuelle tumeur ne puisse se développer. Mais ce geste
n'est possible qu'aux stades précoces de la maladie. Au-delà d'un
certain stade, cela devient l'affaire du chirurgien et le pronostic
est nettement moins favorable.
Cela étant, rares sont ceux qui imaginent qu'un tel examen
pourrait être employé pour le dépistage généralisé de la
population. En Suisse par exemple, on dénombre 2 millions 500 mille
personnes âgées de plus de 50 ans. Non seulement la généralisation
des examens alourdirait considérablement les coûts de la santé,
mais il n'y aurait tout simplement pas assez de médecins pour les
réaliser.
La traque du sang occulte
Plusieurs
pays européens ont opté pour une autre stratégie de dépistage du
cancer du côlon. La France notamment est sur le point de
généraliser ce qu'on appelle la recherche de sang occulte dans les
selles. L'idée repose sur le fait que, très souvent, les polypes
provoquent de légers saignements. En général, le patient ne
remarque rien, mais un test simple permet d'en révéler la présence
et sélectionner qui, dans la population, devrait passer une
coloscopie de dépistage. Concrètement, la principale difficulté est
d'ordre administratif. En effet, comme le test ne détecte en
moyenne qu'un «cancer» sur deux, il doit être répété régulièrement.
Cela suppose que toutes les personnes âgées entre 50 et 75 ans
acceptent de donner un échantillon de leurs selles et ceci tous les
2 ans.
Avec l'aide des caisses d'assurances et des médecins de famille,
les départements français qui ont déjà mis en place ces campagnes
de dépistages parviennent ainsi à contrôler 55% de la population
visée. Le résultat est modeste mais il a déjà permis une diminution
de la mortalité par cancer du côlon de 16% dans l'ensemble de la
population.
La Suisse attend
Cet automne, en Suisse, l'association des
pharmaciens et la ligue suisse contre le cancer ont annoncé qu'un
test permettant de déceler le sang occulte dans les selles serait
désormais disponible en pharmacie. Malheureusement, quelques
semaines plus tard la plupart des officines ont été dans
l'incapacité de nous fournir ce genre de kit.
De leur côté, les gastro-entérologues se montrent réticents quant
au manque de sensibilité des tests sanguins et misent sur la
coloscopie, tout en admettant qu'elle ne pourra jamais permettre un
dépistage général et systématique.
Bref, alors que le dépistage du cancer du sein parvient lentement
à s'imposer comme une nécessité dans un grand nombre de cantons,
celui du cancer du côlon risque de demeurer encore longtemps le
choix individuel de chaque patient.
Un voyage au coeur de nos entrailles proposé par Mario Fossati et
Ventura Samarra.
Ostéoporose, ou comment faire de vieux os
L'ostéoporose affecte une femme sur 3 et 1 homme sur 5 après 50 ans. Cette maladie qui reste silencieuse des années durant, ne devient invalidante que lorsqu'il y a fracture, spécialement lorsqu'il y a fracture du col du fémur.
Un gros effort reste à faire en Suisse pour prévenir les chutes
chez les personnes âgées. Le CHUV vient de conduire une étude sur
plus de 7000 personnes qui a permis de définir quelles étaient les
personnes à traiter pour que les thérapies soient efficaces et
économiquement rentables. Cette étude sera publiée à la fin
2007.
Examens diagnostiques
La densitométrie est l'outil de
base pour diagnostiquer une ostéoporose. Cet examen qui utilise des
rayons x permet de calculer la valeur osseuse par rapport à une
population de référence. Il n'est remboursé par les assurances
maladies que si la pathologie est avérée, après une fracture ou un
traitement par cortisone de longue durée . La densitométrie a
malheureusement certaines limites : les résultats varient suivant
la partie du squelette où les mesures sont faites , ils varient
aussi d'un institut de radiologie à l'autre car tout le monde ne
travaille pas avec les mêmes normes. Suivant les centres, on est
ostéoporotique ou on ne l'est pas ! Hormis pour les personnes à
haut risque, l'examen n'est pas conseillé avant l'âge de 65
ans.
La prévention des chutes et les traitements
Les fractures dues à l'ostéoporose
surviennent généralement après une chute. Or plusieurs mesures
simples peuvent être prises pour limiter les risques de tomber. A
l'intérieur des appartements, tous les obstacles et objets
glissants sont à bannir, alors que des poignées murales peuvent
être fixées. Des cours d'équilibre permettent aussi à la personne
âgée de maintenir une certaine force musculaire et une bonne
coordination. Par ailleurs, il y a lieu de faire attention aux
médicaments, car certaines substances ou certaines associations
peuvent générer des problèmes d'équilibre. En Suisse, un gros
effort de sensibilisation en la matière reste à faire. La
prévention des chutes ne fait pas partie du débat sur la politique
de la santé !
L'étude que vient de mener le CHUV a mis en évidence qu'il fallait
mieux cibler que par le passé les personnes devant prendre des
médicaments pour solidifier l'os. Seules les personnes ayant déjà
eu des fractures ou étant à très haut risque doivent être traitées.
Il n'est jamais trop tard pour bien faire et les thérapies ont
montré leur efficacité chez des personnes de 80-85 ans.
Mais prudence, les biphosphonates qui sont généralement proposés
pour renforcer l'os peuvent avoir des effets secondaires, notamment
au niveau de la digestion. Dans de rares cas, ils peuvent même
générer des ostéonécroses de la mâchoire. La durée des traitements
doit être limitée.
Le rôle de l'alimentation et de la vitamine A
Les
populations du sud ont moins d'ostéoporose que celles qui vivent au
nord. L'environnement, le mode de vie et surtout l'alimentation
jouent très certainement un rôle important dans l'incidence de la
maladie (il ne faut toutefois pas exclure certains facteurs
génétiques). Les Suédois détiennent la palme au niveau du nombre de
fractures du col du fémur. Cela peut être dû, si l'on en croit les
études du pharmacologue Hakan Mehlus de l'université d'Uppsala, au
fait que cette population consomme une nourriture très riche en
vitamine A (poissons gras, pâtés à base de foie et produits
laitiers supplémentés en vitamine A). En revanche, les populations
qui consomment une nourriture de type méditerranéen (basée sur les
fruits et légumes, les céréales, l'huile d'olive, etc.) semblent
protégées. Les fruits et légumes empêchent notamment la fuite du
calcium dans les urines.
Une enquête de Françoise Ducret et Jean-Alain Cornioley.