Comment survivre dans la pagaille et la peur que génère l’épidémie d’Ebola? Une équipe de 36.9° est partie en Guinée, au cœur du désastre, à la rencontre des soignants locaux mais aussi des volontaires occidentaux qui sont au front et tentent d’éviter la propagation. Qui est ce virus, d’où vient-il, comment se transmet-il? Et surtout: comment l’arrêter? Une émission spéciale monothématique pour mieux cerner ce mal.
Redouté pour ses fièvres hémorragiques gravissimes, Ebola est la cause d’épidémies sporadiques mais mortelles depuis son premier recensement en République démocratique du Congo en 1976. A quoi ressemble-il? Depuis quand existe-t-il?
Comme d’autres virus semblables, le filovirus Ebola ne saute pas facilement la barrière des espèces. Mais la déforestation et d’autres désastres écologiques provoqués par l’activité humaine contribuent à créer les conditions idéales pour des catastrophes sanitaires de plus en plus fréquentes.
Dans le cas d’Ebola, les scientifiques ont formulé une hypothèse: des chauves-souris frugivores seraient l’espèce-réservoir. Comment le virus est-il passé de l’animal à l’homme, pourquoi cette épidémie est-elle plus étendue que les précédentes, qu’est-ce qui l’a déclenchée?
Codécouvreur du virus Ebola en 1976, le professeur belge Peter Piot, invité sur notre plateau, estime que tout était réuni pour que l'épidémie "s'emballe" et a regretté "la lenteur extraordinaire" de la riposte de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Et en Europe? Les Etats et les systèmes de prise en charge des malades sont-ils prêts pour endiguer tout risque d'épidémie?
Nous verrons également ce qui se passe dans l’organisme lors d’une infection, et pourquoi le risque d’une épidémie planétaire est très faible. Pourtant, les nations riches se replient, et l’on observe sur Internet et les réseaux sociaux un mouvement d’égoïsme décomplexé sans précédent…
Reportage en Guinée
En Afrique de l’Ouest, sur le terrain de la plus grave des épidémies d’Ebola, des soignants risquent leur vie, anonymes en scaphandres aspergeant les cadavres de puissants désinfectants. 36,9° a voulu les connaître, comprendre leur quotidien, celui de leurs patients et de leurs confrères dans les pays touchés. Ensemble ils font barrière à ce péril invisible. Maria Pia Mascaro et Pascal Magnin les ont accompagnés dans l’épicentre de l’épidémie, en Guinée. Aucune équipe de télévision n’aura passé autant de temps directement dans les dispensaires qui recueillent les victimes d’Ebola.
L'épidémie d'Ebola qui sévit depuis sept mois en Afrique de l'Ouest est l’éruption la plus grave de cette maladie depuis la découverte du virus au Congo il y a près de 40 ans. Partie de Guinée, elle s'est rapidement étendue dans la région. Pour comprendre cette propagation, il faut se rendre à Gueckédou, à la frontière avec le Liberia et la Sierra Leone, là où se situe l’épicentre de l’épidémie. C'est dans cette ville de 200'000 habitants que Médecins sans frontières a établi son premier hôpital de fortune dès les premiers cas recensés de la maladie.
Pour lutter efficacement contre la propagation du virus, les difficultés sont nombreuses. La transmission d'Ebola se fait par contact direct avec les fluides corporels d’une personne infectée et qui présente déjà les symptômes de la maladie. Comment demander à une famille de ne pas prendre soin de l'un de ses membres malade? Comment éloigner une famille des funérailles d'un proche? Et comment demander à une population vivant dans une région en voie de développement de rester chez soi, mettant en péril ses moyens de subsistance?
Engagées dans la lutte contre le virus, les équipes soignantes n'ont pas la tâche facile. Le manque d'effectifs et de moyens entrave leur prise en charge des malades. Les hôpitaux de fortunes abritent les cas suspects ou confirmés sous des tentes. Les laboratoires de dépistages sont logés à la même enseigne. Pourtant, ici, on reçoit chaque jour des fioles contenant probablement le virus mortel. Pour les soignants travaillant au contact des malades, les équipements de protection individuelle sont de rigueur. Il faut porter gants, masques ou encore cagoules et en changer plusieurs fois par jour. Alors même que ces fournitures viennent à manquer.
Une fois un cas confirmé, il faut aussi retrouver les personnes étant entrées en contact avec le malade. Elles sont susceptibles d'avoir à leur tour contracté le virus. Et là, les distances sont parfois énormes. La mobilité est grande dans cette région. Une même ethnie vit sur plusieurs territoires, voire plusieurs pays. Les échanges, les visites amicales ou professionnelles sont autant de facteurs de propagation. Un travail de fourmis qui ne se fait pas toujours dans les meilleures conditions. Les populations ont peur de la maladie et peur des équipes sanitaires.
Le combat contre l'épidémie d'Ébola se poursuit, mené par des autorités locales dépassées et des "Médecins sans frontières" bien isolés. A quand une aide extérieure capable d'endiguer ce fléau qui a fait à ce jour plus de 2400 morts?