L’échange de lait maternel sur internet prend de l’importance en Suisse. Les découvertes à propos de ses effets sur la santé ainsi que les récents scandales de lait pour enfants frelatés ou infectés incitent de plus en plus de personnes à rechercher le lait d’une donneuse pour leur enfant au lieu de lait artificiel. Une pratique risquée, que la création de banques de lait couplée à une politique d’encouragement à l’allaitement pourrait rendre inutile.
De plus en plus de parents préfèrent échanger du lait maternel en ligne ou provenant d’une banque plutôt que de nourrir leur nourrisson au lait artificiel. Mais en l’absence d’une politique d’encouragement à l’allaitement et de banques de lait bien approvisionnées, le lait maternel reste une denrée rare et inéquitablement répartie.
Grâce aux recherches menées sur le lait maternel, on connaît mieux ses propriétés et ses effets sur la santé à long terme des bébés allaités. L’OMS en a tiré ses recommandations : l’allaitement exclusif pendant six mois, puis en complément d’une alimentation diversifiée, c’est le meilleur moyen de faire grandir un bébé pendant ses deux premières années de vie. En Suisse, on en est loin. Même si la plupart des femmes allaitent leur bébé à la sortie de la maternité, elles sont encore 62% à 3-4 mois et seulement 26% après le 5 mois. Un taux qui est encore plus bas pour les bébés prématurés, pour qui le lait maternel est pourtant un véritable médicament : il les protège des infections, des complications intestinales, contribue à la maturation des yeux et du cerveau.
Encourager les femmes à allaiter, mettre sur pied des banques de lait pour en offrir aux nouveaux nés prématurés et pourquoi pas aux bébés dont la mère ne veut pas ou ne peut pas allaiter serait un investissement pour une meilleure santé. On sait aujourd’hui que l’allaitement de longue durée protège des allergies, des maladies auto-immunes, de l’obésité et des maladies cardio-vasculaires. Mais beaucoup de pays peinent à en reconnaître les avantages.
La Scandinavie fait exception, particulièrement la Norvège qui propose le plus congé parental du monde : 59 semaines payées à 80%, dont 10 sont réservées aux papas. Les banques de lait maternel qui desservent les services de néonatologie assurent aux prématurés de recevoir le lait d’une donneuse dès leur premier jour de vie jusqu’à ce que la lactation de la mère se mette en place. Mais la culture de l’allaitement va bien au-delà des services de néonatologie. A l’âge de six mois, 80 % des bébés norvégiens sont allaités.
Pourquoi aucun hôpital de Suisse romande ne dispose-t-il d’une banque de lait, alors qu’on en trouve sept en Suisse alémanique ? Barrière culturelle ? Problème de moyens ou de priorités ? Au CHUV, pas question d’échanger du lait entre mères mais des consultantes en lactation encouragent et conseillent les mères à l’allaiter en néonatologie. Un premier pas vers une banque de lait ?