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Interview du Professeur Dominique Belpomme
Luttes biologiques
Pfizer ou quand la pub vous incite à aller chez le médecin
" Tout homme bien portant est un malade qui s'ignore ! " La boutade a sûrement inspiré le plus gros fabricant de médicaments, la multinationale Pfizer. Des affiches nous invitent à nous rendre chez notre médecin. Eh bien, des médecins, des assureurs et des pharmacologues n'apprécient pas du tout.
C'est une campagne d'information,
rien d'autre, affirme Pfizer. " Souffrez-vous d'une vessie
hyperactive ? " " Parlez-en à votre médecin. " Pas de nom de
médicaments, juste le renvoi à un site Internet, une manière de
contourner la législation suisse qui interdit de faire de la pub
pour des médicaments sous prescription médicale.
Thierry Buclin, médecin-adjoint à la Division Pharmacologie et
Toxicologie au CHUV, décrypte le message : " Ces campagnes, en
fait, visent à augmenter les ventes des médicaments d'une firme
pharmaceutique, la firme dont le produit est le mieux placé dans la
série des médicaments pour traiter telle ou telle condition. Mais
en réalité, cette publicité est payée par nos primes d'assurance
maladie. "
En incitant à consulter, Pfizer
mise sur la probabilité que le médecin prescrive l'un de ses
médicaments. L'entreprise est connue pour avoir un budget marketing
imposant, destiné à séduire le corps médical.
Thierry Buclin : " Ces affiches nous signalent que tous ces
problèmes de la vie quotidienne finalement sont réduits à prendre
un médicament ; on ne va pas du tout se poser la question de la
fatigue, du style de vie et de certains changements d'habitudes,
qui seraient souhaitables. Il y a une médicalisation de la vie qui
est sous-tendue par ces campagnes et qui me paraît vraiment un
dérapage. "
" Aucun médicament n'est
vraiment dénué d'effets secondaires, mais il y a aussi un risque
lié à une exagération du traitement ; on peut exagérer avec la
prise d'anti-migraineux qui va entretenir des migraines. Au fond,
ces affiches du point de vue de la santé publique ne sont pas tout
à fait dénuées de dangerosité. Cela d'autant plus qu'elles entrent
en concurrence avec des campagnes de santé publique, cette fois-ci
payées par les autorités, je pense à l'hépatite, au sida, aux
problèmes de sédentarité, pour lesquels il vaut vraiment la peine
de lutter collectivement. "
Nous aurions souhaité connaître la réaction de Pfizer.
L'entreprise a jugé bon de ne pas répondre à notre courrier !