Huiles essentielles : ne mettez pas votre santé en danger !
Présentation des huiles essentielles
Huiles essentielles : le test
Il ne faut pas utiliser les huiles essentielles n’importe comment. Certaines huiles peuvent être ingérées, alors que d’autres surtout pas: selon la quantité, vous risquez une intoxication grave, le coma, voire même la mort! Certaines huiles essentielles peuvent également irriter les yeux ou provoquer des réactions cutanées. Certaines huiles essentielles contiennent des agents toxiques photosensibles: il vaut donc mieux ne pas s’exposer au soleil après un traitement. La liste des dangers est longue.
Il est donc important d’être correctement informé avant d’envisager un traitement de confort ou préventif, ou encore de soigner une plaie ou une maladie. Bref, tout cela est assez complexe, tout comme la composition même de ces huiles essentielles!
Incroyable, mais vrai, à l’heure actuelle, on ne connaît pas la composition exacte des huiles essentielles.
Confirmation avec Vincent Perret, directeur du laboratoire Labtox à Bienne : « Une huile essentielle, c’est plusieurs centaines de produits. Mais elle est différente d’un produit de synthèse. On ne maîtrisera pas tout. »
En Suisse, les huiles essentielles sont classées en deux catégories, les médicaments et les produits chimiques. Les médicaments sont peu nombreux. Ils ne sont vendus qu’en pharmacie et peuvent être accompagnés d’allégations thérapeutiques. Les autres huiles essentielles n’ont pas le droit d’avancer des allégations thérapeutiques et sont classées comme produits chimiques. Au même titre que l’Eau de Javel ou le Canard WC, elles doivent arborer les symboles de danger.
C’est un secret de Polichinelle, la plupart des huiles essentielles vendues comme produits chimiques sont utilisées comme médicaments. Mais certaines d’entre elles sont dangereuses pour les femmes enceintes et les enfants en bas âge parce qu’elles sont abortives ou neuro toxiques. A Bon Entendeur a voulu savoir si le consommateur est averti de ses risques lorsqu’il va acheter l’une ou l’autre de ces huiles en pharmacie, là où il est en droit d’attendre mise en garde ou conseils avisés
A la demande de l’émission, une enquêtrice enceinte de sept mois s’est présentée dans dix-sept pharmacies de Suisse Romande pour acheter cinq produits qui peuvent s’avérer nocifs:
-De la cannelle, à éviter chez la femme enceinte et les enfants de moins de cinq ans
-De l’eucalyptus globulus, qui ne doit pas être ingéré, ni prescrit à des femmes enceintes et des enfants en bas âge.
-De la menthe poivrée, neurotoxique et abortive à dose élevée.
-De la sarriette, contre indiquée chez la femme enceinte et l’enfant.
-Enfin de la lavande stoechade, aux propriétés abortives reconnues.
Vincent Perret : « Une chose absolument claire : sous cette forme-là, ce sont des produits qui sont dangereux. Il est absolument nécessaire qu’il y ait une information pour l’utilisateur sur l’utilisation correcte et sans danger de ces produits-là. Ca peut se faire de deux manières, soit sur l’étiquetage, soit sous la forme de conseils d’un spécialiste. »
Nous avons donc jugé les pharmacies selon qu’elles délivraient ou non des mises en garde spontanées et donnaient ou non des conseils avisés.
Les conseils en pharmacie
Dans les pharmacies suivantes, notre enquêtrice n’a pas reçu d’informations de manière spontanée et lorsqu’elle a demandé des conseils, ceux-ci se sont avérés imprécis.
La Pharmacie Principale à Confédération Centre à Genève.
La Pharmacie Sen’su à Lausanne.
La Pharmacie Populaire de la Tour à Lausanne.
La Pharmacie Capitole Gare à Fribourg.
La Pharmacie du Soleil à Neuchâtel.
Dans les quatre pharmacies suivantes, notre enquêtrice n’a pas reçu d’informations spontanées, mais les conseils qu’elle a sollicités ont reçu une réponse précise :
La Pharmacie Thiémard à Fribourg.
La Pharmacie Amavita Pré-Guillaume à Delémont.
La Pharmacie Riat-Gare à Delémont.
La Pharmacie de La Corraterie à Genève.
Trois officines l’ont mis en garde de manière spontanée, mais lui ont donné des conseils imprécis. Ce sont :
La Pharmacieplus de l’Orangerie à Neuchâtel.
La Pharmacieplus Marca à Fribourg.
La Pharmacie Populaire Mont-Blanc à Genève.
Enfin, cinq magasins ont fait tout juste, avec des mises en garde spontanées, judicieuses et des conseils précis :
La Pharmacie Sun Store Gare CFF à Sion.
La Pharmacie Amavita Conod à Lausanne.
La Pharmacie Fasmeyer à Sion.
La Pharmacie Bugnon Centre à Neuchâtel.
La Pharmacie de Quay à Sion.
On le voit, le consommateur est souvent livré à lui-même, s’il entend utiliser des huiles essentielles. Voici donc quelques précautions indispensables :
Dans le cas d’une huile à utiliser sur la peau, effectuer un test de tolérance en plaçant une goutte au pli du coude et attendre une éventuelle réaction cutanée.
Si l’huile essentielle est destinée à des massages, ne jamais l’utiliser pure, mais la mélanger à de l’huile végétale, jojoba, noisette ou encore macadamia.
Ne jamais laisser les huiles essentielles à portée des enfants.
Ne jamais surdoser dans l’eau du bain pour éviter d’irriter les muqueuses.
Kurt Hostettmann est Professeur honoraire dans les Universités de Genève et Lausanne
« Oui, on trouve beaucoup de produits cosmétiques, pas des médicaments, prêts à l’emploi, notamment l’huile essentielle de romarin qui est bonne pour la peau et contre la fatigue. Certaines personnes en rajoutent dans l’eau du bain, elles trouvent qu’il n’y en a pas assez et elles rajoutent vingt ou trente gouttes et je vous assure que si vous faites ça vous sortez du bain avec des brûlures aux parties, dans des muqueuses sensibles. »
Certaines huiles essentielles contiennent des furo-coumarines, qui sont photosensibilisantes. Il ne faut pas s’exposer au soleil après un traitement. Demander conseil à un aromathérapeute avant toute utilisation par la voie orale.
Au tour maintenant de la qualité des huiles essentielles. Nous avons demandé au laboratoire Labtox de mesurer les quantités d’éléments actifs de la plante présents dans quatorze huiles essentielles, sept de cannelle et sept d’eucalyptus.
Les huiles essentielles d’eucalyptus
Plus les valeurs sont élevées, meilleure est l’huile et voici le classement.
Les huiles essentielles d’eucalyptus Oshadi et Kart arrivent en tête ; elles sont considérées comme bonnes. L’huile essentielle Kart est la moins chère du test.
Avec une valeur légèrement plus faible, les huiles essentielles Aromasan, Farfalla et Phytomed sont également considérées comme bonnes.
Juste en dessous, on trouve l’huile essentielle Biofloran, la plus chère du test, considérée comme bonne.
Enfin l’huile essentielle d’eucalyptus Florame, avec une valeur très inférieure en éléments actifs, se classe dernière. Elle est considérée comme insuffisante par le laboratoire.
Les huiles essentielles de cannelle
L’huile Sanoflore a la valeur la plus élevée d’éléments actifs de la plante. Elle est jugée bonne.
Juste derrière on trouve les huiles Aromasan, qui est la plus chère du test, et Farfalla. Toutes deux sont bonnes aux yeux du labo.
En troisième position, on trouve les huiles Oshadi et Phytomed, bonnes également.
La qualité de l’huile essentielle Kart, la meilleure marché du test, est considérée comme insuffisante par le labo. Cette huile pose problème. Elle affirme contenir de la cannelle du Sri Lanka. Or les valeurs mesurées par le labo semblent indiquer qu’il s’agit de cannelle de Chine, nettement moins chère.
Enfin l’huile essentielle Bühlmann se classe loin derrière les meilleures. Sa qualité est jugée insuffisante.
Moralité: toutes les huiles essentielles ne sont pas de bonne qualité. Et notre enquête a permis au laboratoire Kart de découvrir qu’il a fait une erreur: son huile essentielle censée contenir de la cannelle du Sri Lanka contient bel et bien de la cannelle de Chine, de moins bonne qualité. Le laboratoire Kart le reconnaît, et admet une erreur d’étiquetage!
Un autre élément du test est en revanche plus réjouissant: aucune des 14 huiles essentielles testées ne contient des molécules de synthèse.