Ils se multiplient dans les Alpes et au-delà, car les stations voient en eux une alternative à la monoculture de la neige. Les bains thermaux sont à la mode et attirent toujours plus de clients. Les projets fleurissent et l’on apprend que l'épithète "thermal" s'obtient plus facilement en Suisse qu'ailleurs!
Est thermal qui veut?
Les bains thermaux sont à la mode. Ces installations, hier associées à une forme de soin, relèvent aujourd'hui du loisir. Détente, relaxation, jeux aquatiques, on s'y rend en famille ou entre amis pour passer du bon temps. Une évolution plutôt justifiée en Suisse, tant les critères à remplir pour obtenir l'appellation de thermal sont laxistes en Suisse.
Toujours plus de monde dans les bains thermaux et dans les ludiques centres aquatiques qui se multiplient en Suisse romande. Des vagues, des bulles, de l’eau chaude, des bassins, des massages: le thermalisme, la fréquentation des sources minérales ou thermales, existe depuis des milliers d’années. Les Grecs et les Romains s’y adonnaient avec délectation, deux mille ans avant qu’un Américain n’invente le jacuzzi. Avec la vogue actuelle du wellness, l’offre est toujours plus variée.
Chaque année, des centaines de milliers de visiteurs franchissent les portes de ces établissements, sans trop se soucier de la provenance et de la qualité de la matière première: l’eau. Sans vraiment savoir non plus pourquoi une eau est thermale ou non. En effet, en Suisse, aucune norme n’est fixée pour mériter l’appellation "thermale", qu’il s’agisse de la composition minérale de l’eau ou de ses vertus sur la santé. Seule compte la température, comme l’explique le géologue Christophe Badertscher de BEG (Bureau d’Etudes Géologiques SA.) à Aproz: "Une eau thermale, étymologiquement, c’est une eau chaude. En réalité, c’est une définition qui suit l’aspect de la température. Mais il y a aussi l’aspect curatif, ou thérapeutique, de ces eaux. Chez les géologues, par exemple, on s’intéresse beaucoup plus à l’aspect température qu’à l’aspect thérapeutique. Donc la Société de géothermie suisse, par exemple, parle d’une eau thermale à partir de 20 degrés."
Parmi ses nombreuses activités, le bureau d’études de Christophe Badertscher cherche de l’eau thermale pour des stations. Dans les Alpes en effet, le réchauffement climatique signifie que la neige ne sera pas éternelle. Et la baignade pourrait s’ajouter au ski avant peut-être de le remplacer. C’est le cas à Hérémence, dans le Val d’Hérens. Cette idée n'est pas nouvelle, selon Régis Bovier, président d’Hérémence: "Cela fait plusieurs décennies que les communes de Saint-Martin et d’Hérémence, qui sont propriétaires d’eaux thermales, cherchent à les valoriser. Et que différents projets avaient été sérieusement envisagés, notamment sur la plaine du Rhône, mais que pour des raisons de contexte économique ou financier, à l’époque, n’ont pas pu voir le jour."
Mais désormais le projet va de l’avant et toutes les autorisations sont délivrées. Le budget de l’opération s'élève à deux cents millions de francs. Une partie servira à remonter l’eau par pompage jusqu’à 1300 mètres d’altitude. Car la source se trouve au pied de la montagne. D’autres stations ont la même coûteuse ambition. Que pense le géologue de cette ruée vers l’eau chaude?
Le travail de Christophe Badertscher, dans un premier temps est de trouver cette eau: "Quand une station, une commune ou quelqu’un recherche de l’eau thermale, le rôle du géologue, c’est de faire une analyse relativement régionale de la géologie du lieu, afin de voir si on a des chances de trouver cette eau thermale." Pour en trouver, il faut réunir différentes conditions: il faut tout d'abord une montagne dont la roche va filtrer l'eau de pluie. Puis il faut une fracture dans la bande calcaire, où l'eau pourra s'accumuler.
Mais il n'est pas dit que cette eau méritera l'appellation de thermale aux yeux des géologues: "La question par rapport au thermalisme, c’est de savoir de combien l'eau va se réchauffer quand elle s'enfonce, quand elle descend à l’intérieur du massif montagneux; et de savoir de combien elle va se refroidir durant sa remontée. Le cas idéal, c'est une eau qui s'infiltre relativement lentement, avec un grand réservoir d'eau ici, sous la montagne, et qui peut arriver ici par exemple à 30, 40 ou 50 degrés, et puis qui remonte très rapidement. C'est pour cela que fréquemment, dans les zones thermales, on a une remontée d'eau par des failles, en général, parce que c'est par ce cheminement-là que les eaux vont le plus vite. Et qu'il y aura peu de perte de température durant la remontée."
En résumé, pour qu’une eau soit considérée comme thermale en Suisse, il suffit qu'elle dépasse les 20 degrés. L’autre seul critère qui compte est la stabilité des minéraux sur la durée, peu importe leur nombre. Une définition qui n’est pas très différente de celle de l’eau du robinet.
L'origine des eaux thermales et les traitements subi
Certaines sources contiennent des minéraux en quantités plus abondantes qu’ailleurs, du sulfate de calcium, du soufre ou encore du magnésium. Ces centres thermaux et ces piscines chaudes sont de plus en plus fréquentés. Comment, dès lors, garantir une hygiène globale et une qualité de l’eau des bains irréprochables Cela implique des contrôles constants et des installations techniques volumineuses que les clients ne voient jamais. Deux directeurs techniques ont accepté de nous l’expliquer, de la source jusqu’aux systèmes de purification.
Loèche-les-Bains est connu pour ses bains thermaux. Pour suivre le chemin de l’eau, de la montagne jusqu’aux baigneurs, nous avons trouvé un guide, Klaus-Peter Reiners, directeur technique Alpentherme à Leukerbad. Il nous donne rendez-vous à la Source Saint-Laurent, sur la place du village.
Klaus-Peter Reiners est incollable sur l'eau thermale de la région: "La source de Saint-Laurent appartient à la commune. Nous avons le droit d’utiliser cette eau, comme d'ailleurs d’autres sociétés de bains. Elle provient d’une altitude de 2500 mètres, entre Torrenthorn et Mainhorn, du Schwarzsee et du Weisssee. Elle s’infiltre dans la terre jusqu’à 500 mètres au-dessous du niveau de la mer, avant de remonter librement jusqu’ici sous pression. Elle n’est pas pompée. Elle prend quarante ans pour ressurgir."
L'eau subit différents traitements avant de se retrouver dans les bassins. Tout d'abord, de grands filtres à sable retiennent les particules les plus élémentaires, le limon, les petits cailloux, et autres impuretés, comme les micro-algues. Vient ensuite l'ajout de chlore, selon un processus que Klaus-Peter Reiners nous résume: "Dans cette cuve, on trouve des pastilles de sel très ordinaire, comme du sel de cuisine. On les dilue dans l’eau au moyen de cette machine. Et, grâce au procédé d’électrolyse, on extrait l’hypochlorite de sodium, qui est une forme de chlore."
Cette solution est ensuite injectée électroniquement dans le circuit hydraulique en fonction des besoins de désinfection de l’eau, pour combattre les bactéries, comme les streptocoques ou les légionelles. On retrouve des kilomètres de tuyaux, des filtres, des compteurs dans la salle des machines. L’eau chaude des bassins circule dans ces installations, où elle est recyclée en permanence. Les particules bactériennes sont collectées ici pour être éliminées. Les filtres sont changés tous les jours. En plus de l’autocontrôle électronique du PH et du taux de chlore, trois prélèvements manuels sont effectués pendant la journée, matin, midi et soir.
Toujours en Valais, nous nous rendons à Ovronnaz, une station qui a misé gros sur l’eau chaude depuis vingt ans. Nous sommes à mille trois cent cinquante mètres d’altitude. Mais ici, l’eau vient de beaucoup plus bas, en lisière de la plaine du Rhône.
Christophe Baertschi, directeur technique des Bains d'Ovronnaz nous dévoile la source: "Nous nous trouvons donc à l'endroit où l'eau thermale jaillit de la montagne pour alimenter les bains d'Ovronnaz. Cette eau arrive à une température de 23,5 à 24 degrés, quasiment identique toute l'année." Et depuis la source, l’eau est pompée; une ascension de huit cent mètres jusqu’au réservoir. Elle va subir les mêmes traitements intensifs qu’à Loèche-les-Bains, comme l'explique Christophe Baertschi: "Première étape de filtration, le filtre qui retient les particules physiques importantes. Deuxième étape de filtration, le filtre à sable qui retient des particules physiques, tels que des éléments de poussière, et corporels. Troisième et ultime étape de filtration, le filtre à charbon actif, qui épure l'eau."
Mais à ce stade, à Ovronnaz, l’eau n’est pas assez chaude pour les bains. Aussi brûle-t-on de grandes quantités d’hydrocarbures, ce qui réchauffe l’eau, mais aussi le climat. Voici donc la pureté des bains entachée par la combustion du pétrole, ce qui pose un sérieux problème d’image. Philippe Stalder, directeur des bains d'Ovronnaz assure que des modifications seront bientôt apportées: "Pour l'instant, on la chauffe au mazout. Mais c'est vrai qu'à l'époque, en 1990, quand nous avons ouvert les bains, on ne parlait pas encore de ce problème. Aujourd'hui, ça devient tout à fait actuel. Nous avons un projet avec une centrale à bois. Cette centrale à bois devrait être installée dans le courant de l'année prochaine si tout se passe bien. On a notre bureau d'études, notre bureau d'architectes et les services de l'Etat du Valais qui sont en train d'étudier cela."
L'eau est encore chlorée et contrôlée en continu, comme le rappelle Christophe Baertschi: "Ultime étape avant de livrer l'eau à nos baigneurs, le traitement chimique de l'eau, ici, avec l'injection du désinfectant, qui est le chlore. Le traitement de l'eau est contrôlé en continu par un appareillage électronique, qui va donner les ordres pour injecter d'une part le chlore, l'effet désinfectant, et une correction du PH. Cette mesure se fait en continu."
La qualité des eaux thermales: le test
La qualité des eaux thermales: le test
Quelle est la qualité de l’eau dans laquelle trempent les baigneurs ? Comment s’assurer qu’elle ne contient pas de bactéries nocives pour la santé ? Pour le savoir, nos enquêteurs se sont invités dans les bains thermaux, comme des clients ordinaires.
Munis de flacons stériles, ils prélèvent de l’eau dans les bassins en catimini. Avec une difficulté majeure : éviter d’être repérés pendant le remplissage. En effet, pour chaque bain, il faut au moins cinq bouteilles de 2,5 décilitres pour les besoins d’analyse du laboratoire.
Etape suivante, la numérotation des flacons, et la date des prélèvements.
Nous nous rendons ensuite au laboratoire cantonal de chimie du canton de Genève pour y déposer les échantillons.
Nathalie Maury, microbiologiste explique l'utilité de cette grande quantité d'eau prélevée: "Donc sur ces cinq flacons, quatre vont être utilisés pour faire une filtration d'un litre pour rechercher la légionelle. Et puis celui-ci, on va prélever 100 millilitres pour rechercher les pseudomonases et 100 millilitres pour rechercher les Escherichia Coli."
On aspire l'eau pour la filtrer à travers des membranes. Ces membranes sont ensuite retirées, puis mixées avec de l'eau distillée dans des éprouvettes. On prélève alors quelques gouttes pour les déposer sur un réactif dans une boîte de Petri, qui sert à la mise en culture des bactéries, comme l'explique Nathalie Maury: "On va laisser étuver notre inoculum d'un millilitre sur le milieu spécifique à 37 degrés humides, et puis après, sous hotte bien sûr, on va voir si des bactéries ont poussé et si elles sont spécifiques à la légionelle. De la même façon, nous allons retrouver notre boîte qui contient la membrane où on a filtré pour retrouver les Escherichia Coli. Ce sont ces petits points bleus qu'on peut observer très facilement. Pour les dénombrer, il suffit de les compter. On va compter le nombre de E.Coli que l'on va retrouver sur la membrane pour cent millilitres d'eau que nous avons passés à la filtration tout à l'heure."
Onze bains ont été testés: Yverdon, Cressy, Lavey, Saillon, Ovronnaz, Val d'Illiez, Charmey, deux à Loèche-les-Bains, le Burgerbad et les Alpentherme, Vitam Park en Haute-Savoie à proximité de Genève, et enfin Aquaparc au Bouveret. On peut clairement classer les bains thermaux et les centres de loisirs que nos enquêteurs ont « fréquentés » en 3 catégories : celles où tout va bien, celles où l’eau n’est pas très propre et celles où il y a un vrai, voire un gros problème.
Sur les onze établissements, six, donc un peu plus de la moitié, ont une eau sans reproche. Vous n’avalerez pas ou ne respirerez pas de bactéries en surnombre aux Bains d’Yverdon, à Saillon, à Charmey, à Loèche Burgerbad, à Alpentherm et enfin à Vitam Parc à Neydens, en France voisine, aux portes de Genève.
Les Bains de Lavey et Aquaparc, où il y a un peu trop de bactéries fécales, les fameuses Eschérichia Colie.
Bains de Lavey
1 unité d’E. Coli par centilitre
Aquaparc
8 unités d’E. Coli dans la zone tropicale.
Cela signifie que l’eau est vraiment sale !
Pour le chimiste cantonal de Genève, Patrick Edder,
"les E.Coli sont des indicateurs d'hygiène. Ils sont synonymes d'une contamination fécale, dans le cas présent. Ce sont de très bons indicateurs, car ils sont très sensibles aux désinfectants. Le fait d'en retrouver montre qu'il y a un problème dans le processus et dans la maîtrise de la qualité de l'eau. Donc, un E.Coli, c'est au-dessus de la norme, et il faut faire quelque chose. 8 E.Colis, c'est déjà une très forte contamination, et cela montre un vrai problème dans le processus de contrôle de la qualité de l'eau."
Nous avons bien sûr informé la direction d’Aquaparc de la présence d’E. Coli dans sa zone tropicale. Le directeur d’Aquaparc a pris la chose très au sérieux et nous indique que le dernier contrôle en date du service vétérinaire a conclu à une eau propre. Tant mieux pour ses clients qui ont eu de la chance ce jour-là!
Quant aux Bains de Lavey, sa direction nous dit avoir immédiatement procédé au vidage et à la désinfection du bassin.
Dans trois établissements, les analyses ont révélé la présence d’une bactérie bien plus problématique, la légionella pneumophila. La légionelle est une bactérie malheureusement très proliférante.
Bains de Cressy
100 unités microbiennes pas litre
C’est 100 de trop, même si cela correspond au seuil de détection. On ne devrait pas trouver cette bactérie pathogène dans des bains publics, ni ailleurs. Le directeur des Bains de Cressy nous dit avoir immédiatement instauré un renforcement de la maintenance du jacuzzi, dès que nous lui avons communiqué ce résultat, et un nouveau contrôle a dû été réalisé hier!
Bains du Val d’Illiez
200 unités de légionelles par litre
Le Directeur général des Bains du Val-d’Illiez, communique que des contrôles microbiologiques ont été mis en œuvre immédiatement et planifiés dans la durée ; une désinfection du jacuzzi incriminé a été faite ipso facto ; une vidange des bassins, un lavage manuel et une désinfection globale seront entrepris dès la semaine prochaine.
Bains d’Ovronnaz
2600 unités de légionelles par litre
Le prélèvement a été fait "dans le jacuzzi, à l'intérieur de l'établissement. Rappelons que cette bactérie s'attaque aux poumons.
Patrick Edder, chimiste cantonal de Genève, juge ce dernier cas assez grave: "La légionelle, c’est beaucoup plus grave, parce que là nous sommes en face d’une bactérie qui n’est pas seulement indicatrice, mais pathogène, une bactérie qui peut donner une maladie humaine. Donc c’est beaucoup plus grave d’en retrouver. Dans deux cas, on est dans des valeurs qui ne sont pas catastrophiques, qui montrent qu’il faut prendre des mesures, qu’il faut faire quelque chose pour que cela ne se reproduise pas, pour que l’on maîtrise. Et puis nous avons un cas où, franchement, la valeur est très élevée, et même au-delà du seuil où on estime qu’il pourrait y avoir une transmission de la maladie. Puisqu’on estime qu’on pourrait attraper une pneumonie à légionelles pour une dose d’à peu près mille colonies par litre, et là on est à 2600, trois fois au-dessus, donc on est vraiment dans un cas qui est, à mon sens, assez grave."
La direction des Bains d’Ovronnaz a mis hors service immédiatement et provisoirement l’installation. Et, entre autres choses, elle mis au point une nouvelle procédure de nettoyage et désinfection quotidienne de ce jacuzzi .De nouveaux contrôles seront effectués prochainement par les services du Chimiste cantonal valaisan.
Entretien avec Elmar Pfamatter, chimiste cantonal VS (en vidéo)
Quand vous payez une entrée dans un bain thermal ou un centre de loisirs, vous payez aussi pour que l’hygiène du lieu soit correcte. Or, cinq établissements sur onze présentent des eaux qui ne sont pas propres au sens bactérien du terme. C’est trop, comme nous le confirme Patrick Edder: "Ces résultats sont très mauvais. Cinq non-conformités sur onze, cela me paraît même assez énorme, et cela montre en tout cas que des efforts doivent être faits dans les contrôles de ce type de bains." Des efforts doivent donc être faits et principalement là où des légionelles ont colonisé les installations: aux bains de Cressy, de Val d’Illiez ou d’Ovronnaz. Cette bactérie est très agressive pour la santé, comme nous l'explique Didier Pittet, professeur de médecine et d’épidémiologie.
L'histoire de la légionnelle: Pr Didier Pittet, HUG
« L'histoire de la légionelle, c'est l'histoire des légionnaires de l'armée américaine qui étaient en réunion en 1976 et qui ont été contaminés dans un hôtel par un système de ventilation qui était en mauvais état. Et c'est comme ça qu'on a découvert la bactérie, en fait. C'est une bactérie qu'on ne connaissait pas avant... Il y avait environ 220 légionnaires qui ont été malades, et malheureusement environ 35 qui sont décédés de cette maladie. »
Et donc on les trouve dans quel environnement, ces bactéries ?
« C'est des environnements aqueux. Ce sont des bactéries qui adorent les eaux, et surtout les réseaux et les circuits d'eau, et elles survivent dans les conduites d'eau, en parfaite symbiose avec les amibes, avec des amibes qui n'ont pas de pouvoir pathogène. »
Quel est son effet sur le corps humain, elle travaille comment, en quelque sorte ?
« Alors, le problème principal, c'est que c'est une bactérie qui est capable de créer des pneumonies. Des pneumonies qui sont sévères, parfois très sévères, qui peuvent vous conduire en réanimation, et puis malheureusement qui peuvent conduire au décès parfois. Par contre, les personnes les plus vulnérables sont les personnes classiquement un peu plus âgées, classiquement les gros fumeurs, les personnes qui abusent d'alcool, et puis évidemment les patients très immuno-supprimés, avec des maladies cancéreuses avancées, sont à risque de ce type de maladie, telle que la légionelle.»
Et cette légionellose, comment la contracte-t-on, en fin de compte ? Comment arrive-t-elle dans le corps humain ?
« En buvant de l'eau, on n'attrape pas une légionelle. En fait, on l'attrape par ce que l'on appelle la nébulisation, ou l'aérosolisation, c'est-à-dire que quand on fait de la vapeur, ou des gouttelettes d'eau, qui contiennent de la légionelle, et puis finalement on les aspire, et elle entre dans les poumons de cette façon-là. »
Jaccuzzzi.ch
Ils se retrouvent tous les mercredis soirs dans ce bar, au centre de Lausanne pour esquisser devant une bière leurs prochains défis. Il y a Pierre, l'architecte, Jean-Christophe, l'ingénieur civil, Thierry, ingénieur en microtechnique et enfin Nicolas, ingénieur en sciences des matériaux.
Cette bande d'ami s'est lancée dans la construction de jacuzzi autour de l'année 2000. Le manque de neige sur les pistes de ski les pousse à trouver une autre activité. L'idée vient rapidement de construire un jacuzzi sur les pistes. Ni une ni deux, les quatre compères récupèrent le matériel nécessaire à l'édification de leur "piscine des neiges". Des palettes CFF, une pompe de machine à laver et d'autres objets insolites composent ce jacuzzi pour le moins original. Après une journée de travail, les quatre amis se prélassaient dans leur baignoire à remous.
L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais galvanisés par leur réussite, nos quatre bâtisseurs se lancent de nouveaux défis: ils construisent un jacuzzi sur le sommet du Mont-Blanc, un autre sur le lac Léman, puis un autre suspendu dans le vide au-dessous d'un pont… Rien ne semble pouvoir les arrêter.
jaccuzzi.ch: des jacuzzis dans des lieux insolites
Notre rubrique: Inkasso sale la facture
Un beau matin, Cédric Chaboudez reçoit un courrier étonnant: "J’ai reçu une lettre de recouvrement de la part d'Inkasso service pour des créances ouvertes auprès d'une entreprise Usenext, basée en Allemagne. Je n'avais jusqu'alors reçu aucune facture, aucun rappel ni aucun courrier. Rien du tout. J’ai tout de suite parlé à ma femme. Elle a directement eu peur. Elle partait en courant à la poste, entre guillemets."
Avant de payer quoi que ce soit, Cédric Chaboudez a la sagesse d’examiner cette lettre en détails. Et les chiffres avancés sont pour le moins surprenants: "J’aurais une créance ouverte de 47,50 CHF, des frais de perception de 71,30 CHF… Je trouve un peu exagéré. Les frais administratifs à 31 CHF, j'ai des frais administratifs, encore, de 8 CHF. Et les frais de la présente lettre, 11 CHF. Pour un total de 168,80 CHF."
168,80 CHF, au final, pour une facture que Cédric Chaboudez n’aurait pas payée, qu’il n’a jamais reçue, ni rappel d’ailleurs, de la part de Usenext. Mais qui est Usenext? Il s'agit d'un site payant, proposant des téléchargements haut-débit, avec 14 jours d’essais gratuit.
Pour attirer l’Internaute, Usenext propose effectivement 14 jours d’essai gratuit. Cédric Chaboudez se souvient avoir utiliser ce service: "J’ai utilisé Usenext pour mes 14 jours d’essai. Je crois que je suis allé une ou deux fois dessus, pas plus. Il y a environ 4 ans. Et depuis, plus rien…"
Pour comprendre ce qui lui arrive aujourd’hui, Cédric surfe sur Internet à la recherche de forums qui évoqueraient son problème. Et il trouve rapidement des cas comparables au sien: "Ces forums m’ont appris que beaucoup de gens sont dans le même cas que moi. Beaucoup de personnes ont également reçu des lettres comme la mienne après une période de 2 à 4 ans. Maintenant j’ai compris qu’après la période 14 jours, il faut envoyer un mail de résiliation. Chose qu’il y a quatre ans en arrière, je ne me souviens plus l'avoir fait. Mais à mon avis je ne dois pas l’avoir fait."
En clair, après cette période d’essai gratuite, si vous ne voulez pas devenir un abonné payant de Usenext, vous devez faire une démarche de résiliation active, "faute de quoi votre contrat sera automatiquement prolongé." Ce procédé n'est pas du goût de Cédric Chaboudez qui considère que "cette méthode est limite. C’est de l’argent facile. Se mettre devant le fait accompli et puis voilà."
Cédric Chaboudez entend bien recevoir le justificatif de sa facture. Il écrit et téléphone à Inkasso. Trois semaines plus tard, il n'a toujours reçu aucune réponse. En s’annonçant Télévision Suisse Romande, il aura suffit d’un coup de fil à Inkasso pour obtenir la promesse que Cédric Chaboudez recevra cette fameuse facture de Usenext.
Dans cette histoire, Cédric Chaboudez aura en tout cas appris que "rien n'est gratuit."
Et ce stratagème est bien connu de la Fédération Romande des Consommateurs : les sociétés qui pratiquent l’opting out comme Usenext savent pertinemment que la clause de désabonnement ne sera pas lue par bon nombre de leurs clients de passage. Ce qui est choquant. Selon Valérie Muster, juriste à la Fédération Romande des Consommateurs quelques principes sont sensés réglementer ce type d'offre: "Au niveau de la défense des consommateurs, il faudrait que le fait que le service devienne payant soit clairement mis en évidence. Donc tout aussi grand que le fait que l’offre est gratuite pendant quelques temps."
Ce qui n’est visiblement pas le cas chez Usenext. Que peut donc faire M. Chaboudez à présent? Pour Valérie Muster, il doit s'acquitter de la facture, mais contester une partie des frais: "Là, il faut qu’il paie ce qui est dû, donc ce qui correspond à la créance en elle-même. Par contre, tout ce qui est frais administratif et les frais qui dépassent ce qui est compris dans les intérêts moratoires ou les frais de rappels qui étaient prévus par le contrat, tout ces autres frais non identifiés, même si ils sont inscrits sur le courrier, il faut qu’il les conteste et qu’il demande à la société de les justifier. Sans justification de la société, on estime que ce ne sont pas des frais extraordinaires qui peuvent être mis à la charge du consommateur."
Cédric Chaboudez a suivi ces conseils. Mais presque trois semaines après notre appel à la société de recouvrement, il n’a toujours pas reçu la facture qu’il aurait dû payer. Quant aux justificatifs de frais administratifs d’Inkasso, il les attend toujours.