ABE se met au vert le temps d'une émission spéciale depuis le jardin botanique de Neuchâtel. ABE a testé la composition et les performances de huit terreaux sans tourbe: différences étonnantes. Tous les secrets de fabrication du compost maison expliqués par un spécialiste et séquence conseils!
Aujourd'hui encore, de nombreux terreaux proposés en magasin contiennent de la tourbe. Pourtant, les tourbières constituent des écosystèmes fragiles, vieux de plusieurs milliers d’années, qu'on détruit irrémédiablement pour fleurir nos jardins. Exemple choc avec des images tournées en Lituanie. La Suisse a interdit l'extraction de la tourbe sur son propre sol depuis 1987, mais elle en importe plus de 100.000 tonnes par année des pays baltes.
Des solutions alternatives existent, encore faut-il choisir le bon produit. ABE a testé la composition et les performances de huit terreaux sans tourbe. On découvrira des différences étonnantes, bien visibles à l’œil nu sur nos plantes témoins!
Pour remplacer la tourbe ou diminuer les engrais chimiques, utilisez un bon compost! Tous les secrets de fabrication du compost maison expliqués par un spécialiste.
Interdite en Suisse, la tourbe est importée
Par le passé, la tourbe a été la ressource économique miracle de régions entières, utilisée aussi bien par les particuliers que pour chauffer les fours de vastes sites industriels. A partir des années 70, on l’a aussi utilisée comme substrat dans l’horticulture. En 1987, les Suisses acceptent largement l’initiative de Rothenturm qui interdit l’extraction de la tourbe. Du coup, on en importe massivement, des pays baltes pour l’essentiel.
Une hypocrisie intolérable aux yeux de Verena Diener, conseillère aux Etats vert’libérale qui, en 2010, dépose un postulat pour limiter, voire interdire l’importation de la tourbe. Le Conseil fédéral vient d’y répondre, avec un plan d’abandon de la tourbe qui accorde aux milieux horticoles 20 ans pour s’organiser par des mesures volontaires. Un délai trop long, notamment pour l’association Pro Natura qui souhaite une interdiction totale de la tourbe d’ici la fin de la décennie. Le temps presse, d’autant plus qu’une autre problématique s’ajoute à la destruction des marais: celle du réchauffement climatique. Pour l’heure, si certains grands distributeurs s’engagent à ne plus vendre de terreau contenant de la tourbe, d’autres font la sourde oreille.
La recette du bon terreau
Se passer de tourbe, c’est possible! Petit tour dans le Seeland bernois, chez Ricoter, pratiquement le seul fabriquant de terreau en Suisse. Ce dernier s’engage pour sortir de la tourbe, sans y parvenir entièrement…. Il y a bien des ingrédients de base: terre végétale, compost d’écorces, fibre de bois, divers substrats minéraux en option (pierre volcanique, pierre ponce ou argile concassée). Pour le reste, on mettait de la tourbe, parfois en très grande proportion. Aujourd’hui, on la remplace, entre autres par de la fibre de coco. Problème: elle est acheminée par bateau du Sri Lanka. Des milliers de kilomètres qui ont un coût financier et environnemental.
Des professionnels qui renoncent à la tourbe, on en trouve pourtant, par exemple au Jardin Botanique de Neuchâtel qui a décidé de tenter l’expérience il y a 13 ans déjà. Mais ici comme ailleurs, on n’a trouvé aucun produit miracle capable de remplacer la tourbe. Pour s’en passer avec des plantes aussi diverses que celles d’un jardin botanique, il faut sans cesse tâtonner, combiner de nouveaux mélanges.
Terreaux universels: le test
A l’Agroscope de Changins, chez Sol-Conseil, une structure privée qui regroupe une trentaine d’associations et de professionnels des milieux agricoles, on réalise 100.000 analyses de sols chaque année, pour des clients privés ou des collectivités publiques. Nous y avons amené 8 terreaux universels sans tourbe, achetés dans différents points de vente de Suisse romande.
Voir les résultats du test: Terreaux universels: le test
Comment fabriquer son compost
Parmi les composants d’un bon terreau, il y a le compost. Bien employé, ce dernier amène les éléments fertilisants nécessaires à la plante. Il permet donc de se passer d’engrais chimiques. Mais il a encore bien d’autres propriétés, que l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) étudie à la loupe.
Faire son compost soi-même, qu’on ait un balcon ou un jardin, c’est tout un art. Excepté les plantes malades, tout est bon à prendre (feuilles mortes, gazon, branchages, épluchures de cuisine etc.). Mais il y a des proportions à respecter. Pour ceux qui n’ont pas de jardin, le vermi-compost est bien pratique. Il prend peu de place et on l’alimente uniquement avec des épluchures de cuisine. Ce sont des vers de terre qui vont faire le travail de digestion.
Et séquence conseils, grâce à une dizaine de téléspectateurs qui nous ont confié des échantillons de terre de leurs bacs ou jardins, pour savoir comment amender leur sol.
Du compost au biogaz
Germanier Ecorecyclage est le centre de compostage industriel le plus important de l’arc lémanique. Il traite chaque année 26.000 tonnes de déchets organiques. On produit du compost, mais aussi du biogaz. Comme dans un compost traditionnel, on prend des déchets de jardins et des épluchures de fruits et légumes. Mais la nouveauté, c’est qu’on y ajoute des restes de repas cuits, riches en éléments qui vont produire du méthane.
Une cinquantaine de tonnes de déchets mélangés sont enfournés chaque jour dans une machine spéciale au nom évocateur: le digesteur. Le gaz ainsi produit doit encore être concentré, pour atteindre le taux réglementaire de 97% de méthane. Il alimentera des cuisinières, des chauffages, mais aussi des voitures à gaz. Le plein à la pompe est deux fois moins cher qu’avec de l’essence, et le bilan écologique bien meilleur.