Le tatouage est devenu un phénomène de mode. L’exemple des Beckham, Brangelina, Rihanna et autres stars draine de plus en plus de monde dans les salons de tatouage. Près d’un jeune adulte sur quatre a déjà confié sa peau à l’aiguille du tatoueur.
Aujourd’hui, les cols de chemises ou l’échancrure des tailleurs cachent avec peine les entrelacs colorés de tigres, dragons et autres personnages. Quand ce n’est pas carrément à l’orée d’un visage qu’on voit poindre une arabesque. Ils-elles ont le tatouage dans la peau et témoignent.
Mais l’acte est loin d’être anodin. Un tatouage, en principe, ça dure une vie. Et les traditionnelles encres de Chine ont laissé place depuis belle lurette à une multitude de pigments industriels colorés. Des pigments contenant des composés qui ne sont pas tous sans dangers. La législation suisse n’est pas toujours respectée! Ce que voient passer certains dermatologues incite à la prudence!
Et ce n’est pas uniquement la faute des tatoueurs. L’absence d’une réglementation unifiée au niveau européen n’arrange rien.
Bienvenue à la convention de tatouage de Strasbourg
En dix ans, le tatouage est devenu un phénomène de mode. Pour en mesurer l’ampleur, ABE s’est rendu à la deuxième convention biennale de Tattoo World, à Strasbourg (F). Constat: si l’on est bien loin de l’époque des "bad boys", il reste cependant de grandes zones d’ombre en matière de dangerosité des pigments utilisés. Et si du côté hygiène il n’y a pas de réel contrôle, la loi française a commencé depuis quelques années à réglementer ce monde considéré jusqu'à peu comme marginal.
Ils témoignent de leur passion
Le tatouage, c’est douloureux et cher, plusieurs dizaines, voire centaines d'euro selon la grandeur du motif. Ce qui n’empêche pas Monsieur et Madame Tout le Monde d’emboîter le pas aux stars du cinéma ou du ballon qui ont contribué à démocratiser le tatouage. En Suisse, il faut avoir 18 ans pour se faire tatouer ou une autorisation parentale. Mais pourquoi une telle attirance? Des adeptes – dont le journaliste et critique d’art Etienne Dumont, tatoué de la tête au pied – nous livrent quelques pistes par leurs témoignages.
Questions d’encre
L’engouement pour le tatouage soulève des questions sanitaires. Le tatouage n'est en effet pas un acte anodin. La peau subit une blessure. Certaines encres de tatouage peuvent contenir des substances interdites, car cancérogènes. Le risque aussi de réveiller des maladies de peau est réel. En Suisse, on dispose d’une législation en la matière d’encres. Problème: les législations dans le monde sont très différentes les unes des autres, quand elles existent, et beaucoup des producteurs sont situés outre-mer ou dans le reste de l’Europe. Impossible dans ces conditions de contrôler les milliers d'encres de tatouage disponibles sur internet. Dans le doute, on applique le principe de précaution avec une liste négative, comportant près d'une centaine d'encres interdites, mise à disposition des tatoueurs helvétiques.
L’hygiène constitue aussi un problème. La Confédération a édicté un guide des bonnes pratiques de travail pour éviter les contaminations. Mais il ne s’agit que de recommandations. Au final, il faut se renseigner sur le tatoueur, et s’assurer qu'il travaille dans de bonnes conditions d'hygiène et utilise des encres conformes. Un tatouage ne se fait donc pas sur un coup de tête. D’autant plus qu’effacer un tatouage est dix fois plus douloureux que le faire, et coûte 50 fois plus cher…
Enquête sur les pratiques des tatoueurs de Suisse romande
Les pratiques des tatoueurs sont différentes selon les salons, notamment en matière de tatouage sur les mineurs. ABE a téléphoné à 24 tatoueurs de Suisse romande c’est-à-dire à peu près la moitié des salons de la région. Quels sont leurs pratiques de travail? Les encres qu’ils utilisent? Et leurs conseils?
Le cas du tatouage temporaire à l’henné
Pierre Piletta, dermatologue, nous dit pourquoi un tatouage temporaire à l’henné, appliqué à la surface de la peau, n’est pas sans risque. Car le problème se pose quand l’henné naturel n’est pas pur et qu’il est mélangé à de la parphénylènediamine (tatouage plus noir, plus durable). Les risques d’allergies sont dès lors accrus. Comme il n’y a pas de régulation de la pratique du tatouage à l’henné, il est conseillé de se méfier de ce type de tatouage dans les zones touristiques.
La rubrique ABE:
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