Particules fines, composés organiques volatils, formaldéhydes… Ces poisons invisibles saturent trop souvent l’air que nous respirons, y compris à l’intérieur. Se calfeutrer bien au chaud chez soi en hiver ne protège pas de la pollution, bien au contraire! Les peintures, colles et vernis qui tapissent nos appartements et bureaux dégagent en permanence des substances bien peu recommandables.
ABE remonte la piste des polluants intérieurs, en mesurant leur présence dans une dizaine de situations de la vie quotidienne. De la maison au travail, en passant par les trajets en voiture ou en transports publics, décryptage des dangers qui vous guettent avec des spécialistes de la santé et de la toxicologie.
La pollution au coeur de notre foyer
La pollution d’intérieur est souvent ignorée, pourtant nous passons près de 90% de notre vie à l’intérieur. L’air de nos maisons est particulièrement nocif, surtout en hiver lorsque les fenêtres restent bien closes. Les activités du quotidien comme le ménage ou la cuisine, de même que les colles, peintures, revêtements ou vernis de meubles libèrent des substances peu recommandables.
Quelles sont les conséquences pour la santé? L’inhalation de composés volatils organiques (COV) irritants et toxiques provoque l’apparition de nombreux cas d’asthme. Ils contiennent aussi des substances cancérogènes comme le benzène.
Dans une cuisine où la hotte est inactive, la cuisson des aliments fait grimper, au bout de vingt minutes, jusqu’à trente fois la concentration en particules fines et en COV dans l’air ambiant. Ils se répandent sous forme de minuscules gouttelettes d’huile.
La combustion est donc en cause. Si les bougies ne présentent pas de risques pour autant que la mèche brûle correctement, sans dégager de fumée, les bâtons d’encens décuplent la concentration en particules fines dans l’air. Les COV sont, quant à eux, multipliés par 15. On atteint le niveau mesuré au bord d’une route très fréquentée.
La solution passe donc par une aération régulière de son logis que l’on répugne souvent pour des raisons d’économie d’énergie. Dans l’idéal, il faudrait un renouvellement de 3 à 4m3 d’air par adulte et par heure.
Entretien avec Marcel Kohler, directeur du Service de toxicologie de l'environnement bâti (STEB)
La pollution au travail
L’analyse de l'air dans un bureau aménagé en espace partagé révèle une accumulation de substances issues des produits de nettoyage, des parfums, des meubles, des moquettes ou encore des résines et plastiques. Parmi elles, on trouve des alcools, des aldéhydes et différents composés organiques volatils mais surtout le formaldéhyde.
Cette molécule unique, bien connue du point de vue toxicologique, est un irritant, un sensibilisant qui pénètre relativement bien les tissus, et notamment la peau. A partir d’un certain niveau de concentration le formaldéhyde va provoquer une sensation d’inconfort chez les occupants du bureau. Inhaler à forte doses, il peut provoquer des cancers du nasopharynx.
Les professions du nettoyage sont très largement exposées à ces risques, notamment dans des environnements où la propreté doit en permanence être irréprochable. Dans cette institution médicalisée de Lavigny (VD), qui accueille une centaine de résidents handicapés mentaux, vingt nettoyeurs s’activent quotidiennement avec des produits parfois très agressifs.
La protection est donc le maître mot. Pour limiter au maximum les risques d’accident, les produits sont manipulés dans un local à l’accès strictement contrôlé. Un doseur automatique délivre l’exacte quantité de produit requis, histoire de ménager l’environnement et la santé des nettoyeuses. Les sprays, source d’inhalations toxiques ont été bannis. Les statistiques internationales montrent que les nettoyeurs souffrent deux à trois fois plus d’asthme que la population prise dans son ensemble. Les femmes de ménage à domicile sont une catégorie à risque, davantage isolée, qui échappe à tout contrôle des médecins du travail.
Les coiffeurs, dans leur travail, manipulent des irritants comme l’ammoniac et des sensibilisants comme le formaldéhyde, à des niveaux, certes, plus bas que le maximum admis par la SUVA, mais qui là encore ne disent rien sur de possibles pics d’exposition lors de courts instants. La prévalence d’asthme et les problèmes d’allergies cutanées sont élevés parmi les coiffeurs. Des risques dont les professionnels et les fabricants de produits commencent à prendre en compte.
Pollution dans les moyens de transport
Qu’en est-il de la pollution dans les moyens de transport, notamment au niveau des particules ultrafines?
Dans le train, on respire trois à dix fois moins de particules qu’à l’extérieur. Pour deux raisons: la bonne ventilation des wagons et le fait que les voies de trains sont souvent à l’écart des axes routiers.
Dans le tram, on est également bien protégé à l’intérieur. Par contre, lorsque l’usager change de rame, les longues minutes d’attente à un arrêt au centre-ville, à Genève par exemple, l’exposent particulièrement. Dans ces nœuds urbains fréquentés par les automobiles, le voyageur respire trois, cinq, voire huit fois (gare Cornavin) la quantité moyenne de particules considérée comme normale au bord d’une route à fort trafic.
Fenêtres fermées, la voiture constitue un environnement protégé grâce aux filtres de la ventilation. On constate toutefois quelques pics de pollution dans les embouteillages ou les tunnels mais beaucoup plus faibles que pour le piéton qui descend du tram. C’est le paradoxe de la voiture: on pollue, sans en souffrir directement.
Le cycliste, en absence d’habitat protecteur, est exposé à toutes les pollutions. Une montée en plein trafic, revient à respirer à peu près dix fois plus de particules ultrafines qu’un automobiliste. Rouler derrière un autocar, revient à en respirer 58 fois plus! Dès que le cheminement sur une piste cyclable parallèle et séparée du trafic est possible, le taux de particules baisse tout de suite de manière importante.
Rubrique: le démarchage des assurances maladie
Début octobre 2012, Mei Fa reçoit un téléphone d'un courtier en assurance - la société CEP Suisse - qui lui fait miroiter des économies en matière d'assurance maladie. La jeune Vaudoise accepte un rendez-vous. C'est le début d'un parcours du combattant qui va durer une année.
Les courtiers qu’elle rencontre lui vendent une assurance de base et une complémentaire chez Helsana. Elle signe le contrat, sans recevoir ni la copie ni les conditions générales de la police. En fait, les courtiers de la société CEP ont fait signer à la jeune femme une demande d'admission auprès d'Helsana et non pas un contrat. Selon la loi, l'assureur a 14 jours pour répondre à cette proposition.
En novembre, sans nouvelle, ni documents de la part de l'assureur dans le délai imparti, Mei Fa envoie à Helsana deux lettres de résiliation avec copie au courtier et se tourne vers un autre assureur. Helsana lui répond le 10 décembre qu’elle refuse l'annulation prétendant que la CEP l’a informé du maintien de l’assurance.
Mei Fa dément formellement. Comme tout le monde peut changer d'assurance de base chaque année, Helsana finit par accepter la résiliation de cette assurance. En revanche elle maintient les assurances complémentaires prévues jusqu'en 2017.
Elle met même la jeune femme aux poursuites. C'est l'intervention de la protection juridique de Mei Fa qui réussit enfin à faire entendre raison à l'assureur en évoquant des manquements graves de la part du courtier et le non-respect du délai.
De son côté, Helsana continue d’affirmer que ses courtiers ont fait tout juste. Elle indique pourtant avoir exceptionnellement accepté de revoir sa position en annulant rétroactivement la couverture et en retirant ses poursuites, qu’elle considère au demeurant justifiées.
En mars, une motion déposée par le conseiller national, Jacques-André Maire sera soumis au vote des Chambres fédérales. Le texte demande l'interdiction de tout démarchage téléphonique en matière d'assurance maladie.