Des petits élastiques de toutes les couleurs pour se fabriquer des bracelets personnalisés. Ils sont arrivés des Etats-Unis. Les enfants ont adoré. Leurs parents s’y sont mis. Mais que contient le caoutchouc dont sont faits ces élastiques ? La question se pose alors qu’Internet bruisse de rumeurs d’allergies et d’autres dangers et qu’un laboratoire anglais lance une alerte aux phtalates. ABE fait le point, avec analyses à la clef.
Autre parure: le bijou fantaisie. Là, ce sont certains métaux qui posent problème. Cette fois, en plus du nickel, cause majeure de graves allergies, A Bon Entendeur a traqué le cadmium, ce métal lourd et brillant qui, en bijouterie, remplace avantageusement l’argent. Côté toxicité, en revanche, c’est alerte rouge pour les consommateurs. La loi limite la teneur en cadmium, mais est-elle respectée ? ABE a voulu le vérifier, particulièrement pour ces petits bijoux fantaisie qui plaisent tant aux adolescentes. Et là aussi, les analyses sont éloquentes.
Du cadmium au prix de l'argent
Le cadmium est utilisé dans de nombreuses applications : fabrication de pigments, de plastiques ou encore de batteries. Mais ce métal est toxique pour l'homme et pour l'environnement. Une norme est entrée en vigueur en 2012 qui limite sa concentration à 0.01% dans les bijoux. Une norme qui n'est pas toujours respectée malgré les risques pour la santé des consommateurs. Certaines analyses commandées par ABE révèlent des teneurs 2000 fois supérieurs à la limite légale. Une situation jugée inadmissible par Vincent Perret, expert en toxicologie.
Les bijoux fantaisie: le test
Depuis 2012 et l'entrée en vigueur d'une norme sur le cadmium, les bijoux ne peuvent contenir plus de 0.01% de ce métal. ABE a voulu vérifier si les enseignent respectent cette limite légale. Soixante-cinq bijoux, provenant de divers magasins de Suisse Romande, sont passés sous un analyseur à fluorescence X. Un appareil qui se présente sous la forme d'un pistolet et qui permet d'obtenir les résultats de la composition de métaux en 15 secondes seulement.
Dans la grande majorité, les résultats obtenus sont rassurants. La plupart des bijoux testés sont dépourvus de cadmium ou restent dans les normes. Mais quatre parures sont tout de même problématiques.
Bracelet de chez Claire’s
Taux de cadmium: juste à la limite autorisée.
Anneaux de chez Saga de Lausanne
Taux de cadmium: 1,36%
Pendentif de chez Orchestra
Taux de cadmium: 17.19% soit 1719 fois la norme autorisée.
Un résultat problématique pour ce bijou principalement destiné aux enfants. Ceux-ci ont plus l’habitude que les adultes de porter des objets à la bouche. Or, comme nous l'a confirmé Vincent Perret, expert en toxicologie, les contacts buccaux représentent le principal danger d'absorption de cadmium.
Informé par ABE de ce résultat, le magasin Orchestra a retiré ce bijou de la vente et demandé sa destruction.
Le gouvernement canadien a pris les risques liés au cadmium chez les enfants très au sérieux. Il conseille aux parents, via son site de: "ne donnez pas à un enfant des bijoux pour adulte, que ce soit pour jouer ou pour porter.Interdisez à vos enfants de sucer ou de mâchouiller des bijoux !"
Collier en forme d’éléphant de chez Bellezone
Taux de cadmium: 23.75%, soit 2375 fois la valeur limite autorisée
Un résultat que nous avons évidemment communiqué à la boutique Bellezone, "le paradis des bijoux fantaisie" à en croire son site Internet! Bellezone a retiré ce produit de la vente, et nous dit que, "nous sommes mal tombés. Bellezone exige de ses fournisseurs des bijoux conformes aux normes suisses. Mais ce n’est pas toujours le cas et c'est difficile à vérifier, car les contrôles coûtent chers." S'il est vrai qu'un analyseur à fluorescence X coûte quelques milliers de CHF, le magasin reste responsable de ce qu'il vend. Il serait peut-être judicieux que les enseignes s'organisent et pourquoi pas se réunissent pour cette investissement.
Et dans le monde des bijoux fantaisies, certains ne reculent devant rien pour augmenter leurs profits. Dans une communication du laboratoire cantonal de Berne, datée de l’an passé, on pouvait lire ceci: "On suppose que, pour fabriquer des bijoux bon marché, certains producteurs récupèrent au rebut de la ferraille renfermant des piles et autres composants électroniques." Mieux vaut donc bien s'informer de ce qui se cache dans nos parures…
Le nickel, un allergène dans nos bijoux
On estime qu’environ 20% de la population générale est sensibilisée au nickel. Et cette sensibilisation est définitive. Elle se produit lors du transfert du métal à travers la peau. Si sa présence dans les bijoux n'est pas interdite, elle est réglementée. Et contrairement au cadmium, on ne fixe pas cette limite en fonction de sa proportion, mais en fonction de sa migration.
Du nickel dans les bijoux: le test
Dans notre échantillon de soixante-cinq bijoux, aucun n’est annoncé "sans nickel". Après analyse, sept se révèlent problématiques et contiennent du nickel qui migre en trop grande quantité.
Chaînettes de la boutique Louloue à Lausanne
Problème de migration du nickel Collier avec pendentif de chez Claire’s Problème de migration du nickel Tige de boucles d’oreilles de chez Claire’s Problème de migration du nickel
La marque Claire’s se contente de nous répondre qu’elle fait différents contrôles pour s’assurer que ses produits sont conformes aux normes; C’est d’ailleurs ce qu’exige son devoir d’autocontrôle. Ce qui ne veut encore pas dire que chaque bijou est analysé. Notre laboratoire, lui, a fait ces contrôles. La conclusion: ces deux bijoux ne sont pas conformes.
Lot de 7 bracelets de chez Orchestra
Problème de migration du nickel Ces bracelets ont été retirés de la vente et détruits, comme le pendentif en forme de cœur qui présentait un taux de cadmium trop élevé.
Bracelet de chez Oyela
Problème de migration du nickel Bague de chez Oyela Problème de migration du nickel
La propriétaire du magasin Oyela nous répond qu’elle est très touchée par nos découvertes, car elle dit avoir fait toujours très attention d’être correcte à ce niveau. Selon elle, ces deux bijoux proviennent de l’étranger, mais elle dit les avoir achetés à des fournisseurs en Suisse, en pensant qu’ils avaient été contrôlés à l’entrée dans notre pays.
Anneaux de chez Saga à Lausanne Problème de migration du nickel Ils dépassaient déjà la norme en cadmium. Ils contiennent également du nickel qui migre en quantité trop élevée.
A ce jour, Saga n'a pas répondu à nos courriers
Sur un échantillon de soixante-cinq bijoux, dix sont hors norme, soit 15% des produits testés. Les problèmes du nickel et du cadmium sont donc loin d’être réglés sur le marché. Une situation que confirme le chimiste cantonal de Genève, dont le laboratoire a réalisé tous ces tests. Selon lui, les autocontrôles sont insuffisants. Il annonce que son service va prendre des mesures pour que cette situation change.
Les Rainbow Looms, petits bracelets personnalisés en plastique
C’est des Etats-Unis que nous est arrivée cette marée d’élastiques de couleurs à tisser. Et c’est un père de famille qui en a eu l’idée et qui l’aurait d’abord développée pour ses enfants dans son garage, dans la plus pure tradition de la success story à l’américaine. Ce jeu amusant et créatif plaît aux enfants. Mais si ces petits élastiques se sont répandus à une telle vitesse, c’est surtout parce qu’on est à l’heure des réseaux sociaux. Prenez Youtube ! On y trouve des centaines de milliers de tutoriaux, c’est-à-dire de vidéos réalisées pour la plupart par des jeunes qui montrent leur technique de tissage. Et certains sont visionnés par des millions d'internautes.
Les Rainbow Looms inquiètent
Sur internet, on trouve aussi des photos inquiétantes d’allergies qui auraient été causées par ces élastiques. Mais seules les rougeurs apparaissant sur les zones de contact pourraient avoir été causées par les bracelets, selon les dermatologues que nous avons consultés.
Notre rubrique: quand les bouteilles de vin cachent une entourloupe !
"Enfants de Bacchus", "Vignerons indépendants encaveurs", "Domaine renaissance", "louis cuvier de vins/20", ce sont peut-être des noms qui vous rappellent une mauvaise expérience. Ces sociétés démarchent par téléphone pour vous faire livrer du vin que vous n’avez jamais commandé. Une mésaventure similaire est arrivée à Allen Savard, avec une nouvelle "démarcheuse" au nom très chic, "Marquise Inès d’Avre".