La Suisse est championne du monde de la consommation bio, même si cette dernière reste marginale en pesant un peu plus de 8% du marché alimentaire. Le bio est trop cher, entend-on souvent. Vrai ou faux ? A Bon Entendeur l’a vérifié en faisant des achats chez des producteurs, dans des marchés et dans les grandes surfaces. Aujourd’hui, Migros et Coop vendent à eux seuls trois-quarts des produits bio consommés dans notre pays. Quelle part du prix d’achat revient aux producteurs ? Quelle est la marge des grands distributeurs ? De plus en plus d’agriculteurs se mettent au bio. ABE en a rencontré quelques-uns et a cherché à connaître leurs motivations.
Le bio toujours (trop) cher?
Portrait d’un producteur en reconversion biologique
ABE a rendu visite à Camille Boschung, un producteur d’herbes aromatiques à Soral dans le canton de Genève. Récemment affiliée au label Bourgeon de Bio Suisse, son entreprise « 1001 Herbes » est tenue de suivre un cahier des charges très stricte qui lui dicte par exemple le type d’engrais ou de semences à utiliser. Camille Boschung vend ses herbes fraîches ou séchées essentiellement en vente directe. Il lui est cependant difficile d’aligner ses prix avec ceux des grandes surfaces qui proposent des herbes aromatiques bio en provenance de l’étranger où le coût de la main d’œuvre est moins élevé. L’agriculture bio nécessite en effet un plus grand nombre d’heures de travail et des produits plus coûteux que pour une production traditionnelle. Pas facile pour Camille Boschung de se payer son propre salaire, d’autant plus qu’étant locataire des parcelles qu’il cultive, il ne reçoit pas l’aide directe aux agriculteurs de la Confédération. Malgré ces difficultés, la production biologique, gage de qualité des produits, est pour lui une évidence.
Entretien avec Pascal Olivier, responsable de l’antenne romande de Bio Suisse
Selon le cahier des charges du label le Bourgeon de Bio Suisse, quels sont les produits de traitement acceptés dans le cadre de l’agriculture biologique? Est-ce que le rendement des cultures bio sont toujours réellement inférieurs?
Un pionnier du bio en terre vaudoise
Hector Silva est producteur bio depuis 25 ans dans le canton de Vaud. Cette année, le climat a favorisé la production des courges potimarron. On en trouve en abondance sur son stand au marché où elle est même vendue moins cher qu’en grande surface. Grâce, selon lui, à l’absence d’intermédiaire. Il cultive une soixantaine de légumes différents qu’il commercialise via les paniers commandés sur internet et au marché. Une grande partie de son bénéfice est de plus réalisée par la vente aux grossistes ou dans les magasins bio. Mais c’est avec les salades produites sous serres que l’agriculteur réalise la plus grande marge. Ce légume est en effet peu cher à l’achat et sa culture nécessite peu d’entretien. On compte 8% de producteurs biologiques en Suisse romande en 2016, beaucoup moins que la moyenne suisse qui atteint environ 13%. Ce type de production connaît actuellement un essor : l’année passée, 112 agriculteurs romands se sont affiliés à Bio Suisse.
Manuelle Pernoud et Stéphane Fontanet s’entretiennent avec Pascal Olivier
Le bio est-il toujours trop cher ? ABE a acheté des potimarrons et des pommes de terre dans les marchés et dans les grandes surfaces, pour comparer les prix. Comment expliquer les différences de prix pour des produits bio selon les magasins?
Le bio chez les grands distributeurs
A la Coop, un potimarron conventionnel coûte 3.95 CHF le kilo contre 6.95 CHF en production bio. Le porte-parole du distributeur explique cette différence par un mode de production plus cher et des rendements moins élevés en agriculture biologique. De son côté la Migros estime que l’offre de produits bio ne répondant pas à la demande, il est donc normal que ces produits soient plus chers. Mais comment les grandes surfaces calculent-elles leurs marges ? ABE est parti enquêter chez un des producteurs de potimarrons bio qui livre à la Coop. Selon nos calculs, sur le prix total de ce produit, un peu plus de 40% de marge revient au grand distributeur. Paradoxalement, les produits bio sont souvent plus emballés que les conventionnels pour garantir leur origine. Une partie importante du prix est donc aussi due à l’intermédiaire qui effectue ce travail et qui se charge également de distribuer la production. Selon les informations d’ABE, la marge des grandes surfaces est calculée en pourcentage du prix d’achat au producteur et non en valeur absolue. Ce procédé augmente donc encore le prix de ces produits. Mais comme de plus en plus d’agriculteurs suisses se mettent au bio, les prix pourraient potentiellement baisser grâce à l’accroissement de l’offre.
Manuelle Pernoud et Stéphane Fontanet s’entretiennent avec Pascal Olivier (suite)
Qu’est-il possible de faire pour que les prix du bio diminuent ? Ces produits sont-ils meilleurs pour la santé et quelles sont les avantages du point de vue nutritif?
LA RUBRIQUE – Mise aux poursuites: une bonne nouvelle!
Etre mis aux poursuites n’est jamais agréable, encore moins si la poursuite en question est infondée ! Actuellement, il est tellement facile de réclamer de l’argent sans avoir un quelconque justificatif à fournir. Heureusement, à l’avenir les choses vont changer, lentement mais sûrement, à un rythme bien helvétique. Les conseils d’ABE : il faut déclarer son opposition à toute mise aux poursuites injustifiée dans un délai de 10 jours. Un commandement de payer peut lui aussi être contesté sinon il sera considéré comme accepté. Il faut également réagir par écrit à toute menace de mise aux poursuites pour laisser une trace en cas d’ouverture d’une procédure judiciaire.