Trop d’antibiotiques tue les antibiotiques !
Trop d’antibiotiques tue les antibiotiques !
Comment les bactéries deviennent résistantes
Pour combattre les infections, on utilise couramment des antibiotiques. Mais si l’on interrompt le traitement ou si la prescription est mal ciblée, les bactéries pathogènes peuvent devenir résistantes, voire multirésistantes, dans ce cas elles peuvent ne plus être traitables par aucun antibiotique. La cause ? A force d’avoir abusé des mêmes molécules dans le monde médical et animal, même les antibiotiques de dernière génération deviennent inefficaces. Aujourd’hui on court le risque de mourir à nouveau d’une infection, comme c’était le cas avant la découverte de la pénicilline. L’alimentation est une importante source de contamination par la consommation d’aliments, viande mais aussi légumes, insuffisamment cuits. On peut aussi retrouver des bactéries résistantes dans l’eau des nappes phréatiques, des lacs ou des rivières, contaminées par le lisier et les déjections humaines. On peut revenir contaminé d’un séjour hospitalier ou de vacances dans un pays lointain. Même les animaux de compagnie peuvent nous transmettre leurs bactéries résistantes.
Entretien avec Dr. Carmen L. Pessoa Da Silva, coordinatrice du système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens, OMS
Concrètement, quelles sont les infections qu’il devient difficile de traiter parce que les antibiotiques censés les guérir sont devenus inefficaces ?
Suite de l’entretien avec le Dr. Carmen L. Pessoa Da Silva
Comment évaluez-vous la situation actuelle, êtes-vous plutôt optimiste ou plutôt pessimiste ? En matière de recherche, qui doit investir ? Les Etats ou les industries pharmaceutiques ?
L’antibiorésistance peut se transmettre
L’antibiorésistance humaine et animale ne cesse de croître. L’Institut de bactériologie vétérinaire de l’Université de Berne en a découvert la raison : les bactéries ont la capacité de transmettre leur patrimoine génétique résistant à directement à d’autres bactéries humaines ou animales. L’antibiorésistance peut donc se transmettre de l’humain à l’humain, mais aussi de l’animal à l’humain. C’est principalement la viande de poulet qui est à l’origine de ces contaminations croisées. Cette viande est de plus souvent porteuse de bactéries résistantes aux antibiotiques de dernières générations. Face à ce problème, la Suisse a interdit l’usage des antibiotiques à titre préventif dans les élevages. Si on effectue régulièrement des analyses microbiologiques à l’abattoir, on n’effectue en revanche aucun dépistage de bactéries antibio-résistantes. Et en Europe, qui est pourtant devenue aussi restrictive en matière d’usage des antibiotiques dans le monde animal, les contrôles sont rares voire totalement absents dans certains pays.
L’usage des antibiotiques dans le monde animal
L’antibiorésistance doit beaucoup à l’industrialisation de la production animale. Chaque année, 130'000 tonnes d’antibiotiques, les trois-quarts de la production mondiale, sont administrées aux animaux dans les élevages industriels. On pourrait pourtant éviter l’usage des antibiotiques en pratiquant un mode d’élevage plus respectueux des animaux ; en évitant la surpopulation et le confinement des lieux de détention, par exemple. ABE a visité un élevage de poulets bio à Domdidier (FR) où est élevée une race de poulets à croissance lente et adaptée au plein air. Moins sujette aux infections que les races industrielles sélectionnées pour faire de la chair très rapidement, elle ne nécessite en principe aucun traitement aux antibiotiques. Il faut noter qu’en Suisse, tout traitement antibiotique aux animaux doit être prescrit par un vétérinaire. La Confédération a mis sur pied un programme de lutte contre l’antibiorésistance, le programme STAR, qui organise entre autres des campagnes de sensibilisation destinées aux offices de sécurité alimentaire, de la santé, des affaires vétérinaires, de l’agriculture et de l’environnement. Bio suisse a de son côté établi une liste d’exclusion afin de ne jamais administrer les antibiotiques de dernière génération aussi utilisés dans la médecine humaine, les seuls qui ont encore quelques effets.
Entretien avec Daniel Koch, responsable de la division Maladies transmissibles de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) en duplex de Berne
Le problème de transmission de l’animal à l’homme est en augmentation en Suisse. Pourquoi ?
Test de présence de bactéries résistantes dans la viande de poulet
ABE a soumis 17 échantillons de poulet à un laboratoire pour détecter une éventuelle présence de bactéries résistantes. Voici les résultats de ces analyses.
Poulet: test de présence de bactéries résistantes
Voici les résultats de ces analyses:
Sans bactéries résistantes
Avec bactéries résistantes
La préparation du poulet, recommandations d’hygiène
C’est la viande de poulet qui pose le plus de problèmes en matière de transmission de bactéries résistantes. En prenant quelques précautions, il est cependant possible d’éviter la contamination. Il ne faut par exemple pas mettre en contact les aliments que l’on va manger crus avec des ustensiles utilisés pour découper la viande. Il est recommandé de bien se laver les mains avec du savon pour éviter de transmettre des bactéries sur tous les ustensiles ou les endroits que l’on touche. La viande de poulet doit également cuite suffisamment longtemps pour qu’elle atteigne 65 à 70 degrés à cœur.
Entretien avec Daniel Koch en duplex de Berne et Dr. Carmen L. Pessoa Da Silva
Que peuvent faire les médecins et les patients ? La Confédération lancera des campagnes de sensibilisation et l’ONU a prévu un plan d’action mondial, avec plusieurs priorités.
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