Des sels exotiques, de la fleur de sel, du sel à toutes les sauces : on trouve aujourd’hui quantité de sels différents sur le marché. Problème : ils ne sont pas tous iodés. Et conséquence de ce manque, combiné aux campagnes de santé publique contre l’abus de sel : la population suisse commence à être carencée en iode, notamment les femmes. C’est grave, parce que l’iode est un oligo-élément vital à notre organisme, et indispensable au bon fonctionnement de la thyroïde. ABE plonge dans ces montagnes de sel, avec et sans iode, et interroge les pouvoirs publics : comment faire consommer de l’iode à la population ? Comment encourager l’industrie alimentaire à utiliser plus de sel iodé dans ses produits ? Un sujet qui pour une fois manque de sel, mais pas de piquant !
Trop de sel, pas assez d’iode : danger !
Sel et carence en iode en Suisse
Nous avons visité les Mines de Bex, les dernières encore en activité dans les Alpes suisses. 30'000 tonnes de sel y sont produits chaque année. Une partie du sel récolté est supplémenté en fluor mais aussi en iode, cet oligo-élément indispensable au bon fonctionnement de notre corps. Il faut préciser que l’iode contenu dans l’eau de mer ne reste pas dans le sel lors de sa cristallisation. En Suisse, une étude de 2014 a révélé un niveau de carence inquiétant au sein de la population : 2% des hommes mais surtout 14 % des femmes sont concernés. En partie en cause, les campagnes qui incitent à manger moins salé pour éviter les problèmes liés aux maladies cardio-vasculaires. Une carence sévère en iode entraîne une hypothyroïdie qui peut provoquer des symptômes tels qu’une grande fatigue et des problèmes digestifs comme de la constipation. Sur le long terme, un gonflement de la thyroïde, ou goitre, peut également apparaître. La dose recommandée par jour est de 120 μg (microgrammes) pour un enfant, 150 μg pour un adulte et 250 μg pour une femme enceinte. L’iode ajouté dans le sel de cuisine est la principale source de cet oligo-élément en Suisse.
Entretien avec le Dr Muriel Bochud, médecin-cheffe Division des maladies chroniques IUMSP, et Stéphane Fontanet pour les résultats du test de 12 sels
Les besoins en iode des femmes enceintes et les problèmes liés aux carences pour les fœtus et le bébé après sa naissance. Stéphane Fontanet nous commente les résultats des analyses de l’iode contenu dans 12 sels achetés en grandes surfaces et en pharmacie. La présence de sels minéraux (potassium, calcium, magnésium, fer, zinc et cuivre) ainsi que celle de métaux lourds (strontium, aluminium, nickel, plomb, cadmium et arsenic) a aussi été analysée. Résultats : les 3 sels iodés contiennent bien la dose légale de 25 mg par kilo. Tous les sels testés ne contiennent d’autre part que de très faibles doses des sels minéraux et des métaux lourds cités plus haut.
Où trouve-ton de l’iode ?
En Suisse, il n’y a pas d’iode dans les sols, les fruits et légumes produits dans notre pays n’en contiennent donc pas. Il faut se tourner vers les produits marins pour en trouver : les poissons de mer, les fruits de mer et les algues en sont riches. On en trouve aussi dans le lait et dans certains produits laitiers, le fourrage d’hiver dont est nourri le bétail étant enrichi en iode. Mais la majorité de l’iode consommé provient du sel contenu dans les aliments préparés : on en trouve ainsi dans la plupart des pains, sauf dans les pains bios. En principe, le type de sel utilisé pour la préparation doit être indiqué sur l’étiquette en Suisse. Mais les fabricants utilisent de moins en moins de sel iodé. De nombreux pays en interdisant l’ajout dans la fabrication, il n’est plus utilisé par les producteurs de fromage, qui exportent une grande partie de leur production. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV) redoute l’apparition d’un sérieux problème de santé publique et envisage d’inciter les industries à utiliser du sel iodé, la loi ne les y obligeant pas. Mais il faut aussi que la population soit sensibilisée. Selon Vincent Dudler (OSAV), on risque de voir apparaître des goitres et une baisse de quotient intellectuel chez les enfants si on ne réagit pas rapidement.
Suite de l’entretien avec Murielle Bochuz, médecin-cheffe Division des maladies chroniques IUMSP
Les pays voisins sont-ils aussi concernés par la carence en iode de la population ?
Les goitreux et les crétins
Pendant des siècles, le déficit en iode des populations des montagnes françaises, autrichiennes, italiennes ou suisses provoque des graves maladies : il était courant encore au 19ème siècle d’observer des goitres, des personnes atteintes de déficience intellectuelle, des malformations diverses et des cas de crétinisme. On connait tous l’expression « crétin des Alpes ». En 1751, D’Alembert écrit un article au sujet des crétins du Valais dans l’Encyclopédie de Diderot. Pendant très longtemps cet article a d’ailleurs donné une très mauvaise image du canton. A l’époque, on ne comprenait pas pourquoi on trouvait des personnes présentant ces symptômes dans certains villages et pas dans d’autres. Ce n’est qu’au début du 20ème siècle qu’on en comprend la cause : certaines eaux potables contenaient de l’iode et d’autres pas. En 1919, le médecin valaisan Otto Bayard va le premier introduire de l’iode dans du sel de cuisine et soigner efficacement les malades.
Suite de l’entretien avec Muriel Bochuz, médecin-cheffe Division des maladies chroniques IUMSP
Quelles sont les solutions pour éviter les carences en iode de la population ?
Entretien avec le docteur Dorothea Wunder, gynécologue et endocrinologue
Quels sont les symptômes d'un manque d'iode? Pour une femme enceinte carencée, quels sont les risques pour le fœtus? Comment éviter les carences en iode chez les bébés? Les réponses du docteur Dorothea Wunder, gynécologue et endocrinologue.
LA RUBRIQUE – 4 étoiles et beaucoup de déception
De belles photos sur Internet ne sont pas forcément une garantie, lorsque l’on choisit un hôtel. Le nombre d’étoiles non plus ! C’est ce qu’a découvert une téléspectatrice d’ABE, après avoir payé fort cher un séjour en Guadeloupe.