Le 22 novembre 1963, l'Amérique était endeuillée à la suite de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, son 35ème président. Un drame qui, 50 ans plus tard, est encore empreint de mystère. La thèse officielle nie l'existence d'un complot alors que certains éléments de l'enquête semblent démontrer que Lee Harvey Oswald n'a pas pu être le seul tireur.
Des questions encore en suspens qui ont participé à forger le "mystère Kennedy". Les destins tragiques qu'ont connus plusieurs membres de la dynastie des Kennedy sont encore venus accroître la portée de ce qui est devenu un mythe. Lequel a contribué à façonner la société américaine que nous connaissons aujourd'hui; au même titre que de nombreux autres mythes fondateurs aux Etats-Unis.
Que révèlent les mythes et mystères américains sur la société qui les abrite? Pourquoi le cas des Kennedy est-il si emblématique? Geopolitis décrypte en quoi toutes ces questions sans réponses en disent long sur ce qu'est l'Amérique d'aujourd'hui.
L'invité: Boris Vejdovsky, Maître d'enseignement au département de culture et littérature américaines à l'Université de Lausanne.
John Fitzgerald Kennedy aura gouverné les Etats-Unis un peu moins de trois ans. Une période finalement très courte au regard de l’empreinte qu’a laissé JFK sur le pays. Son assassinat a joué un rôle important dans la mythification de la présidence Kennedy. Mais cette dernière a aussi été marquée par des événements dont la portée est encore palpable un demi-siècle plus tard. Retour sur les moments forts qui ont jalonné les mille jours de la présidence de JFK.
Boris Vejdovsky s’applique à lire les métaphores qui ont façonné et façonnent encore la nation pour y étudier des aspects cruciaux de la culture américaine, tels que la race, la masculinité, ou la relation à l’espace et au territoire. Les relations des Etats-Unis avec d’autres cultures, les relations transatlantiques avec les cultures européennes en particulier, sont une autre facette du travail de Boris Vejdovsky. Il cherche à faire des études américaine un domaine qui rompt avec les régimes disciplinaires et les idiosyncrasies culturelles.
Ses publications comptent de nombreux articles sur des auteurs américans comme Cotton Mather, Herman Melville, mais aussi Wallace Stevens ou Ernest Hemingway. Un livre, Ideas of Order : Ethics and Topos in American Literature a paru en automne 2009 (Gunter Narr). Il a également édité deux volumes d’articles, le dernier, The Seeming and the Seen, fait partie de la série Transatlantic Aesthetics and Culture (Peter Lang) qu’il dirige.
Si le mythe de la famille Kennedy a pu se construite et prospérer, au-delà du bilan politique de la présidence de JFK ou de ses frères Bob et Ted, c’est bien grâce aux images qu’elle a pu véhiculer. Images d’un certain renouveau de l’Amérique au-début des années 1960 dans la détermination de John Kennedy face au bloc soviétique, ou dans la lutte contre la ségrégation raciale menée par Bob et dans le dimension sociale soutenue au parti démocrate par Edouard. Retour en archives sur 40 ans de vie politique américaine.
Le télévision suit l’enterrement de JFK
Le 25 novembre, les Etats-Unis enterrent leur président assassiné. Les représentants des nations sont à Washington pour se recueillir devant le cercueil de celui qui avait incarné une nouvelle vision de l'Amérique. Particularité de ce document d'archives: la cérémonie est retransmise par satellite. Mais il s'agit là d'un satellile géomobile, c'est-à-dire qu'il ne suit pas la rotation de la terre. Impossible par conséquent de retransmettre l'intégralité de la cérémonie, ce qui oblige le commentateur à rendre l'antenne de manière abrupte.
Le rapport de la Commission Warren, nommée par le Sénat américain pour enquêter sur les circonstances de la mort du président Kennedy, charge intégralement Lee Harvey Oswald, un homme trouble, qui sera abattu lors de son transfert en prison. L'implication de la CIA, après l'échec du débarquement des anti-castristes dans la Baie des Cochons à Cuba, et de la mafia, combattue par Bob Kennedy, alors ministre de la Justice, ne sont pas des explications retenues dans ce rapport. A la parution du rapport de la Commission Warren, la TSR consacre une émission spéciale, animée par Georges Kleinmann, et durant laquelle s'expriment deux commentateurs de la politique internationale, Bernard Béguin et Jean Dumur.
Entre mai et juin 1968, l'équipe de Continents sans visa suit la campagne de Bob Kennedy pour les primaires du parti Démocrate dans l'État de Californie. Ce document est exceptionnel et émouvant, il montre en effet les minutes de cette soirée tragique à l'Hôtel Ambassador de Los Angeles où un Palestinien tire sur le sénateur Bob Kennedy, le blessant mortellement. Bob Kennedy mourra deux jours plus tard. A New York, c'est une foule digne dans son silence qui vient lui rendre un dernier hommage.
La campagne électorale pour l'élection présidentielle américaine de 1980 est marquée par la crise économique et la question des otages retenus à l'ambassade américaine à Téhéran. Les candidats à l'investiture du parti démocrate et du parti républicain mènent une campagne de proximité dans les deux Etats clé que sont l'Iowa et le New Hampshire. Chez les démocrates, le sénateur Edouard Kennedy ne parviendra pas à s'imposer face au président sortant Jimmy Carter.