Quelles sont les revendications des Ouïghours? Quels sont les liens entre les groupuscules extrémistes du Xinjiang et d'autres organisations terroristes? Geopolitis décrypte cette question ouïghoure et la menace que représente le terrorisme islamiste en Chine.
Musulmans de Chine: la menace ouïghoure?
Le contexte
En plus...
Le reportage
Portrait d'une femme hors normes
Elle est devenue l'icône de la défense du peuple ouïghour. Née dans un foyer pauvre dans la province du Xinjiang, Rebiya Kadeer n'en est pas moins devenue la femme la plus riche de Chine en bâtissant un empire commercial et immobilier. Membre de la délégation chinoise auprès de la quatrième conférence mondiale des Nations unies sur les femmes en 1995, Rebiya Kadeer accède aussi à la Conférence consultative politique du peuple chinois.
C'est donc en tant qu'élue qu'un jour de mars 1998, Rebiya Kadeer prend la parole devant l'Assemblée nationale populaire chinoise (Image Reuters). Alors que son discours, remis préalablement aux autorités, devait encenser le gouvernement, Rebiya Kadeer délivre une diatribe à l'encontre de la politique chinoise au Xinjiang. Pendant 27 minutes, elle dénonce les discriminations dont sont victimes les Ouïghours. Impossible pour les autorités de la stopper, c'est interdit par la loi. Au terme de son réquisitoire, Rebiya Kadeer est applaudie par l'assemblée et les cadres du parti qui, dira-t-elle, ne devaient pas perdre la face.
Elle ne sera par contre pas réélue à la Conférence consultative du peuple chinois et sera arrêtée en août 1999 et condamnée à huit ans de prison pour avoir divulgué des secrets d'État. Libérée en 2005, officiellement pour des raisons de santé, Rebiya Kadeer est forcée de partir aux États-Unis où habitent cinq de ses enfants et son mari. Ses six autres enfants restent alors en Chine. En 2006, Rebiya Kadeer prend la tête du Congrès mondial Ouïghour fondé deux ans plus tôt à Munich. Depuis lors, elle poursuit son action et intervient régulièrement dans les médias.
Pour en savoir plus:
- Voir ses interventions dans les médias (site du Congrès mondial ouïghour)
- Lire son interview pour TV5Monde.com - avril 2013
- Voir son portrait sur le site minet-tv.com, chaîne dédiée aux minorités (en anglais)
L'invité
Sylvie Lasserre est reporter (radio, presse écrite, photo), auteur, photographe et éditeur spécialisée dans l'Asie centrale et le monde turcophone.
Née au Maroc, elle a vécu en Belgique, en Italie, en France, en Turquie et est aujourd'hui établie au Pakistan. Docteur en physique (Faculté des Sciences d'Orsay - Paris XI / Politecnico di Milano), elle décide en 2004 de quitter la carrière d'ingénieur qu’elle mène depuis plus d'une dizaine d'années pour se lancer dans le reportage et l'écriture.
Aujourd'hui, elle se passionne pour l'Asie centrale, le domaine turcophone et le Pakistan, et collabore avec la presse française et internationale. En 2010, Sylvie Lasserre publie "Voyage au pays des Ouïghours", récit de son parcours -plus de 6000 km- dans le Xinjiang.
Plus d'informations sur Sylvie Lasserre, consultez son blog : sylvielasserre.blog.lemonde.fr
L'éditorial
Riche en ressources naturelles et connue sous le nom officiel de Région autonome ouïghour du Xinjiang, cette région de Chine a vécu au long de son histoire avec le pouvoir communiste plusieurs soulèvements qui ont tous été réprimés. Les émeutes qui ont ensanglanté l'été 2009 ont fait reculer les fragiles possibilités d’un règlement pacifique de la question ouïghoure. Retour sur ce moment-clé de l'histoire récente du Xinjiang.
Scènes de violences à Urumqi
Début juillet 2009, des scènes de violence éclatent à Urumqi, la capitale régionale du Xinjiang, lors desquelles des Chinois hans et ouïghours de sont affrontés. Attiré par des hurlements, un journaliste de l'AFP qui se trouvait dans un quartier proche de la place du Peuple, s'est précipité pour assister au tabassage d'un homme à terre.
Brutalité dans les rues de la capitale du Xinjiang. (INA 32 sec)
Les plus graves émeutes ethniques depuis 1976
En juillet 2009, au lendemain
des émeutes au bilan très lourd de 140 morts dans la capitale du Xinjiang, Ürümqi, l'ordre semble au moins momentanément revenu. Le bilan final s'élèvera à près de 200 morts. Nicholas Bequelin, chercheur pour l'Asie de l'ONG "Human rights in China" et spécialiste du Xinjiang, analyse les conséquences de ces événements.
La répression, la seule arme du pouvoir chinois (INA 3 min 25 sec)
De nombreux Hans fuient la région
Des milliers de Hans elles ont pris d'assaut les gares routière et ferroviaire d'Urumqi. Nombre d'entre elles fuient les affrontements ethniques qui ont secoué la capitale du Xinjiang, à l'ouest de la Chine. Les violences entre les Hans et la minorité ouïghoure ont fait 156 morts et plus de 1000 blessées en quelques jours.
L’exil des Hans complique la situation dans la région. (INA 1 min 56 sec)