Nations en perdition: toujours plus d'"États faillis"?
L'émission du 4 avril 2015
C'est en 2005 que le magazine Foreign Policy et le think tank américain Fund for Peace ont publié pour la première fois une liste des États faillis. L'expression "Failed State", qui peut aussi se traduire par État en déliquescence, désigne un territoire où le pouvoir en place ne parvient plus à assurer ses missions essentielles.
Le classement se fonde en réalité sur douze indicateurs dont la pression démographique, la qualité des services publics et la légitimité du pouvoir. En tête de liste, on trouve le Soudan du Sud et la Somalie. Mais depuis quelques années, le nombre de pays où la situation s'aggrave augmente de manière significative. Parmi eux figurent la République centrafricaine, la Syrie, la Libye et le Yémen.
Quels sont les États les plus fragiles? Dans quelle mesure la communauté internationale peut-elle intervenir pour leur venir en aide? Geopolitis décrypte la situation catastrophique de ces pays qui dans certains cas deviennent des terres d'accueil pour organisations terroristes.
L'invité: Jean-Marie Guéhenno, président de l'International Crisis Group.
Comment évaluer la situation des pays les plus fragiles? Le classement du magazine Foreign Policy constitue une méthode. Il en existe d’autres à l’image de l’initiative Vision of Humanity présentée ci-dessous. A l’échelle nationale, le web nous offre aussi l’opportunité d’accéder facilement aux analyses de chercheurs, experts et journalistes.
Élections hasardeuses en Guinée
Au classement des États les plus fragiles du monde en 2014, la Guinée arrive douzième. Analyste pour l’Afrique de l’Ouest pour l’International Crisis Group, Vincent Foucher, analyse la fragilité du processus électoral en Guinée ces dernières années. (2 min 56 sec)
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République centrafricaine: le temps des questions
Troisième État le plus fragile du monde d’après le classement de Foreign Policy, la République centrafricaine est, selon la même source, le pays où la situation s’est le plus aggravée en 2013/2014. Dans cette vidéo, Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale pour Crisis Group, souligne la montée de la violence et émet des recommandations pour les acteurs régionaux et internationaux impliqués dans le conflit. (3 min 31 sec)
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Comprendre la crise au Yémen en 2 min
Cette vidéo didactique émane de nos confrères du quotidien Le Temps. Le journaliste Etienne Dubuis propose un éclairage de la situation critique que l’on observe aujourd’hui au Yémen en rappelant une série d’événements qui ont secoué le pays de 1990 à 2015. (2 min 22 sec)
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Indice de paix dans le monde
C’est un autre classement que celui des États fragiles. Il liste les pays du monde en fonction du "degré de paix" qui y règne. Comme dans le classement sur les États fragiles, plusieurs indicateurs permettent de construire cette liste. S’il émane d’une autre initiative, en l’occurrence Vision of Humanity, ce classement montre de nombreuses similitudes avec celui des États fragiles. Voici la vidéo qui présente l’initiative de Vision of Humanity et le Global Peace Index 2014. (en anglais) (3 min 14 sec)
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En plus...
L'invité
Jusqu'à sa nomination à la présidence de l’International Crisis Group, Jean-Marie Guéhenno était professeur de pratique professionnelle (Arnold Saltzman) et directeur du Centre pour la résolution internationale des conflits à l’université de Columbia (School of International and Public Affairs). Il est également associé à la Brookings Institution.
En 2012, il a été nommé adjoint de l’envoyé spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie. Il a quitté ce poste pour présider la commission chargée de la rédaction du futur Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale française, désignée par le président François Hollande. Entre 2000 et 2008, cet ancien diplomate français était secrétaire général adjoint au Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU. Entre 1998 et 2000, il a présidé l'Institut des hautes études de défense nationale, était directeur du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie et ambassadeur auprès de l'Union de l'Europe occidentale.
M. Guéhenno a siégé dans plusieurs conseils d’administration, comme celui de l’International Crisis Group et celui du Centre pour le dialogue humanitaire, dont il est devenu président fin 2010. M. Guéhenno est officier de la Légion d'honneur et commandeur de l'Ordre du mérite de la République fédérale d'Allemagne.
A la une de l’actualité des nations déchirées par la guerre dont les structures s’effondrent. Ces pays ont ainsi pris place dans le classement des états en perdition, Sud Soudan en tête. A l’image de la Somalie en proie à l’anarchie depuis des décennies, l’instabilité de ces états déliquescents s’enracine dans l’histoire de leurs conflits et la faiblesse de leurs institutions.
Le Soudan divisé
De retour du Soudan, le sociologue suisse Jean Ziegler témoigne, en novembre 1965, de la guerre civile qui oppose les populations noires du sud aux musulmans du nord. Ces tensions ethniques et religieuses – le sud est catholique – ont été ravivées depuis l'indépendance du pays, en 1956. En effet, dès la proclamation de la république, le sud du pays, soit la région la plus riche, refusa la domination du nord. L'Union soviétique et l'Egypte prirent parti pour le nord, les Etats-Unis par l'intermédiaire d'Israël, de l'Ethiopie et de l'Ouganda pour le sud.
En avril 1967, l'équipe de Continents sans visa est la première équipe occidentale à pénétrer dans ce Yémen républicain, cinq ans après la chute de l'imam. De Hajjah à Hodeida en passant par Sanaa, le journaliste Olivier Todd ramène un reportage sur la situation sociale et politique de la république arabe du Yémen du Nord après cette première révolution de 1962. .
Le 6 novembre 1979, à l'occasion du dixième anniversaire du putsch militaire du général Siad Barre, le pouvoir en place à Mogadiscio, soutenu par l'Union soviétique, organise un grand défilé militaire. Après l’échec, en 1978, de la conquête de l'Ogaden et la fuite de nombreux réfugiés, cette démonstration de force ne parvient pas à masquer l’impuissance du régime face à l’instabilité du pays.