De l'antiquité romaine à la cour des rois de France, les cas d'empoisonnement ont jalonné l'histoire. La méthode est efficace pour se débarrasser d'un ennemi ou d'un rival. Et aujourd'hui, l'empoisonnement reste la technique privilégiée de nombreux assassinats politiques. Des scénarios dignes des meilleurs films d'espionnage ont fait l'actualité ces dernières années.
Les cas de l'ex-agent des services secrets russes Alexandre Litvinenko, de l'ancien président ukrainien Viktor Iouchtchenko et du dirigeant du Hamas Khaled Mechaal en témoignent. Dans d'autres cas, le doute demeure mais la science ne cesse de progresser dans la détection des substances toxiques.
Comment expliquer le recours aux poisons dans les assassinats politiques? Comment la science parvient-elle à détecter un empoisonnement parfois plusieurs années après la mort d'une personne? Geopolitis décrypte les cas les plus emblématiques.
L'invité: Patrice Mangin, directeur du centre universitaire romand de médecine légale.
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L'invité
Le professeur Patrice Mangin est diplômé de la Faculté de Médecine Broussais-Hôtel-Dieu à Paris. Il a obtenu sa thèse de médecine à la Faculté de Médecine de l’Université Louis Pasteur – Strasbourg I (1978) et sa qualification en Médecine légale en France (1980) et en Suisse (1996). Il a obtenu son doctorat ès sciences en toxicologie avec le Professeur G. Dirrheimer à la Faculté de Pharmacie de l’Université Louis Pasteur – Strasbourg I (1985).
En 1990, il a été nommé "Professeur des Universités –Praticien hospitalier", Directeur de l’Institut de Médecine légale et de Médecine sociale de la Faculté de Médecine de l’Université Louis Pasteur –Strasbourg I. Depuis le le premier septembre 1996, il exerce les fonctions de Professeur ordinaire de Médecine légale et de Directeur de l’Institut universitaire de Médecine légale de la Faculté de Biologie et de Médecine de l’Université de Lausanne.
De 2007 à fin 2015, il a été directeur du Centre universitaire romand de médecine légale.
Traces d’arsenic dans les cheveux de Napoléon, restes de polonium sur le corps de Yasser Arafat, impossible d’obtenir des certitudes. Choisir le poison pour éliminer un personnage encombrant ne garantit cependant pas l’impunité: à Genève en 1960, on découvre bien vite que le Camerounais Félix Moumié a été maladroitement empoisonné au thallium...
L’affaire Moumié
Novembre 1960, l'affaire défraye la chronique en Suisse et dans le monde: l'une des figures de la lutte pour l'indépendance camerounaise, Félix Moumié, président de l'Union des populations du Cameroun (UPC) est assassiné à Genève. Victime d'un empoisonnement au thallium, Moumié meurt à l'hôpital de Genève le 3 novembre 1960. Au lendemain de sa mort, son compagnon politique Ernest Ouandié et sa veuve Marthe Ekemeyong Moumié évoquent les circonstances du décès.
1964, en discussion dans l'émission Histoire les causes du décès de Napoléon Bonaparte qui rendit son dernier souffle le 5 mai 1821 sur l'île de Sainte-Hélène où il était exilé. Mort naturelle ou empoisonnement à l'arsenic? A l'appui de cette dernière thèse, le stomatologue suédois, Sten Forshufvud, un expert en toxicologie qui le premier proposa dès 1955 l'hypothèse d'une intoxication à l'arsenic du général Bonaparte. A ses côtés Clifford Frey dispose d'un élément tangible pour conforter le soupçon, une mèche de cheveux de l’empereur. Napoléon a été empoisonné: l'opinion du médecin suédois est faite mais sa conclusion demeure contestée.
Huit ans après la mort du leader palestinien Yasser Arafat survenue en 2004, l'analyse de ses affaires personnelles révèle des traces de polonium 210. La rumeur courait déjà, Arafat aurait été empoisonné, aussi la découverte faite par des experts de l'Institut de radiophysique du CHUV tend à confirmer cette thèse. Mais seule une exhumation du corps pourra confirmer ce soupçon. En novembre 2012, des prélèvements sont effectués sur la dépouille. Aucune certitude pourtant: experts français et suisses aboutissent à des conclusions différentes.