En cinq années d’affrontements, la guerre en Syrie a fait près de 300'000 morts et de multiples crimes de guerre et crimes contre l’humanité ont été identifiés. Le régime de Bachar el-Assad s’est rendu coupable d’atrocités parmi lesquelles on retiendra les attaques chimiques ou des bombardements aveugles sur des civils. En face, le groupe État islamique ou le Front al-Nosra ont également perpétré des crimes de guerre.
Alors que le conflit fait toujours rage, la question du jugement de ces criminels se pose déjà avec insistance. La justice internationale a démontré sa capacité à juger certains criminels de guerre comme récemment l’ex-président des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic pour des crimes qui avaient été commis au milieu des années 90.
Les criminels de guerre en Syrie seront-ils jugés un jour ? Quel type de juridiction pourrait être compétent? Geopolitis fait le point sur les possibilités de la justice internationale d’investiguer les atrocités commises en Syrie.
L'invité: Me Alain Werner, fondateur et directeur de l’ONG Civitas Maxima.
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Le reportage
L'invité
Alain Werner est avocat au Barreau de Genève et détenteur d’un LL.M de l’Université de Columbia (New York). Il a participé comme avocat pour le Bureau du Procureur du Tribunal Spécial pour la Sierra Leone (TSSL) à plusieurs procès dont celui de l’ancien Président du Libéria Charles Taylor à La Haye.
Il a également participé au procès de Kaing Guek Eav ou Duch devant les Chambres Extraordinaires des Tribunaux Cambodgiens (CETC) à Phnom Penh comme avocat des parties civiles. M. Werner représente actuellement des victimes dans le cas contre l’ancien Président du Tchad, Hissène Habré, devant les Chambres Extraordinaires Africaines à Dakar, Sénégal. Alain Werner représente aussi des plaignants du Libéria dans la procédure pour crimes de guerre ouverte contre Alieu Kosiah en Suisse.
En 2012, Alain Werner fonde Civitas Maxima, une association de droit suisse qui oeuvre dans la représentation juridique de victimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
En proie à l’instabilité politique dès son accession à l'indépendance, sous la coupe du parti Baas, la Syrie se plie à partir de 1970 au régime autoritaire de Hafez el-Assad, et cela durant trente ans. Ce pays a ainsi manqué ses rendez-vous avec la démocratie mais il joue un rôle d'importance sur l'échiquier politique du Proche-Orient.
Où va la Syrie ?
En 1961, la tentative de créer une République Arabe Unifiée, regroupant l'Egypte de Nasser, la Syrie et le Liban, échoua. A Damas, les conservateurs reprirent le pouvoir jusqu'au coup d'état de 1963 qui vit le parti Baas syrien assurer le gouvernement du pays. L'équipe de Continents sans visa a voulu faire le point après l'échec d'une union arabe. Elle dessine un panorama contrasté de la Syrie, dont l'influence ne cessera de grandir au Proche-Orient et au Liban.
En avril 1963, vingt jours après le coup d'État militaire en Syrie, la situation est tendue et le couvre-feu est instauré à Damas. Continents sans visa offre alors un reportage dans la capitale syrienne et propose un entretien exclusif avec les fondateurs historiques du parti Baas, Michel Aflak et le président syrien Salah Bitar. Les aspirations du parti Baas -le parti de la Renaissance- poussé par "un esprit scientifique, internationaliste et progressiste", les modalités de l'union arabe avec l'Egypte de Nasser et le rôle du parti syrien: Michel Aflak et Salah Bitar expriment les principes originels de leur mouvement politique, eux qui s'exileront de Damas en 1966 après un nouveau coup d'état.
13 novembre 1970, dernier coup d'Etat en Syrie pour longtemps... C'est le général Hafez el-Assad qui, renversant le président en place depuis 1968, devient l'homme fort de Damas. Il le restera durant 30 ans. Instaurant un régime autoritaire, basé sur le parti Baas, Hafez el-Assad contrôlera toute la vie politique syrienne, n'hésitant pas à faire œuvre de répression violente et à mettre en place un système policier pour s'assurer une maîtrise incontestée du pouvoir. Au lendemain du putsch de Hafez el-Assad, l'émission d'information radiophonique Miroir du monde envisage les différents scénarios pour l'avenir de la Syrie, du monde arabe et d'Israël..
En 1974, une année après la riposte israélienne à la guerre du Kippour, la Syrie se reconstruit grâce à l'aide communiste et le parti Baas au pouvoir engage un développement économique grâce à la construction du barrage sur l'Euphrate. Cependant la Syrie doit également assurer sa puissance militaire pour reconquérir les terres perdues au profit d'Israël.
Attisant les conflits ou faisant un pas vers la paix, la Syrie, incarnée par Hafez el-Assad, n'a cessé de jouer un rôle central sur l'échiquier du Proche-Orient. Ainsi, le président syrien Hafez el-Assad rencontre à Damas un président américain, en 1974 déjà, en la personne de Richard Nixon. Par la suite les négociations se poursuivront à Genève avec Jimmy Carter en 1977 puis Georges Bush père en 1990. Reflets de ces rencontres au sommet.