Observer le ciel à l'oeil nu depuis chez-soi

Planètes

Vénus

On débutera par la splendide planète Vénus bien visible en première partie de nuit. Celle que l’on surnomme "l’étoile du Berger" brille magnifiquement à l’ouest dans le ciel crépusculaire. Durant ce mois d’avril, elle se couche sur le Jura peu après minuit. Un petit télescope permettrait de pouvoir l’observer sous forme de croissant. Cette observation de forme "croissant" n’est possible que pour les planètes intérieures soit entre la Terre et le Soleil. Même phénomène que la Lune dont la façon d’être éclairée par le Soleil varie au fil du mois. Galilée en 1610 est le premier à avoir observé le phénomène grâce à sa lunette.

Le surnom d’étoile du Berger est trompeur, puisque Vénus est une planète de notre système solaire. Une planète n’émet pas de lumière contrairement à une étoile. Venus porte le nom de la déesse romaine de l’amour et de la beauté. Une des sources possibles de ce surnom est qu’on peut l’apercevoir seulement au coucher du Soleil ou à l’aube. On peut donc imaginer que les bergers l’utilisaient comme repère.

Jupiter et Saturne

Pour les lève-tôt, Jupiter et Saturne sont observables à l’horizon Sud avant le lever du Soleil (environ 5h). Avec un petit télescope, les satellites de Jupiter sont visibles (4 grandes lunes: Io, Europe, Ganymède et Callisto). Ils ont été découverts par Galilée en 1610, confirmant que tout ne tourne pas autour de la Terre.

Etoiles filantes

Ciel sombre indispensable pour observer les étoiles filantes, mais coup de chance en cette période de confinement, la Lune sera absente. Les étoiles filantes sont des résidus de comètes qui se désagrègent en entrant dans notre atmosphère terrestre et produisent ces trainées lumineuses si caractéristiques.

Depuis le 16 avril 2020, la Terre traverse le sillage de poussières et de blocs laissé par la comète C/1861 G1 Thatcher au cours de ses passages près du Soleil. Phénomène observable chaque année à la même période. Tout un chacun a plutôt l’habitude d’entendre parler des Perséides qui elles ont lieu en été et sont des résidus de Swift Tuttle.

Le pic d'activité est à attendre autour du 21 - 22 avril 2020.

Le 22 avril 2020, cet essaim météoritique des Lyrides sera à son maximum en fin de nuit. Lyrides car les étoiles filantes semblent à l’œil nu provenir de la constellation de la Lyre. Regardez en direction des constellations de la Lyre et d’Hercule, direction Sud. La Lyre est repérable grâce à son étoile la plus brillante "Vega".

Comment les observer

Un transat et vos yeux suffisent! L’observation des étoiles filantes ne requiert pas d’autre instrument, jumelles et télescopes étant inutiles. Seul l’oeil offre une vision "grand angle" qui permet de saisir l’ensemble du phénomène.

Lune

Il peut aussi être intéressant d’observer l’évolution de l’apparence de la Lune au fil des soirs. Des jumelles suffisent à repérer mers et cratères.

Le 22 avril 2020, la Lune est visible en journée (elle décroît).

Le 23 avril 2020, ce sera la nouvelle Lune. Cette phase est intéressante pour les astronomes, parce qu'elle garantit que la Lune ne sera pas visible pendant la nuit, sa luminosité lors des autres phases pouvant nuire à l'observation du ciel.

Le 26 avril 2020, la Lune et Vénus seront dans le même rayon visuel (en conjonction).

Constellations "faciles" à repérer

Pour débuter, des applications sont téléchargeables sur smartphone (taper le mot clé astronomie). Par exemple "Mobile observatory" pour obtenir la liste des objets visibles au moment souhaité et "Skyview free" pour "voir" les constellations en pointant le smartphone vers le ciel.

Une fois que certaines constellations deviennent facilement repérables, des cartes du ciel peuvent être plus intéressantes. Comparaison entre GPS et carte géographique classique.

Ces cartes peuvent être téléchargées sur internet (par exemple Stelvision).

Comment utiliser une carte du ciel

La carte vous indiquera dans un cercle la portion du ciel visible au moment et au lieu souhaité.

Comme la Terre tourne sur elle-même, nous voyons défiler le ciel comme si nous étions sur un manège: tout le ciel paraît tourner au fil des heures, autour d'un point voisin de l'étoile Polaire (au centre de la carte). Ceci provoque les "levers" et "couchers" des astres. Placez la carte au-dessus de votre tête avec le repère Horizon Nord vers le Nord.

La course de la Terre autour du Soleil nous fait découvrir une portion de ciel différente selon la période de l'année.

Grande Ourse et Cassiopée: des constellations circumpolaires et visibles toute l’année

La Grande Ourse, connue aussi sous le nom de "casserole" ou "chariot" est bien repérable au Nord. De même que Cassiopée en forme de W. Ces deux constellations sont visibles tout au long de l’année (circumpolaire).

Il existe des variantes dans les histoires mythologiques, dont celle de "Cassiopée se vante":

Cassiopée, épouse du roi d'Ethiopie Céphée, offensa Neptune en vantant que sa fille Andromède était plus belle que les nymphes de la mer, ses filles. Neptune envoya la Baleine pour dévaster les côtes du royaume de Céphée qui pour calmer la colère de Neptune fit enchaîner sa fille Andromède à un rocher pour l'offrir à la Baleine. Persée, chevauchant le cheval ailé Pégase, délivra la belle Andromède.

Orion et le Grand Chien

Orion fait ses au revoir puisque cette constellation, dite du Chasseur, se couche chaque soir plus tôt. On peut encore la voir à l’Ouest, elle est très reconnaissable car grande: 4 étoiles lumineuses (dont Bételgeuse l’épaule du géant) et l’alignement de quelques étoiles au centre formant le baudrier du Chasseur. Derrière Orion, repérer l’étoile brillante Sirius dans la constellation du Grand Chien. Le chien ne suit-il pas toujours son maître le chasseur?

La constellation abrite la Grande Nébuleuse d'Orion ainsi que la Tête de cheval, parmi les plus connus et les plus photographiés de tous les objets célestes.

A gauche, la Nébuleuse obscure de la Tête de cheval (IC434 - B33). A droite, la Grande Nébuleuse d'Orion (M42). [B.&S.Fletcher / Leemage]

C'est la splendeur de la constellation qui incita les Grecs à la nommer Orion, le chasseur géant, poursuivant de ses assiduités les Pléiades, défendues par le Taureau.

Il existe plusieurs variantes de son histoire. L’épisode qui marque sa montée au ciel est sa mort par la flèche d’Artémis:

Artémis lui proposa de chasser avec elle sur l’île de Chios. Mais le frère d'Artémis, Apollon, qui avait quelques craintes pour sa sœur, envoya un monstrueux scorpion à sa poursuite. Orion tenta de le combattre, mais il n'y parvint pas. Pour échapper au monstre, il s'enfonça dans la mer. Apollon désigna le géant et dit à Artémis de le tuer, le faisant passer pour un monstre. Comme le géant était trop loin, Artémis ne put le reconnaître et lui lança donc une flèche. Elle alla à la nage récupérer le cadavre, mais lorsqu'elle s'aperçut que c'était Orion, elle plaça son image parmi les étoiles en compagnie de ses chiens, Sirius (Grand Chien) et Procyon (Petit Chien).

C'est pour cela que les constellations de Orion et du Grand Chien sont proches l'une de l'autre, et que le Scorpion fut placé de l'autre côté sur la voûte céleste, le héros et le monstre se poursuivant sans cesse sans jamais se rattraper. Le Scorpion n’est pas visible en ce moment.

Comète Atlas

Les comètes proviennent principalement de 2 réservoirs aux confins du système solaire (Ceinture de Kuiper et Nuage d’Oort). Elles sont composées de glaces et dégazent à l’approche du Soleil formant parfois une chevelure caractéristique.

Atlas (C/2019 Y4 Atlas)

La comète Atlas espérée visible à l’œil nu fin mai est en train de se disloquer selon les chercheurs. Le noyau ne sera donc probablement plus bien lumineux. Toutefois, Hubble a pu samedi dernier prendre une image de la comète. Et il se trouve qu’Atlas n’est pas complètement désintégrée et que peut-être les principaux morceaux seront encore présents fin mai. Atlas est aujourd’hui à 146 mios de km de la Terre et sera à son point le plus proche du Soleil le 31 mai 2020.

Repérer une comète n’est pas chose si aisée si l’on n’est pas un petit peu initié. Des cartes indiquent sa position dans le ciel jour après jour, mais pour les transcrire dans le ciel, il faut au minimum pouvoir repérer les constellations et étoiles proches desquelles la comète se trouve. Mi-mai, elle aurait pu être repérée entre Capella du Cocher et la Girafe.

Swan (C/2020 F8 Swan)

Découverte le 25 mars 2020, cette comète est apparue la mi-avril. Si elle parvient à maintenir un bon niveau d'activité sans se fragmenter elle pourrait atteindre une bonne visibilité à la fin du mois de mai et peut-être devenir visible à l'oeil nu sous un bon ciel. En ce moment elle est visible dans l’hémisphère Sud. Dès mi-mai, elle traverse la constellation de Persée avant de passer dans le Cocher et croiser l'étoile brillante Capella les 2 et 3 juin 2020. Vers le 27 mai 2020, la comète arrivera au périhélie (approche la plus proche du Soleil) et sa magnitude pourrait approcher 3.

Repérer une comète n’est pas chose si aisée si l’on n’est pas un petit peu initié. Des cartes indiquent sa position dans le ciel jour après jour, mais pour les transcrire dans le ciel, il faut au minimum pouvoir repérer les constellations et étoiles proches desquelles la comète se trouve. Mi-mai, elle aurait pu être repérée entre Capella du Cocher et la Girafe.

Satellites

ISS – Station Spatiale Internationale

L'ISS est en orbite à environ 400 km d’altitude. La station est actuellement habitée par trois astronautes.

• Dimension: Taille d’un terrain de foot.

• Passage toutes les 92 minutes, d’ouest en est (révolution) à 25'000 km/h.

• Fournie en énergie par des panneaux solaires.

• La première expédition d’astronautes a eu lieu en 2000.

Il faut environ 48 heures pour rejoindre l’ISS depuis la Terre, car cela nécessite plusieurs orbites autour de la Terre pour se positionner correctement.

L'ISS est visible dans le ciel nocturne lorsqu'elle est éclairée par le Soleil.

Des applications (par exemple ISS detector) et des sites internet (Spot the station de la NASA) indiquent les heures de passage au lieu où l’on se trouve. La magnitude est utile à connaître lorsqu'elle est indiquée, car elle permet de connaître la luminosité, plus la magnitude est proche et en dessous de 0, plus la visibilité sera bonne.

Prochain passage de l'ISS au-dessus du canton de Vaud: le lundi 27 et le mercredi 29 avril 2020 à 5h18 du matin.

Starlinks

Certains satellites Starlink sont aussi visibles et peuvent être identifiés avec l’application Predisat pro ou Starlink.

Le 22 avril 2020 à 21h et 22h30, il y a deux passages de Starlink, mais ils sont difficilement visibles.

Le site satmap.space permet d’avoir une vision de tous les satellites en orbite. C’est impressionnant à voir!

Sabine André / MF