Rien ne prédestinait Michelle à devenir fermière : pas de domaine agricole dans la famille, ni sang paysan dans les veines… Et pourtant, à force de ténacité et d’audace, elle a réalisé son rêve d’enfant : avoir une ferme remplie d’animaux. Rien non plus ne titillait l’artiste Jacques Cesa à quitter sa Gruyère pour aller frotter son œil ailleurs. Et pourtant, ce voyageur tardif a trouvé au Maroc de quoi nourrir sa passion des gens de la montagne. Ces deux reportages à découvrir dans la dernière émission de Paju de la saison sont présentés au cœur du jardin botanique de Lausanne.
La belle et ses bêtes - Couleur d'Atlas
Le jardin botanique de Lausanne
Conçu par l’architecte Alphonse Laverrière et le botaniste Florian Cosandey, le Jardin botanique actuel a été inauguré le 1er juin 1946. Niché au pied de la colline de Montriond, petite enclave presque forestière au cœur de la ville, il offre aux visiteurs un espace de 1,7ha accueillant notamment des rocailles, un arboretum et une collection de plantes médicinales.
Dès qu’on passe le grand portail, situé sur l’avenue de Cour, à côté du parc de Milan, le plan de l’architecte se dessine au premier regard: un escalier monumental, une pergola, des perspectives et des allées bien rigoureuses donnent à l’ensemble une apparence assez urbaine, tandis que de petits sentiers serpentant entre les rocailles nous transportent dans un tout autre milieu, carrément en montagne.
Ici, des plantes alpines de tous les continents y ont élu domicile. Pas étonnant tant le paysage fait illusion avec au coeur de toute cette installation une falaise construite de toutes pièces avec des pierres calcaires du Jura vaudois.
Les arbres dans ce jardin sont également à la fête avec une grande diversité d’espèces sur une petite surface où les arbres indigènes côtoient ceux de Méditerranée ou de Chine.
Les deux plus anciens spécimens de cette collection sont deux châtaigniers de plus de 200 ans sous lesquels à l’époque on avait l’habitude de venir pique-niquer. Aujourd’hui, c’est désormais sur une belle collection de rhododendrons (quelque 70 espèces) qu’ils veillent.
Le bas du jardin est le domaine des plantes médicinales installées dans des carrés bordés de buis qui évoquent des jardins d’un autre temps. C’est aussi là qu’on trouve une petite serre tropicale, une serre à succulentes et un musée où se déroule des expositions temporaires.
Suivez le guide!
Notre guide s’appelle François Felber, il est le directeur des Musée et Jardins botaniques cantonaux vaudois depuis septembre 2011. Un rôle qui lui permet de veiller sur un musée vivant de quelque 4000 espèces végétales et de gérer une équipe de 14 personnes.
Il avoue aimer se balader dans ce jardin à toutes les saisons et voir ainsi l’évolution des plantes au fil du temps. Il apprécie aussi d’évoluer dans un jardin urbain dans lequel les gens sans cesse passent et souvent s’arrêtent.
Ce qui lui permet ainsi de sensibiliser le public à la botanique en général et à la conservation de l’environnemen, au travers de manifestations et d’événements.
Infos pratiques
L’entrée au jardin botanique est libre durant les heures d’ouverture suivantes: de 10h à 17h30 du 1er mars au 31 octobre (jusqu’à 18h30 du 1er mai au 30 septembre). Les serres sont quant à elles fermées de 12h à 13h30. Des visites guidées sont possibles, sur réservation. Certains sentiers sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Musée et Jardins botaniques cantonaux vaudois, 14bis avenue de Cour, 1007 Lausanne
Tél. +41.21.316.99.88 (secrétariat)
info.botanique@vd.ch
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La belle et ses bêtes
Qui n’a pas rêvé, enfant, d’avoir une ferme avec beaucoup d’animaux? Un rêve presque inaccessible lorsque la famille ne possède pas de domaine agricole, mais que Michelle a réalisé à force de ténacité et d’audace.
A dix-huit ans elle quitte le gymnase pour travailler dans une ferme. Quatre ans plus tard, elle saisit l’occasion inespérée de louer une ferme dans le Jura bernois. Sans soutien financier, les débuts sont difficiles, le travail de nuit s’ajoute à ses journées à la ferme.
Elle doit aussi braver le scepticisme de ses voisins paysans qui l’ont vue débuter avec quatre vaches, dont l’une était aussi âgée qu’elle. Aujourd’hui, son goût affirmé pour l’indépendance l’amène aussi bien à réparer son vieux tracteur qu’à abattre des arbres elle-même et, sans crainte du jugement d’autrui, Michelle affirme que ses vaches, des grises rhétiques, sont le centre de sa vie.
Cette vie rude et libre, remplie de la passion pour les animaux, ne se limite pas aux travaux de la ferme. La musique est l’autre passion de Michelle. Musicienne accomplie, elle joue de plusieurs instruments et pratique aussi le yodel, qui, à ses yeux, est la transcription musicale de la vie des paysans. Michelle est une femme puissante.
Un reportage de Nicole Weyer
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Couleur d'Atlas
L'artiste peintre Jacques Cesa porte en lui un petit air de Rigoletto. Le personnage a l'allure d'un créatif avec ces petit yeux malicieux sa barbe broussailleuse et son chapeau de paille. Amoureux de son coin de pays la Gruyère, il a crapahuté durant plus de vingt ans les montagnes à vaches, croquant à n'en plus finir la vie pastorale des alpages.
Voyageur tardif, il a senti le besoin d'aller voir ailleurs. C'est au cœur cœur de l'Atlas marocain qu'il a trouvé ce dépaysement si attendu. A plusieurs occasions le peintre a déposé son chevalet et ses aquarelles dans le petit village enroché d'Armed situé au pied du Toubkal.
Petit à petit avec délicatesse et curiosité il s'est intégré à la vie de ce village d'adoption et de sa culture berbère. Au fil des semaines l'artiste Cesa a retrouvé son thème chéri et sa passion pour les gestes des paysans de la montagne.
Durant ces nombreux séjours au Maroc Jacques Cesa a réalisé plusieurs dizaines de tableaux, aquarelles et pastels, toutes ses créations reflétant son regard passionné pour cette terre d'adoption.
Après le premier épisode gruyèrien, à suivre le deuxième volet, le voyage au Maroc du peintre fribourgeois Jacques Cesa.
Reportage de Dominique Clément