Pour les uns, la vie se décline en tableaux éphémères qu’ils composent dans la nature, comme pour rendre hommage à tout ce qu’elle offre : rencontre avec trois passionnés de Land Art. Pour les autres, la vie se raconte en gourmandise ! En témoignent les produits vendus à La Potagère, petit commerce comme il n’en existe plus. C’est le décor romantique de l’Ermitage d’Alesheim, dans le canton de Bâle, qui servira de décor à Virginie Brawand pour présenter ces deux reportages.
Le vent l’emportera – La Potagère aux petits oignons
Le vent l’emportera
Se promener dans la nature et créer des oeuvres d’art à partir de ce que qu’elle offre. Le principe est simple, le résultat souvent poétique : une spirale de feuilles géante, un damier de mousse verdoyant, une mystérieuse bête de branches. Autant d’oeuvres éphémères qu’une simple brise ou une averse suffiront à défaire.
Le land art est né dans les années 60 aux Etats-Unis. A l’époque certains artistes décident de s’éloigner des galeries et du marché de l’art pour retrouver des sensations authentiques en créant dans la nature. Le mouvement s’est depuis développé et il a ses adeptes en Suisse.
Jean-Yves Piffard est infirmier et artiste autodidacte.. Voilà bientôt 10 ans qu’il laisse sa trace dans le paysage fribourgeois. Le plus souvent sous forme de cercles ou de spirales.
Sylvain Meyer, jeune urbigène touche-à-tout, pratique lui une forme de Landart sophistiquée proche du fantastique. Ses anamorphoses gigantesques et précises, faites de centaines de pives, de feuilles colorées ou de mousse, donnent l’illusion d’objets en trois dimensions ou de monstres fantasmagoriques posés dans la forêt.
Enfin Niklas Göth , le géant zurichois réalise des oeuvres toute en finesse et en simplicité…« fragiles comme nos vies » précise-il. Et prêtes à s’envoler au premier coup de vent.
Ces trois personnages nous invitent à poser un regard différent sur la nature et réveillent en nous l’envie d’aller jouer comme eux, comme des enfants.
Un reportage de Nicole Weyer et Valérie Teuscher
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La Potagère aux petits oignons
La Potagère à Saint-Pierre-de-Clages, c’est le paradis des fruits, légumes et gourmandises artisanales animé par Marie-Cécile et Jean-François. Ils ont dépassé l’âge de la retraite et tiennent bon depuis 37 ans. Dans ce petit commerce comme il n’en existe plus, on ne compte plus, ni le nombre invraisemblable d’articles, ni le temps passé au service des clients.
Un accueil chaleureux pimenté par la spontanéité de Marie-Cécile qui confie que la Potagère, c’est leur enfant, ils y ont consacré toute leur vie. Comment pourraient-ils l’abandonner? Cette entreprise, bien plus qu’un simple magasin, est un lieu d’échange et de rencontre mais aussi de production avec l’aide d’amis, de voisin ou d’habitants des environs.
En plus des innombrables conserves faites maison, Marie-Cécile élabore des confitures dont la saveur tient aussi des noms originaux qu’elle leur aime leur inventer. Avec son mari, Jean-François, elle encourage aussi la créativité des petits artisans qui, sans la Potagère, ne trouveraient pas de débouchés. Une forme de résistance qui ne faiblit pas face à la grande distribution, inspirée peut-être par les icônes de Che Guevara qui sont affichées dans le magasin et les encouragent à persister envers et contre tout.
Un reportage de Nicole Weyer
L’Ermitage d’Arlesheim
Lors de sa création en 1785, l’Ermitage d’Arlesheim est le plus grand jardin paysager anglais de Suisse. S’opposant au jardin à la française, symbole de l’absolutisme, il s’inspire de la philosophie de Jean-Jacques Rousseau et de l’esprit des Lumières : un jardin irrégulier où la nature est redécouverte sous son aspect sauvage et poétique.
On doit sa création à Heinrich von Ligertz et sa cousine Balbina von Staal, épouse du bailli Franz Carl von Andlau qui composèrent ce jardin comme un tableau, ou plutôt comme plusieurs tableaux, à la manière des jardins anglais: des cheminements sinueux qui s’ouvrent sur des points de vue pittoresques où le peintre aimerait à poser son chevalet.
Tout donne l’illusion du vrai et pourtant tout a été créé de toute pièce: étangs, grottes, terrasses, fontaines et esplanades. Jusqu’en 1793, date de l’invasion française, on ne cessa d’intégrer dans le domaine de nouvelles attractions de style rococo. Il fut ensuite reconstruit, entre 1810 et 1812, après sa destruction par les Français.
A partir de là, avec le déclin de la philosophie de la nature et du réveil de la religion chrétienne, l’ermitage prend une autre signification. Conçu à l’origine comme un décor de jardin fantaisiste et romantique, où l’ermite représente une vie proche de la nature, non corrompue par la société, il devient dès 1812 le symbole d’un homme pieux en l’honneur duquel on érige une chapelle et une croix.
Infos pratiques
L’Ermitage d’Arlesheim est un parc ouvert au public toute l’année et en tout temps. Une brochure (en allemand) est en vente, près de la maison du jardinier, si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire de ce jardin. Toutefois, la visite du château de Birseck ne peut se faire que de mi-mai à fin septembre, du mercredi au dimanche ou sur demande, idem pour la maison de l’ermite et la grotte de Proserpine.