Paju vous raconte une belle histoire en soie, celle d’un agriculteur bernois audacieux qui a relancé la production de cette matière noble en Suisse, une activité disparue dans notre pays depuis plus de cent ans. Puis, nous rencontrons un jardinier qui vit en communion avec la nature, au plus près du jardin alpin dont il s’occupe, dans le cadre grandiose du Vallon de Nant. Enfin, c’est Fernand Cuche qui s’invite au chalet de La Pacoresse, aux côtés de Virginie Brawand, pour porter son regard sur ces deux reportages.
L'élevage de vers à soie /La visite d'un jardin alpestre
L'élevage de vers à soie
Ueli Ramseier, un agriculteur bernois a lancé un projet audacieux ; réimplanter la production de vers à soie en Suisse et permettre ainsi aux petits paysans de trouver un gain annexe qui ne les éloigne pas de leur domaine. Aujourd'hui. 21 paysans du pied du Jura jusqu’au Tessin ont planté des mûriers blancs et élèvent des vers à soie pour ensuite aller à tour de rôle dévider les cocons et obtenir de la soie grège 100% suisse.
Depuis des décennies la production de soie avait disparu en Suisse. Les tissus utilisés chez nous proviennent essentiellement de l’Italie, du Brésil et de Chine. En 2009 le paysan-ethnologue bernois, Ueli Ramseier, a lancé le projet d’élever à nouveau des vers à soie en Suisse. Il a commencé en plantant quelques mûriers sur un petit terrain, puis en transformant un vieux frigo en couveuse. Il est aussi parti en Inde acheter une machine à dévider les cocons et la partage aujourd’hui avec 21 éleveurs de vers à soie du pied du Jura jusqu’au Tessin. L’idée du projet Swiss Silk est de fournir un petit gain supplémentaire aux familles paysannes qui voudraient vivre de leur exploitation sans devoir quitter le domaine. Les mûriers blancs prennent peu de place et nourrissent des milliers de vers à soie qui produisent les cocons. Passe-moi les jumelles a suivi un élevage chez la famille Spengeler à Menznau, dans l’Entlebuch/LU. Pendant 1 mois, les 20'000 vers à soie vont engloutir près de 700 kilos de feuilles et on les voit presque grandir à vue d’œil. Vient ensuite le triage et séchage des cocons et le dévidage qui permet de récolter un fil de soie de plusieurs centaines de mètres par cocon.
Reportage de Béatrice Mohr
La visite d'un jardin alpestre
La Thomasia qui fête cette année ses 125 ans d’existence est le plus vieux jardin botanique alpin du monde. Il est situé au cœur des Alpes vaudoises, à 1260 mètres d’altitude, dans le cadre grandiose du Vallon de Nant. Mais plus que le jardin, c’est François, son jardinier, qui captive, avec son regard sur le monde et sa philosophie de vie.
Quand on lui demande quelle est sa journée type, Francois Bonnet répond: «Je ne le sais jamais à l’avance, c'est le jardin qui me chuchote chaque matin ce que je dois faire pour lui». Du mois de mai au mois d’octobre, il vit dans un chalet adossé à son jardin. Un jardin qu’il chérit comme la prunelle de ses yeux. C’est un homme réservé, sincère et très investi dans sa tâche. En plus de son activité de jardinier, il se passionne pour les plantes médicinales et la bio-dynamie. Il confectionne des élixirs floraux en suivant des procédés rituels très stricts… Munis de bocaux silice et de pinces en argent, il récolte, au fil de ses ballades, des fleurs, sans les toucher des mains, pour capter leurs vertus pour tenter de « capturer l’esprit des plantes », comme il dit…
Il s’est associé à d’autres personnages de la région pour échanger leur connaissance en bio-dynamie. Avec K-soule et Maesch, ils entèrent chaque automne de la bouse de vache dans de la corne qui une fois dynamisée viendra nourrir son jardin des informations du cosmos…
Reportage de Blaise Piguet