Délits mineurs / Le porno sort du ghetto
Délits mineurs
Le porno sort du ghetto
Onanisme, fellation, partouze, zoophilie : s'agit-il du sommaire d'une revue porno ? Pas du tout. Ce sont tout simplement les thèmes actuels des photos de mode. Il suffit de feuilleter vos magazines habituels pour découvrir que la publicité se sert sans retenue des codes du porno. Pour les publicitaires, choquer c'est sortir de l'anonymat pour mieux vendre. Et il n'y a plus de limites. Des images qui étaient réservées à des adultes très avertis s'étalent désormais partout dans la presse quotidienne et hebdomadaire.
Ce reportage plonge au coeur du cynisme mercantile qui ne s'embarrasse de rien. Surtout pas de l'image de la femme.
Evocatrices, sensuelles, mais sans équivoque, les images dont regorgent les magazines grand-public puisent dans le porno chic. Pour doper les ventes, rien de tel que d'alimenter fantasmes érotiques et rêves de transgression. Et le porno chic ça nourrit les rêves, foi de Suzanne Fournier, éditrice du magazine Blandice. Finalement aujourd'hui, le seul tabou dont la transgression provoque encore un petit frisson et fait vendre, c'est la représentation du sexe, la pornographie. Un manque d?'riginalité tout à fait regrettable aux yeux de John B. Broot, producteur et réalisateur de films X.
Petit zoom arrière au musée de l'érotisme à Paris. On constate ici que la représentation du sexe n'a rien d'inédit. C'est son utilisation outrancière, surmédiatisée qui frappe aujourd'hui. Les publicitaires affirment respecter les limites de l'éthique. Mais l'on n'est pas dupe. L'image choc qu'ils poursuivent c'est bien celle qui flirte avec les limites, qui effleure ou déflore les tabous, depuis le sexe et ses déviances, jusqu'au cannibalisme ou à la mort, prochain trend que nous promet déjà Vincent Grégoire, fin limier à l'affût des nouvelles tendances.
Avec le porno chic, on vend des vêtements, des parfums, mais aussi des crèmes glacées ou des téléphones portables. L'image de la femme ainsi véhiculée marque le retour de la femme objet. Celles qui s'y prêtent pensent qu'elles auraient tort de se priver d'une manne généreuse et facile à gagner... Pourquoi refuser certaines mises en scène, même les plus scabreuses, comme celles par exemple imaginées par le photographe américain Terry Richardson, pour la campagne de pub de la marque Sisley.
A l'heure où le sexe s'étale dans tous les magazines et sur les affiches en format mondial, le chic du chic consiste finalement à se rhabiller ! C'est ce que fait la star du X Rocco Siffredi pour Olly Gan.