4,7 milliards pour continuer d'exister, une moitié du personnel licencié et 70 petits millions récupérés. C'est la triste et dispendieuse histoire de Swiss, notre compagnie aérienne nationale, depuis la faillite de Swissair, jusqu'à son rachat par Lufthansa. Temps présent a reconstitué au jour le jour cette descente aux enfers, qui ne doit rien à la fatalité, ni aux dures lois du marché.
Avec la vente de Swiss à Lufthansa, la Suisse a perdu son indépendance en matière d'industrie aéronautique. Et aussi la croyance en l'infaillibilité de son économie. On en est sans doute arrivé là parce que ceux qui auraient pu sauver Swissair l'ont laissé mourir.
L'échec de la stratégie de rachat de petites compagnies par SairGroup et l'incapacité à sortir la holding de son endettement abyssal ont plongé le pays dans ce que le ministre de l'économie d'alors, Kaspar Villiger, qualifiait de « crise la plus grave en Suisse depuis la Seconde guerre mondiale ». A l'image du grounding du 2 octobre 2001, qui scellera le sort de Swissair et qui montrera un des pays les plus riches du monde incapable de faire voler sa propre compagnie nationale.
On connaît la suite : un mariage forcé avec Crossair - synonyme de faillite pour Swissair -, une nouvelle stratégie ambitieuse pour la fraîchement et chèrement baptisée « Swiss », des licenciements à répétition, des alliances avortées, des actionnaires floués, puis le rachat par Lufthansa consommé cette année.
Pour la première fois dans un reportage de télévision, Temps Présent diffuse une chronique complète de la courte mais incroyable histoire de Swiss, un épilogue teinté d'imprévoyance, d'incompétence et de manque de courage politique qui aura coûté 4,7 milliards de francs.
Moritz Leuenberger, Président de la Confédération en 2001, André Dosé, ancien PDG de Crossair puis de Swiss, mais également d'autres responsables de la compagnie, des personnalités politiques et des victimes parmi le personnel témoignent devant la caméra de Temps Présent et expliquent, à leur manière, la chute d'un mythe helvétique.
Générique
Un reportage de Fabienne Clément et Jean-Jacques Fontaine
Image : Riccardo Willig Son : Benoît Crettenand Montage : Aline Brechbühl