Familles parquées dans des containers, enfants retirés de l'école, personnes malades expulsées. Pour filtrer son immigration, la Suisse a mis au point un système entièrement nouveau. Un accueil dont le but n'est pas d'accueillir les gens mais de les faire partir : l'aide d'urgence. Cette méthode ouvertement dissuasive est appliquée à tous les immigrants dont la Confédération ne veut pas.
Depuis 2004, la Suisse veut accélérer les procédures dans le domaine de l'asile. Une méthode ouvertement dissuasive a été mise en place: l'aide d'urgence. Les immigrants dont la Confédération ne veut pas sont ainsi poussés au départ.
Tout commence en 2004 avec une décision politique. Le pays veut accélérer les procédures dans le domaine de l'asile. Il considère que certaines demandes sont à l'évidence injustifiées et que certains requérants doivent repartir aussitôt. Comme la Constitution ne permet pas de leur refuser toute assistance, on invente une «assistance dissuasive». On va leur donner un peu d'argent, mais pas assez. On va leur fournir un logement, mais rudimentaire. On pourra même au besoin les emprisonner : c'est ce qu'on appelle des «mesures de contraintes». L'aide d'urgence s'applique d'abord aux personnes qui font l'objet d'une non-entrée en matière : les NEM. Pour la plupart, ce sont des hommes, jeunes et célibataires. Mais en 2008, une nouvelle décision politique élargit la formule à tous les requérants d'asile en fin de procédure. Ce qui multiplie le nombre des personnes concernées et notamment des personnes vulnérables : les enfants, les malades et les familles. Ce reportage-vérité le montre, images à l'appui : aujourd'hui, la Suisse n'hésite plus à retirer de l'école les enfants de familles déboutées. A expulser des familles entières, et parfois mêmes, des malades.
Rediffusion le vendredi 23 octobre 2009 à 1h15 et le lundi 26 octobre 2009 à 10h15 et 14h20 sur TSR2.
Générique
Un reportage de Jacques de Charrière et Alexandre Lachavanne
Image : Walter Hug Son : Beat Lambert Montage : Catherine Merglen