AVS, la roue de l'infortune - Prix du lait: Oh la vache !
AVS, la roue de l'infortune
Elles ont travaillé dur, cotisé pour leurs vieux jours et espéré profiter d’une retraite bien méritée. Mais arrivées à l'AVS, nombre de personnes âgées doivent déchanter. En Suisse, se nourrir, se loger et se soigner coûte de plus en plus cher alors que les prestations sociales sont constamment revues à la baisse. Croulant sous les factures, un ménage de retraités sur six est à la limite de la pauvreté.
L’image de richesse dégagée par la Suisse cache parfois des réalités dérangeantes. La pauvreté des personnes âgées en fait partie. Le phénomène est ignoré par les statistiques officielles, pourtant, selon l’OCDE, l’organisation pour la coopération et le développement économique, la Suisse est un des pays les plus touchés d’Europe. 18% des femmes et des hommes en âge d’AVS répondent aux critères de pauvreté, contre 13%, en moyenne européenne. Est officiellement défini comme pauvre, toute personne n’ayant pas les moyens suffisants pour couvrir ses besoins vitaux, à savoir; se nourrir, se loger, se soigner.
En Suisse, c’est dans la tranche d’âge des plus de soixante ans que les revenus et les fortunes sont les plus inégalement répartis. Celles et ceux qui avaient du mal à joindre les deux bouts durant leur vie active n’ont guère de chance de voir leur situation s’améliorer à la retraite. A l’origine, l’assurance vieillesse et survivant devait permettre de se retirer de la vie active tout en gardant une indépendance financière. Dans les faits, il n’a jamais été possible de vivre d’une rente AVS seule et de nombreux retraités doivent être soutenus par des prestations complémentaires.
Les plus touchées par la pauvreté sont souvent les femmes, seules ou divorcées, ayant connu des carrières en dent de scie pour avoir élevé leurs enfants. Mais il y a aussi, ceux qui ont connu le chômage et mangé leur capital avant la retraite, les aînés qui doivent affronter des coûts de santé croissants ou les étrangers ayant peu cotisé. Temps présent a rencontré ceux qui restent en marge de la prospérité…
Générique
Un reportage d'Eric Bellot et Jean-Daniel Bohnenblust
En plus...
Prix du lait: Oh la vache !
L’agriculture suisse n’arrête pas de se voir réorganisée . Aujourd’hui ce sont les producteurs de lait qui se plaignent. La majorité d’entre eux sont devenus des entrepreneurs dynamiques qui produisent d’importantes quantités de lait payées au prix du marché . Lorsque le prix ne correspond plus aux frais de productions, soit on vend ses vaches soit on se demande quand il faudra arrêter le métier.
Aujourd’hui en Suisse, la plupart des paysans sont devenus des entrepreneurs dynamiques qui ne voudraient compter que sur leurs forces de production pour être respecté.
Ils ne veulent pas passer pour des assistés qui ne vivraient que grâce aux subventions.
Mais les lois du marché sont dures et les producteurs de lait en font l’expérience.
Avec un prix de 55 ct au litre, ceux-ci perdent de l’argent . Ils le disent tous .
Du coup, en Suisse, certains paysans vendent leurs vaches, ils ne croient plus à une amélioration sur les prix.. Temps présent a mené l’enquête auprès de cinq d’entre eux et le constat est amer. Certains sont proches de l’asphyxie financière.
La majorité accusent la politique imposée par Berne , les marges des distributeurs et le pragmatisme des grandes centrales laitières.
C’est simple. Ceux-ci répondent en invoquant les nécessités d’un marché mondialisé.
C’est surtout dramatique.
Les paysans ne comprennent pas ce qui leur arrive, organisent une grève l’année passée ou jettent du lait sur un champ avant l’été. Mais rien n’y fait.
Seuls les consommateurs semblent comprendre la situation des paysans et seraient
prêts à payer le lait plus cher s’il s’agit de sauver l’agriculture suisse.
N’oublions pas que la Suisse vend un paysage modelé par l’activité agricole.
Est-on prêt à sacrifier cette image ?
Générique
Un reportage de Jean-Bernard MENOUD