On les voit traîner au centre de nos villes, ils font peur, ils incarnent la déchéance et la misère humaine. Mais qui sont vraiment les toxicomanes? Comment en sont-ils arrivés là? Et qui les soignent, s’en occupent ? Une équipe de Temps Présent a suivi le travail du service de psychiatrie communautaire du CHUV à Lausanne, qui travaille à leurs côtés pour essayer, un jour, de permettre à ces hommes et à ces femmes de retrouver leur humanité.
« Les toxs, on n'aime pas ! » C'est une population qui fait peur à tout le monde, qui indigne ou fait pitié (dans le meilleur des cas) mais ne laisse personne indifférent; une population dont personne ne veut et qui fait tache. Dans le canton de Vaud, il y a environ 2000 personnes sous traitement de substitution, 500 sont traitées par le centre Saint-Martin à Lausanne, les autres chez des médecins particuliers. Les Lausannois voient une partie de l'iceberg à la Riponne. Qui les soigne et comment? Le centre Saint-Martin de Lausanne – et plus précisément, le Service de psychiatrie communautaire du CHUV, spécialisé en addictologie.
Pourquoi la psychiatrie ? Parce que voilà la petite révolution dans le traitement de ces personnes vulnérables et fragiles: l'addiction ce n'est pas de la paresse ou de la faiblesse d'esprit comme on l'a toujours cru, mais un vrai trouble du comportement 85% des patients ont vécu des traumatismes graves : viols, violences, prostitution, dépression, dépendance, schizophrénie, etc… Alors, exit les sevrages à sec avec leurs 95% de rechute... Médecins, infirmiers, assistants sociaux accueillent ces patients à Saint-Martin. Ils viennent y chercher un traitement de substitution - la méthadone - et petit à petit remettent le pied à l'étrier, modestement, avec des rechutes, mais ils reviennent.
Notre équipe est restée trois semaines dans cet endroit très particulier où les dérives les plus sordides côtoient les réussites étonnantes, les désespoirs profonds, les petites victoires sur le produit... Elle a rencontré des gens écorchés certes, mais avec une belle humanité, loin des clichés véhiculés habituellement. Glisser, tomber, chuter, ce n'est pas réservé à cette partie infime de la population. Un autre regard sur ces personnes: sans jugement.
Rediffusion le vendredi 21 juin 2013 à 1h55 et le lundi 24 juin 2013 à 16h10 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Sabine Kennel et Raphaël Sibilla
Image : Walter Hug Son : Blaise Gabioud Montage : Jean-Michel Laubli