Et si les trains suisses n'étaient pas si sûrs que cela ? Un père se bat contre les CFF depuis deux ans, car en 2013, son fils est mort aux commandes de son train dans une collision frontale à Granges-Marnand (VD). Pour les autorités, c'est la faute du mécanicien survivant qui arrivait en sens inverse après avoir grillé un feu rouge. Le papa reconnaît l'erreur humaine, mais il met en cause la sécurité de la ligne et a déposé plainte contre les CFF fin 2014. Enquête sur le système de sécurité d'un réseau ferroviaire particulièrement sollicité. Quand on est mal parti dans la vie, comment est-ce qu'on s'en sort ? Décrochage scolaire, conflits familiaux, problèmes de comportement : on connaît le mauvais cocktail qui conduit certains adolescents à la rupture. Mais que deviennent ces ados à problèmes en grandissant ? Un foyer valaisan, la Fontanelle, a été amené à reprendre contact avec des « anciens ». Temps Présent s'est associé à la démarche. Témoignages.
Accidents de train, les CFF passent au rouge - A treize ans, ma vie était foutue
Accidents de train, les CFF passent au rouge
Et si les trains suisses n’étaient pas si sûrs que cela ? Un père se bat contre les CFF depuis deux ans. En 2013, son fils est mort aux commandes de son train dans une collision frontale à Granges-Marnand (VD). Pour les autorités, c'est la faute du mécanicien survivant qui arrivait en sens inverse, après avoir grillé un feu rouge. Le père de la victime reconnaît l'erreur humaine, mais il met en cause la sécurité de la ligne. Il a déposé plainte contre les CFF fin 2014. Enquête sur le système de sécurité d’un réseau ferroviaire particulièrement sollicité.
Dans l'histoire des chemins de fer suisses, il y a désormais un avant et un après le 29 juillet 2013 C’est en effet le jour de la collision frontale entre deux trains à Granges-Marnand (VD), qui a fait un mort, un jeune conducteur CFF, et 26 blessés. Sur la base du rapport technique du Bureau fédéral d’enquête sur les accidents ferroviaires, la justice vaudoise a rapidement privilégié l'erreur humaine, celle du mécanicien survivant qui arrivait en sens inverse après avoir grillé un feu rouge. Il est accusé d'homicide par négligence.
Le père du défunt n'est pas de cet avis. Il prend acte de l'erreur humaine, mais elle n'explique pas tout. Selon lui, les CFF pourraient partager une part de responsabilité. Pour preuve : ce même rapport du Bureau fédéral soulève des questions auxquelles la justice ne répond pas. Pourquoi le système de sécurité de cette petite ligne était obsolète à l'époque des faits, demande-t-il. Pourquoi rien ne pouvait empêcher le choc mortel, une fois le feu rouge grillé ?
Le père et ses proches ont décidé de déposer une plainte pénale contre les CFF en décembre 2014. "On en veut à personne, justifie-t-il. On veut juste que la sécurité du réseau ferroviaire soit assurée". Le procureur vaudois peut encore rejeter cette plainte. Dans tous les cas, le père jure qu'il se battra jusqu'au bout. Parce que selon lui, il le doit avant tout à son fils et à tous ses collègues conducteurs.
Rediffusion le vendredi 13 mars 2015 à 1h10 et 10h35, puis le lundi 16 mars 2015 à 15h45 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Dominique Botti et Florence Fernex
Image: Alain Pentucci Son: Philippe Combes Montage: Cyril Moulin
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A treize ans, ma vie était foutue
Quand on est mal parti dans la vie, comment peut-on s’en sortir? Décrochage scolaire, conflits familiaux, problèmes de comportement: on connaît le mauvais cocktail qui conduit certains adolescents à la rupture. Mais que deviennent ces ados à problèmes en grandissant? Un foyer valaisan, la Fontanelle, a été amené à reprendre contact avec des "anciens". Temps Présent s’est associé à la démarche. Témoignages.
La Fontanelle accueille des jeunes en rupture depuis 1987. En 2014, le foyer estime que son site Internet a besoin d’un rajeunissement. Il décide de réaliser un film de présentation sur la base de photos et de vidéos rassemblées au cours des années, mais aussi en demandant à un certain nombre d’anciens pensionnaires de raconter ce qu’ils sont devenus.
La démarche est inhabituelle. Un foyer d’accueil n’est pas censé suivre le développement des ados qui lui ont été confiés. Mais l’établissement pratique une éducation particulière, une éducation sportive: marche, grimpe, camping sauvage. Les éducateurs vivent parfois plusieurs semaines, dans des conditions exigeantes, avec les adolescents. Ça crée des liens. Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’entre eux gardent le contact. Du coup, le foyer n’a aucune peine à retrouver des anciens et à réunir des témoignages.
Temps Présent avait réalisé un reportage sur place il y a huit ans. L’émission s’associe aujourd’hui à la démarche du foyer, suivant le parcours de deux jeunes filles, Amélie et Gaelle.
Deux parcours qui avaient très mal commencé. Quand elle avait quatorze ans, Amélie était une jeune fille pleine de violence, surtout envers sa propre mère, qu’elle avait même agressée physiquement. Amélie est aujourd’hui une mère de 23 ans, souriante et réconciliée avec sa famille. Et s’il lui reste un retard scolaire et professionnel à combler, elle a trouvé un équilibre.
Gaelle avait treize ans lorsqu’elle a décroché de l’école. Du jour au lendemain, elle n’avait plus ouvert un bouquin, passant ses soirées à sortir, à fumer et à boire. Aujourd’hui, à 24 ans, elle a surmonté ses démons. C’est une femme indépendante et équilibrée.
Deux témoignages positifs, donc, qui ne rendent sans doute pas compte de toutes les réalités. Mais l’adolescence est l’âge de toutes les surprises. Combien s’en sortent ? Il n’existe pas de statistique sur la question. On estime cependant à la Fontanelle que près de 80% des anciens ont surmonté l’essentiel de leurs problèmes.
Rediffusion le vendredi 13 mars 2015 à 1h10 et 10h35, puis le lundi 16 mars 2015 à 15h45 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Jacques De Charrière et Vania Paratte
Image: Virginie Mivelaz Son: Christophe Jaquier Montage: Monique Preiswerk