"Trou noir", "stress post-traumatique", une souffrance immense, sous-estimée. En cas de divorce, les pères, eux aussi, ont des droits. Car la justice impose le plus souvent au couple que le père puisse voir son ou ses enfants. Mais il arrive que par vengeance ou par chantage, l’ex-épouse bafoue impunément la décision des tribunaux. Enlèvement, fuite à l’étranger, non présentation de l’enfant, insoumission, les autorités sont aujourd’hui désemparées et incapable de rendre justice aux pères, en prise avec ces mères "hors la loi".
Chaque année en Suisse, près de 1000 enfants sont privés de tout contact avec leur père suite à une séparation, soit 7% des 13’000 enfants du divorce selon les résultats du Pôle National de Recherche "enfance et jeunesse en Suisse". Pour beaucoup de ces pères, cet éloignement n’est pas leur décision. Ils rêvent de voir, de revoir leurs enfants, de s’impliquer dans leur éducation. Malheureusement la mère les en empêche.
"Je ne vais pas vous cacher que j’ai fait deux mois de dépression. On se sent mal, c’est inexplicable. C’est vraiment grâce au soutien de la famille et des amis qu’on évite de péter un plomb." Stéphane Perez par exemple ne voit plus sa fille Maya depuis 2 ans. Lorsque son couple s’est brisé, son ex-compagne a rapidement coupé tout contact. Et malgré une décision du Tribunal Fédéral, elle refuse à Stéphane son droit de voir Maya chaque dimanche.
"En tant qu’avocat, on a une grande désillusion. On a des valeurs. On pense que le droit doit régler des problèmes, mais finalement ce n’est pas le cas.", dit Philippe Kitsos, avocat à la Chaux de Fond. Depuis 2 ans, il ne voit plus sa fille Olympia, partie avec sa mère en Espagne. Juridiquement, ce départ est considéré comme "déraisonnable" et "inadmissible". La garde a de surcroît été attribuée au père, mais l’enfant n’est toujours pas de retour en Suisse. La cause dérange: une mère de famille jouit encore aujourd’hui d’une réelle impunité. Les jugements sont rarement respectés.
Générique
Un reportage de Pascal Magnin et Christophe Ungar
Image : Hughes Firmann Son : Benedikt Früttiger Montage : Christine Hoffet