La Suisse fait partie des mauvais élèves européens en matière de don d’organes. L’année dernière, 75 patients sont décédés, faute d’avoir pu être greffés à temps. Pire, le nombre de donneurs a même baissé, alors que l’Espagne, le Portugal ou la Croatie affichent jusqu’à trois fois plus de donneurs. Comment expliquer ce phénomène? Les Suisses seraient-ils sans coeur? La réponse est bien plus complexe.
Aujourd’hui en Suisse, 1500 patients attendent d’être greffés. C’est le double d’il y a 10 ans. Pour mieux comprendre cette situation, Temps Présent donne la parole à ceux qui côtoient la mort au quotidien: les infirmiers et médecins des soins intensifs. Ce sont eux qui sont chargés d’aborder les proches des patients en cas de mort cérébrale. Aujourd’hui à Genève, une équipe spécialisée a été mise sur pied, afin de gérer au mieux ces situations délicates. Temps Présent a pu exceptionnellement suivre leur activité quotidienne et les séances de préparation organisées avec des comédiens.
Nous avons également pu rencontrer ces familles qui au pire moment de leur vie, ayant perdu leur enfant, ont choisi de donner une partie du corps de l’être aimé pour aider un ou une inconnue à vivre. Des témoignages rares et précieux.
La Suisse connaît le système du consentement explicite. Pour qu’un organe soit prélevé, il faut y avoir consenti de son vivant, généralement via une carte de donneur. 90 % des Suisses se disent favorables au don, mais trop peu en parlent ou possèdent une carte de donneur. Résultat, la question du don d’organes repose la plupart du temps sur les épaules des familles. Par peur de mal faire ou par ignorance du souhait du défunt, plus de la moitié d’entre elles refusent le don lorsque la question se pose. Un drame pour les patients en attente de greffe, car l’attente sur liste est souvent longue et incertaine.
Comment expliquer alors que L’Espagne, la Croatie ou encore le Portugal affichent trois fois plus de donneurs que chez nous? Temps Présent a enquêté en Belgique pour mieux comprendre. Là-bas, comme dans beaucoup de pays européens, c’est un autre système légal qui fait foi: chaque citoyen est considéré comme donneur potentiel, sauf s’il a manifesté son opposition en s’inscrivant sur un registre national.
Un système facilitateur, comme a pu le montrer notre enquête, mais qui n’est qu’un des multiples éléments qui expliquent ces bons résultats. Les campagnes d’information y sont aussi omniprésentes depuis des années, alors que la Suisse s’est longtemps montrée frileuse en la matière.
Rediffusion le vendredi 2 juin 2017 à 10h30 et le lundi 5 juin 2017 à 16h sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Christian Fargues et Valérie Teuscher
Image : Karim Amin Son : Benedikt Früttiger Montage : Emmanuelle Eraers