Elles s’appellent Aicha, Omayma ou Fatou, elles vivent en Suisse et témoignent avec dignité et courage contre l’excision. Grâce à elles et à toutes celles qui ont accepté de briser le silence immense qui entoure cette coutume ancestrale, nous avons pu enquêter sur l’urgence d’agir… chez nous aussi. Car on l’imagine avec peine mais cette pratique atroce traverse les frontières. En Suisse comme en Europe, des fillettes courent le risque d’être excisées.
Malgré des dizaines d’années de campagne pour abolir cette tradition ancestrale, il y a encore 200 millions de femmes excisées dans le monde. Un chiffre vertigineux et probablement sous-estimés. L’OMS a découvert dernièrement de nouveaux pays ou régions où se pratique cette atroce mutilation qui consiste à couper à vif les organes génitaux des filles.
Pourquoi s’en préoccuper en Suisse ? Notre enquête révèle que cette terrible coutume traverse les frontières. L’importante migration ces dernières années en provenance de l’Erythrée, de la Somalie et du Soudan exige des actions coordonnées au lieu du cas par cas. Il faut mieux former à l’accompagnement des femmes qui souvent souffrent de séquelles physiques et psychologiques.
Mais il faut aussi agir pour prévenir. L’interdiction de l’excision ne suffit pas, il faut contrer le poids d’une tradition enracinée dans les familles, convaincues de condamner la fillette à une mort sociale s’ils ne la pratiquent pas. L’exemple de la France le démontre : des filières de l’excision sont apparues dans l’Hexagone, il y a eu des procès retentissants qui ont servi la prévention et permis de mettre en place un réseau d’alerte et de suivi des situations à risque. En Suisse, parfois par méconnaissance, parfois par peur de stigmatiser, on en est loin. Aujourd’hui, chez nous, on n’est pas sûr que les fillettes issues de ces communautés soient toutes hors de danger.
Rediffusion le vendredi 10 novembre 2017 à 11h20 et le lundi 13 novembre 2017 à 16h10 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage d'Isabelle Ducret
Image : Patrice Cologne Son : Beat Lambert Montage : Robert Mabillard