Cent ans de reflet de la scène musicale à son meilleur niveau
Le partenariat qui lie l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) à la RTS est historique. Il remonte de fait à la création de la radio en 1922. Cent ans, un siècle ! Ensemble, nous faisons rayonner la musique classique en Suisse romande, et bien au-delà, notamment grâce l’Union européenne de radio-télévision (UER), qui propose les concerts captés par la RTS à plus de 60 chaînes radiophoniques européennes.
Flashback. Le 26 octobre 1922, sur les hauts de Lausanne, Roland Pièce installe un émetteur capable de transmettre des informations météo aux avions qui relient Paris à La Blécherette. Et en profite pour diffuser aussi de la musique. Cent ans plus tard, en 2022, la radio continue de faire vibrer les ondes quotidiennement auprès des 732'000 personnes qui écoutent chaque semaine nos quatre chaînes.
Aujourd’hui, qu’est-ce que le public retire de cette collaboration entre son service public audiovisuel et l’OSR ? Alexandre Barrelet, chef adjoint de l’Unité Culture de la RTS et chef d'antenne d'Espace 2 nous répond.
Comment décririez-vous la collaboration historique et actuelle entre la RTS et l’OSR ?
La situation actuelle n’a pas fondamentalement changé depuis que, dans les années 30, Ernest Ansermet a souhaité assurer une pérennité et une plus grande stabilité à l’OSR, en demandant au service public (la radio seule à l’époque) d’être un partenaire institutionnel en s’engageant sur le long terme. Dès lors, par une convention forfaitaire régulièrement renouvelée en fonction des besoins de la RTS et des usages de nos publics, nous pouvons enregistrer l’ensemble des concerts de l’OSR, les diffuser très largement en Suisse et en Europe. Cette relation a un coût mais elle permet un usage extensif des enregistrements que nous réalisons. Nous constituons ainsi un archivage vivant et exploitable de l’ensemble de l’activité de l’orchestre, que nous diffusons d’ailleurs largement durant les après-midis d’Espace 2.
En termes de captations réalisées, combien de concerts par année cela représente-il ?
Nous enregistrons et diffusons une large partie des concerts d’abonnement de l’OSR, soit une vingtaine de concerts par année, l’essentiel en audio mais nous réalisons au minimum un enregistrement audiovisuel, souvent en coproduction avec Arte. De plus, l’OSR est aussi au service du Grand Théâtre de Genève et d’autres institutions. Cela représente en moyenne dix enregistrements supplémentaires chaque année, réalisés par la RTS.
Qu’est-ce que le public retire de ce partenariat selon vous ?
Tout d’abord un vrai suivi de l’activité de l’orchestre « romand » pour toutes celles et ceux qui n’ont pas forcément la possibilité de rejoindre le Victoria Hall de Genève. L’OSR fait appel à des musiciennes et musiciens consacré.es à l’international, c’est aussi un reflet de la scène musicale à son meilleur niveau que nous proposons à notre public. Si l’expérience en temps réel dans la salle de concert reste incomparable, la pandémie nous a également montré à quel point le relais de cette activité via nos micros et caméras était essentiel. Nous avons pu réellement assurer une interaction entre l’orchestre et son public lorsque les salles n’étaient plus accessibles. Notre public nous l’a largement signifié.
Qu’est-ce que cela apporte aux musiciennes et musiciens suisses et internationaux ?
Tout d’abord un défi supplémentaire : un direct radio n’est jamais anodin pour un musicien, même au plus haut niveau. Ensuite, je dirais que notre activité participe au rayonnement de l’orchestre et de ses invités. L’OSR organise régulièrement des tournées pour se mesurer à la scène internationale mais nous réalisons virtuellement cette tournée de nombreuses fois dans l’année : en tant que membre de l’UER, nous pouvons offrir les concerts de l’OSR à plus de 60 services publics en Europe et au-delà. C’est donc un public démultiplié et international que rencontrent les musiciennes et musiciens de l’OSR, en étant de fait mis au niveau des plus grands orchestres européens.
Savoir-faire : qu’apporte la RTS en termes de compétences et d’infrastructures de captation ?
Nous avons la chance de pouvoir compter sur d‘excellentes compétences en termes de production musicale et d’ingénierie sonore au sein de la RTS. Là aussi, nous ne souffrons pas de la comparaison internationale, bien au contraire. Mais la compétence ne suffit pas : une captation pour la radio ou la télévision ce sont aussi des prises de décision rapides, des arbitrages à réaliser sur le vif, des enregistrements à livrer en direct ou avec des postproductions très courtes. C’est un processus très particulier : presque le contraire de la fabrication d’un disque, qui permet de reprendre tout ce qui n’est pas parfait. On doit livrer le meilleur produit mais on n’a pas le droit à l’erreur.