"Ondes de choc", quatre films destinés à la télévision par quatre cinéastes suisses. Quatre voyages, dont le point de départ est un fait divers réel survenu en Suisse, et dont la ligne d’arrivée se confond avec celle de l’imaginaire. Pour "Prénom: Mathieu", Lionel Baier s'est inspiré de l'histoire vraie d'une victime du sadique de Romont. A voir sur RTS Un le 25 avril 2018 à 20h10.
"Prénom: Mathieu", un film de la collection "Ondes de choc" réalisé par Lionel Baier
Le synopsis
Inspiré de l'affaire du sadique de Romont
Dans les années 1980, Mathieu, 17 ans, est le seul rescapé d’un tueur en série qui défraye la chronique. Blessé, traumatisé, il essaie de reprendre pied dans la vie de sa famille et de son village. Malgré la bienveillance des uns et des autres, le quotidien de Mathieu ne retrouve pas la douceur d’avant. Grâce à une incroyable mémoire photographique, et l’aide d’un policier intuitif, l’adolescent va réussir à réaliser le portrait robot de l’agresseur, ce qui va mener à son arrestation. Mais pour Mathieu, rien n’est fini…
Soirée spéciale
Le débat d'Infrarouge
Dans les archives de la RTS
Retour sur l'affaire du sadique de Romont
Tout le monde se souvient de lui comme le sadique de Romont. Michel Peiry reste le plus grand tueur en série que la Suisse ait connu. Dans les années 80, il a avoué pas moins de 11 meurtres ou tentatives de meurtre de jeunes auto-stoppeurs qu'il a violés, torturés et brûlés.
Lorsque Michel Peiry est arrêté, c'est un choc pour ses proches. Nul ne s'imaginait que derrière le bon camarade et le spéléologue dévoué se cachait un prédateur sexuel, un tueur. Comment est-il devenu le sadique de Romont?
La note d'intention de Lionel Baier
"Je suis à la fois ce jeune homme et la menace qui le possède"
L’action se déroule en 1986 à Yvonand, sur la rive sud du lac de Neuchâtel. J’y ai passé mon enfance, bercé par le ronronnement irrégulier du lecteur VHS de mes parents. Le lot premier du cinéphile se constitue généralement de comédies populaires, des films aves De Funès ou Jerry Lewis, ceux que les parents enregistrent le dimanche soir à la télé afin d’en autoriser la vision, sous condition de résultats scolaires probants, le week-end suivant. Par esprit libéral, ou par pure inconscience, les miens étaient peu regardants sur ce que je faisais ingérer au magnétoscope familial. Les cassettes JVC de 240 minutes permettaient la vision successive d’au moins deux longs métrages enregistrés le samedi soir lors de la séance du "film de minuit".
A 10 ans, en 1986 donc, ma vidéothèque personnelle pouvait s'enorgueillir de compter "Massacre à la tronçonneuse", "Amityville la maison du diable", "Les Dents de la mer" ou "Cujo" parmi les bandes les plus usées par les visionnements successifs. Pour filmer l’extraordinaire, il faut d’abord s’astreindre à décrire le réel avec beaucoup de minutie. Les films de Carpenter, Spielberg ou Dante sont des documentaires formidables sur la vie américaine à la fin du siècle dernier. Ils m’aidèrent à soulever l’incroyable cloche d’ennui qui semblait recouvrir la Suisse. Mon imagination activait dans le quotidien d’Yvonand la menace sourde du tueur d’"Halloween" ou des pouvoirs destructeurs de "Carrie". Les vestiaires de la salle de sport du Collège en Brit n’étaient pas si différents de ceux des "Griffes de la nuit 2: La revanche de Freddy".
Lorsqu’il fallut trouver une localité pour tourner "Prénom: Mathieu", je choisis immédiatement le village de mon enfance. Bien que le film ne réponde pas au genre fantastique, il lui emprunte cette tension entre réalisme et surnaturel. Le prénommé Mathieu a été violé, torturé et laissé pour mort par un des plus célèbres tueurs en série que la Suisse ait connu. De retour à la maison, il essaie de reprendre sa vie là où elle a été détournée. Mais une fois que l’horreur absolue a pénétré votre intimité, elle s’y sédentarise avec l’aisance d’un squatteur genevois. Mon film raconte cette colocation forcée. Dans les décors réalistes de mon village, investis de la fiction qu’a été mon enfance. Je suis à la fois ce jeune homme et la menace qui le possède. Je fais du mur pistache de ce vestiaire une affaire personnelle.
Le casting
Avec Maxime Gorbatchevsky et Michel Vuillermoz
Avec Maxime Gorbatchevsky, Michel Vuillermoz, Ursina Lardi, Pierre-Isaïe Duc, Mickael Ammann, Adrien Barazzone, Nastassja Tanner
Fiche technique
Un film réalisé par Lionel Baier
Diffusion 25 avril à 20h10 sur RTS Un
Durée 61 minutes
Réalisation Lionel Baier
Scénario Julien Bouissoux et Lionel Baier
Image Patrick Lindenmaier
Montage Pauline Gaillard
Son Marc Von Stürler, Etienne Curchod
Musique Christian Garcia
Décors Anne-Carmen Vuilleumier
Costumes Samantha François
Une coproduction RTS, Bande à part et Arte
Avec la participation de Cinéforom, TPF-FPT, l'OFC, EBU TV et TV5 Monde
Une coproduction BANDE À PART FILMS, RTS RADIO TÉLÉVISION SUISSE, SRG SSR, ARTE G.E.I.E.
Avec la participation de FONDS DE PRODUCTION TÉLÉVISUELLE (TPF-FPT), CINÉFOROM et le soutien de la LOTERIE ROMANDE, L’OFFICE FÉDÉRAL DE LA CULTURE (OFC) / MEDIA DESK SUISSE, EBU TV DEVELOPMENT FUND, TV5 MONDE
Brève biographie de Lionel Baier
"Les Grandes Ondes (à l'Ouest)", "La Vanité"
Né à Lausanne en 1975 dans une famille suisse d’origine polonaise, Lionel Baier programme et cogère le Cinéma Rex à Aubonne dès 1992, avant d’étudier à la Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne (1995-1999).
Après les documentaires "Celui au pasteur" et "La Parade (notre histoire)", il signe en 2004 son premier long métrage de fiction, "Garçon stupide". Suivront "Comme des voleurs (à l’Est)" – premier volet d’une tétralogie qu’il poursuit avec "Les Grandes Ondes (à l’Ouest)" – puis "Un autre homme" ou encore "La Vanité", dans une filmographie où s’alternent fictions et documentaires de formats divers.
Responsable du Département cinéma de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL) depuis 2002, il a fondé Bande à part Films en 2009 avec les cinéastes Ursula Meier, Frédéric Mermoud et Jean-Stéphane Bron. Lionel Baier est également vice-président du Conseil de fondation de la Cinémathèque suisse.
À découvrir
"Sirius", "Le journal de ma tête" et "La Vallée"
Pour en savoir plus sur les trois autres films de la collection "Ondes de choc", lire "Ondes de choc", une collection de quatre films inspirés par des faits divers survenus en Suisse