Moins contagieux qu’une grippe, mais bien plus mortel. Le virus Ebola ne se transmet que par contact avec des fluides corporels, comme le sang, la sueur, les vomissures, le sperme ou encore les larmes. Une fois contractée, la maladie se manifeste par une brusque montée de fièvre, des douleurs musculaires, une fatigue extrême et parfois des hémorragies. Au final, entre 50 et 70% des personnes atteintes décèdent.
Le virus apparaît pour la première fois en 1976, près de la rivière Ebola qui lui donnera son nom. Depuis un an, la République Démocratique du Congo (RDC) fait face à sa 10e et plus grave épidémie. Sur 3054 cas recensés le 4 septembre 2019, 2052 personnes sont décédées.
Il s’agit de la 2ème épidémie d’Ebola la plus mortelle après celle de 2013-2016, qui avait fait plus de 11'000 victimes en Afrique de l’Ouest.
Le fléau de trop
Ebola n’est pas la seule maladie à sévir actuellement en RDC. La malaria y frappe plus qu'ailleurs, avec 48’000 décès en 2017. Cette année, la rougeole a déjà tué plus de 1500 personnes et le choléra est endémique. Ajoutez à cela, un système de santé défaillant, un manque d’accès à l’eau potable, la malnutrition et une mortalité infantile élevée : l’enjeu sanitaire est de taille.
Et il est d’autant plus dans la province du Nord-Kivu, minée par des conflits depuis près de 25 ans. Cette région pourtant riche en minerais, qui concentre plus de 6 millions d’habitants sur une surface une fois et demie comme la Suisse, est considérée comme « maudite ». Des milices armées y commettent les pires exactions et limitent l’accès aux soins à la population.
On a vu - les enterrements dignes et sécurisés
Silence religieux. La beauté de cette clairière contraste avec l’ambiance lourde de ce cimetière. Deux jumeaux viennent de mourir à la naissance.
La famille des défunts a donné son accord et nous accepte en tant que journalistes, pour assister à une cérémonie particulière, organisée par la Croix-Rouge congolaise. L’Organisation humanitaire pratique ici à Béni des EDS, des Enterrements Dignes et Sécurisés.
Parce que c’est au moment de la mort qu’un corps est le plus contagieux. En RDC, les rites funéraires traditionnels consistent pour la famille à laver et préparer le défunt elle-même, avec un risque d’exposition maximal au virus Ebola.
La Croix-Rouge leur propose une alternative : elle prend en charge ces funérailles, et sécurise les corps pour éviter la propagation. Par conséquent, elle demande à la famille de ne pas toucher les défunts.
Ces funérailles sécurisées sont sensibles puisqu’elles modifient les coutumes locales. Sur la route qui nous menait au cimetière, notre convoi a été copieusement insulté.
Dans une région imprégnée par les croyances et la sorcellerie, ces résistances communautaires se fondent notamment sur l’idée d’un virus Ebola "inventé par le pouvoir central et par les Blancs ".