Une étude menée par Nenad Stojanović et Lea Portmann démontre que les électeurs et électrices votent moins pour des candidats et candidates dont le nom de famille n'est pas typiquement helvétique. Les deux chercheurs ont analysé 600'000 bulletins de vote de l'élection au Conseil national de 2015. Ceux-ci contiennent des informations détaillées sur le nombre de fois qu'un candidat a été biffé ou ajouté à une liste de parti. Les résultats montrent que les personnes qui ont un nom de famille étranger sont doublement discriminées.
D'une part, elles sont plus souvent retirées des listes de parti, ce qui indique une dévalorisation des candidats "étrangers". Le phénomène est appelé "Outgroup Hostility" et est plus présent parmi les électeurs de droite.
D'autre part, les électeurs cumulent plus souvent le nom des candidats "suisses". Ils préfèrent ces candidats et leur fournissent un avantage, notent les auteurs de l'étude. Cette forme de discrimination appelée "Ingroup Favoritism" est perceptible dans les partis de droite et du centre, selon ces travaux publiés dans la revue Comparative Political Studies.
Le rôle des partis
Les partis peuvent contrer cette double discrimination grâce aux listes, selon les auteurs de l'étude. Ils estiment que mettre les candidats avec un nom à consonance étrangère plus haut dans leurs listes permettrait de neutraliser leur handicap.
Dans une précédente étude réalisée après les élections de 2015, Nenad Stojanović avait montré que la part des parlementaires issus d'un contexte migratoire s'élevait à 5,5% au Conseil national et 6,5% au Conseil des Etats. Un travail également mené sur la base des noms de famille.
Or, la part de la population adulte en Suisse issue d'un contexte migratoire atteint près de 38%, selon l'Office fédéral de la statistique. Un peu plus d'un tiers (13%) sont naturalisés et disposent de l'entièreté des droits politiques.
ats/aps