"Il y avait un danger d'attentat contre la synagogue de Hagen", dans l'ouest du pays, a confirmé Herbert Reul, le ministre de l'Intérieur de la région de Rhénanie du Nord-Westphalie, saluant l'action des forces de police qui l'ont "probablement empêché". Pour lui, il ne fait guère de doute que cette menace était "motivée par l'islamisme".
"Il semble qu'avant le début de Yom Kippour, un attentat à motivation islamiste ait pu être évité", a confirmé peu après Armin Laschet, candidat conservateur à la succession de la chancelière Angela Merkel aux élections du 26 septembre et ministre-président de la région.
Mercredi soir, la célébration de Yom Kippour dans cette synagogue de Hagen, une ville de 180'000 personnes située dans l'ancien bassin industriel de la Ruhr, avait été brusquement annulée. Yom Kippour, le jour du Grand Pardon, est la principale fête religieuse juive: plusieurs offices ont lieu dans les synagogues ce jour-là.
La police avait déployé autour du bâtiment religieux plusieurs hommes lourdement armés et des chiens pour trouver d'éventuels explosifs. Aucune bombe n'a cependant été découverte dans ou à proximité des lieux, a indiqué jeudi matin la police locale.
L'accès aux rues autour de la synagogue avait aussi été bloqué en lien avec "une possible situation dangereuse en relation avec une institution juive", la synagogue de Hagen, selon la police.
Un adolescent arrêté
L'enquête, ouverte pour un soupçon de "préparation d'un acte de violence grave mettant en danger l'Etat", a notamment "conduit à l'identification et à l'arrestation d'un jeune homme de 16 ans, originaire de Hagen", a annoncé la police locale jeudi en fin de matinée.
Le jeune homme de 16 ans est un Syrien qui vivait à Hagen, a confirmé le ministre. Il a été interpellé jeudi matin à la gare de la ville, trois de ses proches étant aussi arrêtés à leur domicile, selon les médias locaux.
Les autorités allemandes ont été alertées par un service de renseignement étranger, selon plusieurs médias. Le jeune Syrien aurait annoncé un attentat imminent sur un forum de discussions surveillé par ce service.
L'attaque était susceptible d'être menée mercredi soir à l'aide d'explosifs artisanaux, selon les médias.
Double menace
Cette affaire intervient près de deux ans après une attaque menée contre la synagogue de Halle (est), là aussi durant Yom Kippour.
L'auteur, un extrémiste de droite, avait tenté d'entrer, sans y parvenir, dans la synagogue pour y tirer sur les fidèles. Il avait toutefois tué deux personnes dans la rue et dans un snack avant d'être arrêté. Il a depuis été condamné à la prison à vie pour cette attaque.
>> Lire : L'auteur de l'attentat antisémite de Halle est condamné à la perpétuité
L'Allemagne est confrontée ces dernières années à une double menace djihadiste et extrémiste de droite (lire encadré), cette dernière ayant été érigée au rang de risque numéro un, après plusieurs attentats ou attaques déjouées.
"La menace est complexe et provient de différents côtés", de la mouvance djihadiste comme de l'extrême droite, a mis en garde Felix Klein, commissaire du gouvernement à la lutte contre l'antisémitisme.
afp/ami/sjaq
Antisémitisme en hausse
Les crimes et délits antisémites n'ont cessé d'augmenter en Allemagne ces dernières années, avec 2032 infractions enregistrées en 2019, soit 13% de plus que l'année précédente.
Le nombre de crimes commis par des extrémistes de droite a bondi en 2020 à son plus haut niveau depuis l'après Seconde guerre mondiale.
>> Lire : Pour le renseignement allemand, l'extrême droite menace la démocratie
La menace djihadiste reste aussi prégnante, le parti d'extrême droite AfD, entré au parlement en 2017, l'attribuant à l'accueil d'un million de personnes réfugiées en provenance de Syrie et d'Irak en 2015 et 2016. Et selon les services de sécurité, le nombre d'islamistes considérés comme dangereux en Allemagne a fortement augmenté entre 2015 et 2018.
Quelque 23 attentats ont au total été déjoués depuis 2000, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, à l'occasion de la commémoration des attaques du 11-Septembre.